On se souvient toujours de l’année 1998 comme celle d’un renouveau français. Paraît-il grâce au football, non pas parce que Lens gagne la Ligue 1, mais pour le triomphe des Bleus lors de la Coupe du monde, à domicile. Pour Citroën, c’est un peu le Titanic côté style. Le film, sorti en 1997, permet à Céline Dion de connaître le succès en début d’année, mais du côté de la marque aux chevrons, l’image de marque novatrice sombre.
La Xsara, sortie en 1997, reste fade dans son dessin, à l’image de celui de la Saxo, et la Xantia, comme la XM, commencent à accuser le poids des années. Aussi, il est temps de réagir. La règle, on commence à la connaître : rien de mieux qu’un concept-car pour annoncer que ça va bouger ! Jean-Pierre Ploué n’arrivera de chez Ford qu’un an plus tard, mais force est de constater que Citroën n’a pas attendu son arrivée pour revoir le style de sa gamme.



Au Salon de Paris, les chevrons annoncent donc leur révolution pour l’an 2000 avec la Citroën C3 Lumière. Premier détail important à noter, celui de l’appellation. Terminées les noms alambiqués avec ou sans X. Pour la nouvelle gamme Citroën, il faudra compter sur un C, suivi d’un chiffre, à l’image de ce qui se faisait avec les Citroën d’avant-guerre.
Bien inspirée
Ensuite, le dessin, s’il n’est pas encore le plus mature, annonce d’ores et déjà la suite des événements, du moins, pour la remplaçante de la Citroën Saxo, qui arrivera avant 2002. La fracture est palpable dans le dessin général de la voiture. Ainsi, ce sont les rondeurs qui marquent dans l’allure de l’auto. Notamment cette ligne de toit, en forme de bulle, accentuée par le pare-brise, lui aussi très arrondi. Une ligne qui semble rebondir avec le capot, lui aussi très arrondi. Mettez-y un peu moins de rondeurs, et la ligne vous rappellera probablement celle d’une autre petite Citroën…
Le capot annonce lui aussi les prochaines orientations de Citroën en matière de dessin. Ainsi la calandre incorpore le dessin des chevrons sur sa partie haute, et se ferme vers le bas, en suivant la forme du capot. Difficile de ne pas y voir la référence : il s’agit d’une calandre inspirée par l’ancêtre 2CV, évidemment remise au goût du jour ! Et comme un reflet, la prise d’air de pare-chocs s’offre, elle, un dessin inversé, répondant à la calandre. Côté phares, ceux-ci se veulent effilés, de forme plutôt triangulaire. On les retrouvera notamment sur la C3 Pluriel, la déclinaison "cabriolet" de la C3, ainsi que sur le monospace C8.
De profil, l’auto est rythmée par ces ailes élargies qui entourent les passages de roues. Ce procédé sera conservé sur la C3 de série, accentuant sa bonne bouille. L’autre détail à retenir, c’est cette ligne de fenêtres. Le dessin plongeant vers l’avant, arrondi, avec cette remontée vers l’arrière, sera la signature des profils Citroën des années 2000 : la C3 I et II, ainsi que la C4 I, et la C5 II en disposeront. Seul détail qui disparaîtra à la série, les portes à antagonisme. Dommage, pourtant, Citroën se montrera encore intéressé par l’idée, notamment avec la C-Metisse de 2006.
La C3 se voulant une lumière pour la suite, l’arrivée de cette dernière n’est pas prise à la légère. Le toit reçoit une ouverture en verre en plusieurs lamelles. Procédé qui ne se concrétisera pas en série, mais la C3 de 2001 pouvait recevoir un toit panoramique. La marque aux chevrons ira d’ailleurs plus loin avec la dérivée Pluriel, qui sera équipée d’un système d’arches démontables.
La lumière avant la révolution
L’arrière, lui aussi, annonce la future C3. On reste, bien sûr, dans les arrondis et les feux triangulaires. Néanmoins, la version de série sera moins perturbée. Les feux démarreront plutôt de la ceinture de caisse, et n’auront pas de reflets géométriques près de la ligne de toit. Le disgracieux rebond au niveau du coffre sera supprimé.





Évidemment, l’intérieur se veut futuriste, avec notamment, ce levier de vitesse surélevé, comme sur l’Évasion, mais qui ne sera pas retenu par la suite. Les sièges, indépendants à l’arrière, seront remplacés par une banquette. Quant à la motorisation, rien de nouveau avec le petit moteur 1,1 litre que l’on retrouve sur les dernières AX et sur les Saxo, associé à une boîte cinq vitesses.
L’accueil de cette C3 Lumière sera positif auprès du public. Une étape importante dans l’objectif de rajeunir la gamme. Un autre dérivé de la C3, le Air Concept, donnera quelques indices sur ce qui sera, plus tard, la Pluriel. Quelques mois plus tard, la marque aux chevrons fera rêver beaucoup de monde avec la très belle C6 Lignage. Ce ne sera pourtant qu’un feu de paille. La nouvelle C5, étudiée avant l’arrivée de Jean-Pierre Ploué souffre d’une ligne déjà vieille lors de sa présentation au Mondial de 2000.
La vraie révolution arrivera par la suite, avec, en point d’orgue, la C4, sortie en 2004. Mais avant d’entamer les grandes réformes, il fallait des idées. En cela, le concept C3 de 1998 a probablement été une Lumière.