La crise de semi-conducteurs frappe durement l'industrie automobile. Selon Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, qui s'est exprimé à l'occasion d'une conférence de presse sur internet, il faut "repenser et réorganiser complètement les chaînes d'approvisionnement en semi-conducteurs". Stellantis est d'ailleurs particulièrement touché par cette crise, et de nombreuses chaînes de production doivent se réorganiser, notamment celle de la Peugeot 308.

Cette crise a d'ailleurs obligé Peugeot à revoir certains éléments de sa compacte, notamment le système d'instrumentation digital, qui n'est plus disponible puisqu'il utilisait des semi-conducteurs bien spécifiques et qui ne sont plus disponibles. Peugeot est ainsi revenu à des compteurs à aiguilles classiques pour accompagner la fin de carrière de la seconde génération de 308, bientôt remplacée par la troisième.

Les constructeurs automobiles du monde entier ont dû globalement ralentir leur production, en raison de cette pénurie. Ces puces sont essentiellement utilisées pour la gestion informatique des calculateurs, des moteurs ou encore des systèmes d'aide à la conduite. Selon Stellantis, la crise des semi-conducteurs pourrait encore s'aggraver au second trimestre 2021 (au cours du premier trimestre, Stellantis n'a pas pu produire environ 190'000 véhicules) et un retour à la normale ne serait pas prévu avant 2022.

Carlos Tavares déclare à ce sujet que "plus la crise des semi-conducteurs durera, plus il sera difficile de maintenir le modèle économique actuel de l'industrie automobile". En parlant de technologies et d'assistances à la conduite, Carlos Tavares a aussi évoqué la conduite autonome. Selon lui, "nous sommes encore loin de la parfaite autonomie d'une voiture" et, de toute façon, "elle ne prendra jamais le dessus", tout en ajoutant "qu'il y aura toujours de la place pour le plaisir de conduire."

Mais ce n'est pas forcément le seul problème de l'industrie automobile aujourd'hui selon Carlos Tavares. Le secteur automobile est également en difficulté en raison d'une transition trop rapide − et fortement encouragée par les gouvernements − vers l'électrique, qui pèse aussi sur les épaules des consommateurs. Selon le PDG de Stellantis, cela rendrait la mobilité électrique accessible uniquement aux personnes les plus aisées, ce qui ne ferait que peu de différence sur le bilan carbone global de l'industrie automobile.

Si le problème de l'augmentation du prix des matières premières pourrait être résolu par l'utilisation d'autres matériaux renouvelables, le défi pour l'industrie reste de garder la mobilité électrique "abordable". Selon Carlos Tavares, la transition énergétique est une décision "brutalement imposée par les gouvernements", et non par les constructeurs automobiles. "C'est difficile de vendre une voiture électrique à 30'000 euros si les gens peuvent acheter le modèle thermique équivalent à la moitié du prix", a conclu le patron de Stellantis.