Les confidences de Di Montezemolo sur Schumacher
Président de Ferrari de 1991 à 2014, Luca di Montezemolo fut un acteur majeur des succès de la Scuderia pendant cette période et un témoin privilégié des exploits de Michael Schumacher de 1996 à 2006.
Luca di Montezemolo, président de Ferrari, étreint Michael Schumacher
Sutton Motorsport Images
Pour autant, dans les colonnes de Quotidiano Nazionale, ce ne sont pas les cinq titres mondiaux et 72 victoires offertes à Maranello par le Baron Rouge qu'évoque Di Montezemolo, mais bien un aspect plus privé d'un pilote qui a fait débat comme nul autre, avec qui l'Italien confie avoir entretenu une "amitié personnelle".
"Je vais peut-être surprendre, mais la première chose à laquelle je pense au sujet de Schumi ne concerne pas le pilote, mais le père de famille", confie-t-il. "Son deuxième enfant, Mick, était né depuis peu et tous les Schumacher sont venus en vacances chez moi."
"C'était l'été, un temps à moustiques. Eh bien, tous les cinq minutes, Michael allait vérifier si le petit n'avait pas été piqué par les insectes ! Son attention maniaque me frappait. Avec Schumi, on se rendait compte que le plus petit détail était malgré tout essentiel. Mis à part son immense talent au volant, je crois qu'il a laissé une trace dans l'ADN de Ferrari."
Lorsque Michael Schumacher a rejoint la Scuderia en 1996, celle-ci restait sur une longue période de disette : pas de titre mondial depuis 1979. Schumacher a la réputation d'avoir bâti l'écurie autour de lui avec un niveau d'exigence rare, mais aussi de lui avoir donné une cohésion saluée par Di Montezemolo.
"Il était souvent à Maranello pour les tests, qui n'étaient pas limités à l'époque", poursuit le transalpin. "Étant donné qu'il allait tout le temps jouer au foot avec les mécaniciens et ensuite manger une pizza, il n'aimait pas montrer qu'il rentrait tard à l'hôtel. Il m'a donc demandé de pouvoir utiliser l'appartement qu'Enzo Ferrari avait fait construire près de la piste de Fiorano. Nous avons aussi fait installer une salle de gym parce qu'il était obsédé par l'efficacité physique. Nous lui avons donc arrangé un garage pour ses entraînements."
"Je lui faisais confiance, ainsi qu'à Jean Todt [directeur d'équipe], à l'écurie. Surtout, je voyais comment Michael favorisait la progression des jeunes ingénieurs, qui apprenaient de lui, qui prenaient exemple sur lui. Un homme d'équipe à 100%. Il a piloté pour Ferrari de 1996 à 2006. Vous ne trouverez pas une polémique concernant ses rapports avec l'entreprise. Schumi a toujours eu une belle dose d'émotivité, même s'il savait la contrôler – on aurait parfois dit qu'il était méridional."
Les moments où Schumacher a perdu le contrôle, s'ils étaient rares, ont toutefois bel et bien existé. Parmi les meilleurs exemples, l'on se remémore la lutte pour le titre mondial au Grand Prix d'Europe 1997, où le pilote Ferrari a accroché son rival Jacques Villeneuve (sans succès) et a ensuite été disqualifié du championnat, et l'accrochage avec le retardataire David Coulthard au Grand Prix de Belgique 1998, qui a mené à une altercation virulente dans les stands.
Di Montezemolo demeure toutefois persuadé que ces événements ne justifiaient pas les foudres qui se sont parfois abattues sur son pilote de la part des observateurs : "Il était toujours cohérent avec lui-même, même dans les moments de difficulté, qui n'ont pas manqué. Aujourd'hui, on se souvient à juste titre des victoires, mais il a eu besoin de cinq ans pour y parvenir."
"Pendant ce temps, il y a eu des défaites et des polémiques. Au moins par deux fois, en 1997 après la collision avec Villeneuve et en 1998 après l'accident avec Coulthard en Belgique, j'ai reçu une quantité d'invitations à le licencier ! Licencier Schumacher, vous comprenez ? On me disait qu'il ne savait pas contrôler ses émotions, vous pensez ! Imaginez si j'avais donné raison à ces prétendus journalistes d'opinion", conclut-il.
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