Le scandale du Dieselgate serait-il en passe de rattraper Renault ? La question peut légitimement être posée après la publication d'un rapport qui accable le constructeur français au niveau des mesures d'émissions polluantes de deux de ses véhicules, le Captur et la Clio. Soupçonnée d'avoir manipulé ses moteurs afin de réduire les résultats d'émissions d'oxydes d'azote (Nox) lors de ses tests d'homologation, la marque pourrait bien voir le ciel s'assombrir dans les prochaines semaines. 

Renault est sous le coup d'une information judiciaire pour tromperie aggravée depuis 2017 à la suite d'une première constatation de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), et un rapport d'expertise avait été commandé à l'ISAT (Institut Supérieur de l'Automobile et des Transports) afin de confirmer ou d'infirmer les soupçons qui pesaient sur le constructeur au losange.

Lors des premières constatations effectuées il y a deux ans, le moteur homologué Euro 6 présent dans le Captur affichait des émissions de CO2 supérieures de 377 % au seuil réglementaire, tandis que la Clio, aux normes Euro 5, dépassait ce même seuil de 305 %. La présence d'un dispositif frauduleux ayant permis de se conformer aux législations lors des homologations sur banc d'essai a alors été soupçonnée, ce qui a poussé l'ISAT à demander ce rapport.

Les anomalies confirmées par le rapport

Et malheureusement pour le constructeur, les conclusions vont dans le sens d'un dispositif de tricherie, qui modifierait les dispositifs de dépollution afin de s'adapter à la procédure d'homologation, et ne les ferait donc pas fonctionner de manière similaire en conditions réelles. Le rapport confirme que les dispositifs, un piège à Nox et la vanne EGR, cesseraient de fonctionner en dessous et au-dessus de certaines températures. Renault avait expliqué alors que les deux dispositifs n'étaient entièrement opérationnelles qu'entre 17 et 35 degrés, afin de réduire les risques de pannes à long terme. Ceci est entièrement légal, puisqu'il s'agit d'un "dispositif d'invalidation" prévu par les législations européennes.

Mais le souci pour Renault viendrait encore plus du dispositif censé purger les oxydes d'azote qui, selon le rapport, fonctionnerait "avec une fréquence faible sur une large plage de vitesses pratiquées couramment". En d'autres termes, il ne serait pas actif à de nombreuses reprises et pire, il ne réaliserait aucune purge sous 50 km/h. S'il est avéré que la marque a sciemment permis à ses moteurs de réussir les tests d'homologation, les sanctions pourraient être à la hauteur de celles qui se sont abattues sur Volkswagen depuis deux ans. Selon Le Monde, Renault assure pour l'instant qu'"aucun de ses services n’a enfreint les règles européennes ou nationales, relatives à l’homologation des véhicules" et maintient que ses véhicules "ne sont pas équipés de logiciels de fraude aux dispositifs de dépollution".

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