Un document envoyé par Toyota à ses concessionnaires aux États-Unis a fuité et on y apprend pourquoi la marque s'attend à voir ses ventes de véhicules hybrides augmenter dans un futur proche, plus que celles des voitures électriques ou hybrides rechargeables.

Le document relayé par Jalopnik est daté d'avril 2023, ce qui coïncide avec l'annonce faite par le constructeur japonais de lancer dix nouveaux véhicules électriques avant 2026. Au premier coup d'œil, le constructeur semble se contredire et apporter ainsi un nouvel argument à ceux qui pensent que Toyota a été trop long à adopter une stratégie offensive dans le monde de l'électrique.

Le fait est que Toyota n'a jamais annoncé une fin de la production des véhicules thermiques. Le groupe a même annoncé son intention de rendre ses usines neutres en carbone avant 2035, et d'y parvenir sur l'ensemble de ses produits avant 2050. La marque Lexus va quant à elle devenir 100 % électrique avant 2035.

Dans le document dévoilé par Jalopnik, l'entreprise précise "s'engager à offrir une gamme complète de véhicules électrifiés afin d'offrir à tous nos clients la possibilité de réduire leur empreinte carbone."

En février, Gill Pratt, responsable des technologies de Toyota, estimait que la meilleure approche pour réduire les émissions était de placer de petites batteries dans plus de véhicules hybrides, plutôt qu'une grosse dans un modèle 100 % électrique.

"Le temps montrera que notre point de vue est le bon", précisait Pratt. "D'une façon où d'une autre, il y aura une diversité de motorisations utilisées à travers le monde."

L'un des arguments derrière cette idée était qu'une pénurie de minéraux nécessaires à la fabrication de batteries se profilait à l'horizon. Cette idée revient dans le document qui vient d'être révélé.

Toyota estime également que l'infrastructure de recharge reste insuffisante aux États-Unis, précisant que seuls 12 % des bornes de recharges publiques sont rapides, et que la plupart demandent entre huit et 30 heures pour recharger un véhicule électrique.

Galerie: Toyota Prius Prime 2023

Le dernier frein que Toyota voit à l'adoption des voitures électriques et leur prix élevé. Le constructeur précise que le coût moyen d'un véhicule zéro émissions aux États-Unis est de 58 000 dollars (53 810 euros au taux de change actuel), auquel il faut ajouter le coût d'installation d'un système de recharge à domicile, en moyenne de 1 300 dollars (1 206 euros). À titre de comparaison, le prix moyen d'un véhicule non électrique est de 48 008 dollars (44 538 euros) aux États-Unis selon Kelley Blue Book.

Pour surmonter ces difficultés et offrir "une voie concrète pour avancer", Toyota souligne que le moyen le plus rapide de réduire les émissions de CO2 est de multiplier les solutions électrifiées, en cumulant les voitures électriques, hybrides rechargeables et hybrides. Le constructeur mentionne une règle nommée 1/6/90.

"La quantité de matières premières d'un véhicule électrique avec une longue autonomie pourrait servir à fabriquer six véhicules hybrides rechargeables ou 90 véhicules hybrides", peut-on lire dans le document publié par Jalopnik.

De plus, Toyota affirme que la réduction des émissions de CO2 de ces 90 véhicules hybrides au cours de leur durée de vie est 37 fois supérieure à celle d'un véhicule électrique.

À la fin du document, le constructeur précise qu'il croit à l'électrique pour l'avenir mais qu'il reste "le déploiement à grande échelle se heurte à d'importants obstacles que nous devons d'abord surmonter pour y parvenir."

Il est donc évident que Toyota veut construire des véhicules électriques, mais ne semble pas vouloir changer sa stratégie à court terme. La question est de savoir si cette situation sera favorable à l'environnement et à Toyota.