Le patron du groupe Volkswagen, Herbert Diess, a pressé jeudi ses employés à se préparer à une "révolution", pour lui permettre d'affronter la nouvelle concurrence de Tesla et des fabricants chinois, qui menacent des emplois en Allemagne.

"Je m'inquiète pour Wolfsburg", l'usine principale et historique du groupe, a déclaré Herbert Diess, à la tête du groupe Volkswagen depuis 2018, et dont l'avenir au sein du constructeur est en débats. "Dans le nouveau monde automobile, une concurrence jamais vue nous attend", a-t-il mis en garde, en évoquant la "productivité impressionnante" prévue à la nouvelle usine de Tesla en Allemagne, qui doit ouvrir dans les prochains mois.

"Aujourd'hui est le bon moment pour une révolution chez Volkswagen", a jugé Herbert Diess, qui a provoqué des remous le mois dernier en agitant en interne le spectre de 30 000 suppressions de postes.

Il s'est adressé aux employés de l'usine de Wolfsburg lors d'une réunion organisée par le comité d'entreprise, récemment très critique à son égard. Des "discussions" sont même en cours sur son maintien à la tête du groupe, a indiqué mercredi une source proche du conseil de surveillance.

Une crise dans la crise ?

"Il n'y a pas une personne de trop ici", a lancé Daniela Cavallo, la présidente de l'influent "Betriebsrat" qui représente les salariés, attaquant Herbert Diess, très présent sur les réseaux sociaux. "Vous nous fournissez régulièrement de jolies photos de vos voyages, mais malheureusement toujours pas de semi-conducteurs", a-t-elle déploré, alors que plusieurs usines du groupe sont régulièrement à l'arrêt ces derniers mois en raison de la pénurie mondiale de puces électroniques.

Alors que la marque Volkswagen a produit jusqu'ici cette année 27 % de voitures en moins que prévu, "le manque de puces va nous accompagner aussi l'année prochaine", a dit Herbert Diess, même si "l'approvisionnement s'améliore".

Le projet "Trinity" salvateur ?

Pour le patron du groupe, la "révolution pour Wolfsburg" est le projet "Trinity" : une nouvelle série de voitures électriques et connectées produites à partir de 2026, qui entraînera aussi une vaste réorganisation du site historique d'ici 2030 pour, notamment, réduire les délais de production.

La transition vers la voiture connectée est "beaucoup plus compliquée que le passage des moteurs thermiques vers l'électrique", a assuré Herbert Diess. "Ce sera surtout l'offre en logiciels qui décidera des parts de marché". Alors que Tesla devait, à ses débuts, affronter des problèmes de production, "notre principal concurrent apprend très vite" et "la qualité s'améliore", a noté le dirigeant allemand.

Le constructeur américain prévoit de fabriquer une voiture en 10 heures, a-t-il relevé, alors que la plus grande usine électrique de Volkswagen, à Zwickau, passe actuellement encore "plus de 30 heures" sur un modèle. Mais si "Tesla est la référence, d'autres start-ups solides arrivent sur notre marché", a par ailleurs averti le patron. Il dit avoir "testé ces dernières semaines plusieurs voitures chinoises" et "il faut avouer qu'elles sont vraiment pas mal".

50 % de véhicules électriques d'ici 2030

Daniela Cavallo a demandé qu'un autre modèle électrique soit produit à Wolfsburg "bien avant Trinity", assurant que "le comité d'entreprise a envie de changement". Volkswagen, qui investit des dizaines de milliards d'euros dans son électrification, compte vendre 50 % de véhicules électriques d'ici 2030. Dix ans plus tard, la proportion doit quasiment atteindre 100 % sur ses principaux marchés.

"Je veux que vos enfants et petits-enfants aient encore en 2030 un emploi chez nous à Wolfsburg", a dit Herbert Diess, lançant "un appel" aux salariés pour "rendre Volkswagen apte à affronter l'avenir". Le directoire présentera le 9 décembre une "vision 2030" pour l'usine lors d'une réunion du conseil de surveillance consacré aux plans d'investissement pluriannuel. (avec AFP)

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