Et si le V12 était en fait un choix raisonnable ? Aujourd'hui, une telle question ne se poserait même plus chez les constructeurs automobiles, tant ce moteur est en incohérence avec les nouvelles normes environnementales. Pourtant, dans les années 90, du côté de chez Mercedes, avoir doté sa Classe S (génération W140) d'un V12 de 6,0 litres de cylindrée était bien un choix raisonnable compte tenu des études qui avaient été faites auparavant.

En effet, selon le média allemand Autobild, Mercedes avait envisagé dans les années 1990 de doter son vaisseau-amiral d'un moteur de 18 cylindres et de 8,0 litres de cylindrée. Un véritable monstre que les ingénieurs imaginaient à l'époque avec trois rangs de six cylindres, positionnés chacun à un angle de 75,5°. Sous ce format, ce moteur n'aurait pas été plus long qu'un six cylindres en ligne.

Bien évidemment, au-delà de cette pièce d'orfèvrerie, Mercedes s'en serait servi comme base pour ses six cylindres puisque les moteurs auraient très bien pu partager des pièces communes avec le W18, ce dernier étant un assemblage de trois six cylindres. Ce 18 cylindres aurait pu donner naissance à l'époque à deux versions différentes de la 800 SEL, un modèle développant 497 chevaux et 750 Nm et un autre, plus puissant, développant 689 chevaux et 800 Nm, ce qui aurait pu faire de la 800 SEL la voiture la plus puissante du monde à l'époque.

Moteur Mercedes W18

Ce moteur n'aura finalement jamais vu le jour, le V12 6,0 litres de l'époque étant jugé plus adapté pour la Classe S, où Mercedes cherchait avant tout un excellent compromis entre confort, performances et douceur. Finalement, la Mercedes Classe S W140 aura eu deux déclinaisons V12, l'une de 394 chevaux et 570 Nm de couple et une seconde de 408 chevaux et 580 Nm.

Le W18, ce n'est pas uniquement l'affaire de Mercedes puisque, dans les années 2000, Bugatti avait aussi envisagé un tel moteur pour deux concepts, notamment l'étude EB 18/4 Veyron qui annonçait le modèle de série éponyme. Finalement, pour sa Veyron de série, Bugatti s'est tourné vers un moteur avec deux cylindres de moins et quatre turbos, de quoi dépasser la barre des 1000 chevaux.

Encore aujourd'hui, la Bugatti Chiron est équipée d'un W16. Rares sont encore les modèles à être équipés d'une telle architecture moteur. L'architecture en W équipe encore quelques modèles ultra-luxueux du groupe Volkswagen comme les dernières Bentley Continental GT et Bentayga. Même les moteurs V12 deviennent de plus en plus rares. Du côté de chez Mercedes, ce sera bientôt de l'histoire ancienne avec la prochaine génération de Classe S, même si Maybach devrait peut-être encore faire perdurer ce moteur quelques années. C'est à confirmer.

Du côté de chez BMW, le douze cylindres ce sera aussi terminé avec la Série 7. Seules les Rolls-Royce seront encore équipées de ce moteur quelque temps avant l'ablation de quelques cylindres à l'avenir. Il y a encore néanmoins plusieurs signes d'espoir, notamment avec certains petits constructeurs, à l'image de Gordon Murray Automotive et sa nouvelle supercar, la T.50 et son V12 3,9 litres atmosphérique de 663 chevaux associé à une boîte manuelle.

Lamborghini compte encore aussi sur son V12 atmosphérique à l'avenir, même s'il devrait être agrémenté d'un ou plusieurs moteurs électriques afin de réduire un tant soit peu son empreinte carbone. Une solution qui devrait aussi être adoptée par Ferrari, même si la firme au Cheval cabré s'oriente davantage sur des technologies hybrides s'articulant autour de son V8 3,9 litres bi-turbo, à l'image de la SF90 Stradale.