En décembre dernier, Audi a annoncé sa décision de quitter le Championnat du monde de Formule E au terme de la saison 2021, mettant ainsi fin à une participation longue de sept ans et remontant à l'édition inaugurale des courses de monoplaces électriques, en 2014.

Et cette nouvelle a coïncidé avec le lancement de deux nouveaux programmes en sport automobile par le constructeur allemand : un retour aux 24 Heures du Mans avec un prototype hybride et, plus intéressant encore, un projet partiellement électrique pour le Dakar !

Certes surprenant, le retrait d'Audi en Formule E restait inexpliqué jusqu'à aujourd'hui. Mais récemment, la firme d'Ingolstadt a enfin levé le mystère autour de ce départ et de la décision de rejoindre les terrains accidentés du Dakar. Attirée par un ensemble de règles techniques lui donnant un contrôle total de la conception d'une voiture électrique en rallye-raid, Audi a souligné le contraste avec la Formule E, où toutes les équipes utilisent le même châssis.

"Disons-le ainsi : la clé du succès au Dakar est d'être le plus efficace possible pour compléter l'étape, et cela ne dépend pas seulement de la batterie mais aussi du convertisseur d'énergie", commente Julius Seebach, directeur général d'Audi Sport. "Le règlement du Dakar est si flexible que nous pouvons développer la voiture dans son entièreté. Les règles d'autres championnats, comme la Formule E, ne sont aussi pas aussi libres."

Andreas Roos, chef de projet Audi Sport, ajoute : "Nous avons choisi le Dakar car cela nous permet d'avoir toutes les pièces et tout ce qui est nécessaire pour avoir une transmission entièrement développée par Audi, les batteries également."

À ce sujet, Audi se servira de son parcours en monoplace pour concevoir son futur groupe propulseur électrifié. Le MGU sera basé sur celui de la Formule E, d'une puissance de 250 kW, soit 335 ch environ. En revanche, la longueur des étapes rendent impossible une participation 100% électrique dans un futur proche, le moteur thermique Classe 1 utilisé en DTM sera donc utilisé pour permettre de recharger les batteries.

Pour mener à bien ce projet, le constructeur allemand s'est associé à la structure Q Motorsport appartenant à Sven Quandt. L'équipe a engagé les Mini ayant remporté les deux dernières éditions du Dakar, avec les pilotes Carlos Sainz et Stéphane Peterhansel. Audi Sport et Q Motorsport ont indiqué qu'il s'agira d'un "effort commun".

"Sans l'énorme connaissance technique d'Audi, rien n'aurait été possible", assure Quandt. "Évidemment, nous essayons d'utiliser le plus possible nos connaissances afin de créer une excellente voiture. Nous travaillons dans une seule direction, c'est un projet vraiment difficile mais intéressant."

Audi montre le chemin ?

Si Audi parvient à récolter les fruits de son labeur, l'effort de la marque aux quatre anneaux pourrait inciter d'autres constructeurs à tenter leur chance en rallye-raid, alors que le Dakar misera sur les technologies hybrides et électriques dans un avenir proche, avec l'objectif de passer à l'hydrogène d'ici 2030. 

Ce plan en plusieurs étapes débutera par la création d'une catégorie réservée aux énergies alternatives pour les voitures et les camions dès l'édition 2022. Pour ce faire, Amaury Sport Organisation, promoteur de l'épreuve, adaptera son règlement et sa Balance des Performances afin de garantir une équité pour tous les types de véhicules.

La deuxième phase débutera en 2026, lorsque les concurrents les plus compétitifs dans les catégories Voitures et Camions devront concourir au volant de véhicules "répondant à une nouvelle norme qui fixera des émissions très faibles". La dernière étape, la plus ambitieuse, est prévue pour 2030 et concernera toutes les voitures et tous les camions dans leurs catégories respectives.