Les voitures électriques chinoises à la conquête de l'Europe. Le sujet fait l'objet de vifs débats depuis des mois et une nouvelle étude publiée par PricewaterhouseCoopers (PwC) tente d'analyser la situation.

La société a examiné la différence entre les voitures chinoises importées en Europe et les modèles du Vieux Continent exportés en Chine.

Renversement de tendance

L'étude ne s'intéresse pas seulement à des marques comme AiwaysMG ou à d'autres qui sont sur le point d'atterrir sur le continent comme BYD, Ora, Nio, Zeekr et Xpeng. En effet, au fil des ans, de nombreux constructeurs européens ont transféré une partie ou la totalité de la production de certains modèles directement en Chine, contribuant ainsi à augmenter le flux de voitures électriques (de facto) fabriquées en Chine.

Nous parlons des cas de smart et Polestar, dont les modèles, bien que conçus dans des centres de style européen, sont assemblés en Chine. Un autre exemple est la MINI de nouvelle génération (qui a toujours été un bastion de la production britannique) qui sera construite près de Shanghai dans l'usine de Zhangjiagang, fruit de la joint venture entre Great Wall Motors et le groupe BMW.

Solde de voitures européennes exportées /voitures chinoises importées en Europe (UE27 + UK)
2015 2019 2022 (prévision) 2025 (prévision)
1 699 813 exemplaires 152 647 exemplaires 76 045 exemplaires - 221 888 exemplaires

Si, il y a quelques années encore, ce sont donc les voitures "Made in Europe" qui ont conquis le monde, en 2025, la tendance sera inversée, ce qui entraînera une différence entre les exportations et les importations de -221 888 modèles. Un chiffre retentissant quand on sait qu'en 2015, ce chiffre était de 1 699 813 en faveur de l'UE.

Il convient toutefois de noter que le tableau de l'étude tient compte à la fois des voitures chinoises à moteur thermique et des voitures électriques.

Préférence pour les modèles européens

Selon Felix Kunhert, de PwC Allemagne, cette tendance est claire et a des raisons précises :

"Les fabricants européens ont dû faire face à des problèmes dans la chaîne d'approvisionnement et se sont principalement concentrés sur les modèles plus chers. D'autre part, les marques chinoises se concentrent sur les véhicules électriques plus abordables et les nouvelles technologies. Il suffit de regarder le classement des modèles électriques les plus vendus au monde pour constater qu'aucun modèle européen ne figure dans les cinq premières places".

"Pour changer cette tendance, les fabricants européens doivent reprendre le contrôle de leurs chaînes d'approvisionnement, accélérer le développement et se concentrer davantage sur la production nationale".

Outre les fabricants, un engagement accru des institutions est nécessaire pour préserver le savoir-faire et la production européens.

Pour cette raison, M. Kunhert cite la loi américaine sur la réduction de l'inflation qui, entre autres mesures, limite les incitations aux seules voitures électriques produites aux États-Unis (et aux fabricants qui extraient des matières premières sur le sol américain). Objectivement, la loi a été critiquée de toutes parts, tant pour le peu de modèles compatibles avec ce cadre réglementaire que pour les distorsions en termes de libre concurrence sur le marché.

Toutefois, le concept de base consiste à donner la priorité à leur production nationale, notamment parce que PwC estime que les voitures électriques représenteront 93 % des immatriculations en 2035, année d'adieu tant décriée.