Vous souhaitez devenir ingénieur dans le secteur automobile, chez un constructeur, un équipementier voire en compétition ? Les formations généralistes ne manquent pas. Mais des écoles proposent aussi des cursus dédiés à l’automobile. Notamment l’ESTACA et l’ISAT.

L’une est publique, l’ISAT (Institut Supérieur de l’Automobile et des Transports), l’autre est privée, l’ESTACA (Ecole supérieure de technique aéronautique et de construction automobile). Toutes deux figurent parmi les écoles d’ingénieur automobile les plus réputées en France. Si la première est, dans l’hexagone, la seule école publique d’ingénieurs spécialisée dans les métiers de l’automobile, la seconde, outre l’automobile, propose des formations dans le secteur ferroviaire, spatial et, comme l’ISAT d’ailleurs, l’aéronautique.

On sait bien aujourd’hui que les débouchés et le temps nécessaire à une première embauche figurent parmi les critères de sélection des étudiants. Luis Le Moyne, directeur de l’ISAT, révèle que "70 % des diplômés se tournent vers le secteur automobile des véhicules particuliers alors que 20 % se dirigent vers l’aéronautique et que l'accès à l'emploi se fait en moins de trois mois pour 98 % des recrutements ". Puisqu’il s’agit d’une école publique, même pour les étudiants non boursiers les frais d’inscription restent très contenus, à 600 euros. Le directeur de l’ISAT souligne en outre que "la ville de Nevers est l’une des moins chères de France". Eh oui, l’ISAT se situe à Nevers (58) où l’on retrouve, en plus d’un des circuits automobiles français les plus en vue, un Pôle Performance qui fédère une trentaine d’entreprises et d’établissements de R&D ou d’enseignement supérieur autour de celui-là. Quant à l’entrée en première année à l’ISAT, elle s’effectue via un concours dénommé GEIPI-Polytech pour les bacs S, concours qui regroupe 14 000 candidats… L’ISAT offre quant à elle seulement 90 places. Luis Le Moyne estime que "pour les vœux de rang un, la chance d’être admis à l’école est de une sur cinq". Bien entendu, il est également possible de rentrer en deuxième, en troisième voire en quatrième année selon différentes modalités.

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Public ou privé ?

Changement de décor avec l’ESTACA dont les étudiants se répartissent entre le campus de Paris-Saclay situé à Saint-Quentin-en-Yvelines (78) et le campus Ouest de Laval (53). A l’ESTACA, les frais de scolarité, s’ils restent raisonnables pour une école privée, revêtent une dimension nettement plus conséquente. Ils atteignent en effet 7 650 euros pour l’année 2016-2017. Renaud Roy, adjoint au directeur de la formation de l’ESTACA, nous apprend que  "plus de 50 % des étudiants de la promotion 2016 ont été embauchés par l’entreprise dans laquelle ils ont réalisé leur dernier stage". Quant à la répartition entre les deux sites, "300 étudiants ont été accueilli sur le site de Saint-Quentin-en-Yvelines et 130 sur celui de Laval lors de la dernière rentrée". L’essentiel des admissions (75 %) se fait après le bac via le concours Avenir Commun et une inscription, à l’instar de l’ISAT, sur le portail APB (Admissions Post Bac). Si Renaud Roy se refuse à communiquer une estimation des chances d’être admis il remarque que "l’ESTACA est plutôt une école de vœu de rang un" et avance un chiffre significatif du niveau attendu : "plus de 70 % des admis ont obtenu une mention bien ou très bien au bac". Voilà les éventuels candidats prévenus…

Acquérir une bonne culture de l’automobile

A l’ISAT, le cursus est conçu en deux parties : un premier cycle préparatoire de deux ans est suivi d’un second d’ingénieur de trois ans. "Les étudiants proviennent d’univers différents et n’ont pas forcément tous une bonne connaissance du secteur automobile. Nous introduisons donc de la culture et des pratiques autour de l’automobile sans sacrifier le niveau général en mathématiques ou en physique par exemple", explique Luis Le Moyne. La spécialisation intervient dès le début du second cycle. C’est aussi à ce moment-là que la participation à des projets devient récurrente et régulière : "une journée par semaine est en moyenne consacrée aux projets, note le directeur qui ajoute que, sur trois ans, un étudiant aura passé environ une année en stage et 20 % de son temps dans des projets".

Des stages, des stages et encore des stages !

L’organisation du cursus est quelque peu différente à l’ESTACA, notamment en raison du plus grand nombre de filières proposées. Une initiation aux différentes spécialités est mise en place dès la première année en plus des cours classiques, entre autres de mathématiques, de physique ou de mécanique afin de préparer au choix de la filière qui est arrêté en fin de première année, cela sans numerus clausus. Renaud Roy révèle que "la filière automobile représente à l’heure actuelle environ 30 % des étudiants et que la tendance est d’ailleurs plutôt orientée à la hausse". Les années suivantes sont respectivement dédiées à la connaissance du produit, au besoin fonctionnel (performances, consommation, cycle de vie…), à la technologie.

Dossier photos ingénieurs
Dossier photos ingénieurs

En fin de quatrième année s’opère un choix de spécialisation pour une durée d’enseignement de six mois l’année suivante. Là encore les stages représentent un volume important, 48 semaines sur la totalité du cursus, hors éventuelle année de césure. "En première année, les étudiants effectuent un stage dit d’exécution en juillet et en août. Il s’agit de travaux d’opérateur afin de gagner en empathie avec les personnels réalisant des tâches opérationnelles (ce que l’on appelait souvent autrefois un stage "ouvrier" – ndlr). En deuxième année, un stage soit d’exécution soit de découverte de l’entreprise doit être mené durant quatre semaines. En troisième année, le stage est facultatif mais la plupart des étudiants en font un, souvent en poursuivant des objectifs personnels. En quatrième année, le stage est dit d’assistant ingénieur et dure seize semaines. En dernière année, il est mené sur six mois et est qualifié d’élève ingénieur", explique l’adjoint au directeur de la formation.

Quant aux projets, ils occupent également une place de choix dans le cursus : "outre des projets transversaux dès la deuxième année, des projets associés à une thématique en troisième année, en quatrième année de grands projets annuels qui représentent 200 à 250 heures, proposés par des industriels, sont menés par groupes de cinq à six étudiants avec la possibilité d’un transfert d’une année sur l’autre ", précise Renaud Roy.

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Pas d’école sans recherche

De nos jours, une école n’est rien sans recherche et sans partenaires. De ce point de vue, chacune à sa manière, l’ESTACA et l’ISAT ont des arguments à faire valoir. A l’ESTACA les systèmes embarqués et les matériaux composites (avec pour objectif une réduction de la consommation par une diminution du poids) constituent les deux principaux axes actuels de recherche en matière automobile. Parmi les partenaires, outre les industriels figurent aussi bien des collectivités locales (la région des Pays de la Loire, la CCI de la Mayenne, etc.) que d’autres écoles ou universités (le Coria de l’université de Rouen, l’Aerosol Laboratory de l’université de Californie du Sud aux Etats-Unis, etc.). L’école privée tient aussi à encadrer des projets de recherche destinés à déboucher sur des doctorats : « nous tentons d’avoir quatre à cinq doctorants par an », précise l’adjoint au directeur de la formation.

Concernant l’ISAT, Luis Le Moyne insiste "sur la parfaite identité entre l’école et son laboratoire de recherche et sur une grande interpénétration entre les deux", l’ISAT s’intéressant plus particulièrement aux composites, aux motorisations, au véhicule intelligent ainsi qu’à la vibroacoustique. Des partenariats sont signés avec des entreprises du Pôle Performance de Nevers, des PME de la région et, évidemment, avec de grands groupes, constructeurs ou sous-traitants de premier ordre.

Outre l’ESTACA et l’ISAT, l’IFP School (ex-Institut français du pétrole) peut s’avérer très intéressante pour de jeunes ingénieurs ou des professionnels des secteurs de l’énergie et des transports. Cette école délivre en effet des diplômes d'ingénieurs spécialisés dans l'énergie et les moteurs via des formations d’une année accessible à bac +4/5 avec, pour l’automobile en particulier, des formations Energie et motorisations ou Powertrain Engineering. Quoi qu’il en soit, avant de choisir son école, il ne faut pas hésiter à se renseigner et, si possible, les visiter, notamment à l’occasion de portes ouvertes…

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