Tesla, qui a dévoilé mercredi des résultats solides pour le deuxième trimestre, a augmenté ses prix et vendu la majeure partie de ses bitcoins pour faire face à la fermeture temporaire de son usine en Chine, aux défis logistiques et à l'inflation.

Le bénéfice net de l'entreprise d'Elon Musk, englué dans une bataille juridique sur le rachat de Twitter, s'est élevé à 2,3 milliards de dollars sur la période, soit presque deux fois plus qu'au deuxième trimestre de l'an dernier.

Pour la première fois depuis début 2021, ses profits n'ont toutefois pas grimpé à un nouveau record. Et son chiffre d'affaires, à 16,9 milliards de dollars, a aussi un peu déçu. Mais Tesla avait déjà indiqué que ses livraisons avaient baissé de 18 % par rapport au trimestre précédent en raison notamment de la fermeture de son usine de Shanghai pendant plusieurs semaines, à cause du Covid.

Le fabricant doit aussi jongler avec la pénurie de semi-conducteurs, qui affecte l'ensemble du secteur automobile depuis début 2021, avec la hausse des prix des matières premières et parfois avec le manque de personnel.

De premières décisions fortes

Pour faire face à ce petit trou d'air, Elon Musk avait annoncé en juin la suppression d'environ 3 à 3,5 % des effectifs, sans toucher aux ouvriers. Mercredi, l'entrepreneur a aussi souligné avoir vendu 75 % des bitcoins détenus par Tesla pour s'assurer d'avoir suffisamment de liquidités : l'opération lui a rapporté 963 millions de dollars. La société avait créé la surprise en achetant pour 1,5 milliard de dollars de la devise virtuelle début 2021.

"Nous ne savions pas quand les confinements en Chine allaient s'alléger", a justifié le patron lors d'une conférence téléphonique. Cette transaction ne doit pas être interprétée "comme un verdict sur le bitcoin", a-t-il asséné en affirmant que Tesla n'avait pas vendu ses dogecoins, une autre cryptomonnaie, et ne renonçait pas à acheter d'autres bitcoins.

Le groupe a parallèlement augmenté le prix de ses véhicules, son modèle le moins cher étant vendu actuellement aux Etats-Unis à 48 840 dollars.

"Ils sont franchement à des niveaux embarrassants", a estimé Elon Musk. Mais c'est pour refléter "les chocs dans la chaîne d'approvisionnement et sur la production" ainsi que "la folle inflation", a-t-il ajouté en disant espérer pouvoir à terme les "réduire un peu". Cela n'a pas empêché la marge brute de son activité automobile, un indicateur particulièrement observé, de reculer légèrement.

Pour Garrett Nelson, du cabinet CFRA, le trimestre de Tesla était toutefois dans son ensemble "impressionnant si on considère les difficultés auxquelles ils ont fait face".

Des objectifs toujours ambitieux

Malgré ces défis, Tesla a maintenu son objectif de long terme de faire croître ses livraisons de 50 % en moyenne par an, ce qui reviendrait à environ 1,4 million de véhicules en 2022. En juin, déjà, la production dans ses usines de Fremont, en Californie, et de Shanghai, était revenue à un niveau record. Et le groupe mise sur l'accélération de la cadence dans ses nouvelles usines à Berlin et à Austin (Texas).

Tesla continue par ailleurs de profiter de la vente à d'autres entreprises des crédits carbone qui lui sont accordés car ses voitures électriques n'émettent pas de CO2, gagnant 344 millions de dollars au passage.

Plus de 100 000 conducteurs de Tesla testent désormais le logiciel amélioré d'aide à la conduite de Tesla, FSD beta, a aussi indiqué Elon Musk mercredi. Il devrait être proposé à l'ensemble des propriétaires de Tesla d'ici la fin de l'année en Amérique du Nord puis, en fonction du feu vert des autorités, en Europe.

Du rififi sur les marchés

L'action montait de 0,8 % dans les échanges électroniques de mercredi suivant la clôture à Wall Street. Elle s'affiche en baisse d'environ 30 % depuis le début de l'année, touchée par le repli généralisé des marchés, mais aussi par des investisseurs inquiets de voir Elon Musk distrait par ses tribulations avec Twitter.

L'homme le plus riche du monde avait en effet annoncé en avril son intention d'acheter le réseau social, avant d'y renoncer. Twitter ayant demandé à ce que l'entrepreneur honore son engagement, un procès doit avoir lieu en octobre. (avec AFP)