On le pensait indestructible, invincible, peut-être même éternel. On se trompait malheureusement. Le Pajero va bel et bien disparaître, balayé par les nouvelles normes Euro 6c qui entreront en vigueur au mois de septembre 2018. Mitsubishi a considéré qu'une énième mise à jour était trop coûteuse, d'autant que le modèle a vu ses ventes se tasser ces derniers temps. Particulièrement en France, où le malus lui a fait beaucoup de mal.

Il est toutefois trop tôt pour parler du Pajero comme d'une relique appartenant au passé, Mitsubishi ayant encore quelques stocks à écouler. Alors pour le plaisir, redécouvrons une dernière fois ce modèle emblématique qui poursuivra sa route dans des pays où les règles sont moins strictes.

Essai Mitsubishi Pajero

Une gueule à part

Présentée à l'occasion du salon de Paris de 2006, puis commercialisée dans la foulée, cette quatrième génération de Pajero est en fait une profonde évolution de la troisième, qui a, elle, vu le jour en 2000. Elle est proposée en version trois ou cinq portes, laquelle peut accueillir jusqu'à sept passagers. L'une comme l'autre affichent une silhouette reconnaissable entre mille. Les passages de roue prononcés, les flancs gonflés en partie basse, la roue de secours apparente ou encore les boucliers enveloppants procurent ce qu'il faut de muscle et de caractère, sans verser dans la vulgarité. Les multiples accents chromés de la partie avant témoignent, elles, d'un certain souci du détail. Globalement, que l'on aime ou pas, il faut bien reconnaître que le Pajero jouit d'une identité à part, et qu'il a relativement bien vieilli.

Essai Mitsubishi Pajero
Essai Mitsubishi Pajero

Une fois à l'intérieur, on découvre une planche de bord un peu datée sur le plan du style, et souffrant d'une finition parfois sommaire, même si le mobilier semble être d'une grande robustesse. L'ergonomie n'est pas non plus un point fort du Pajero, des boutons étant dispersés un peu partout malgré la présence d'un écran tactile. Mais il y a aussi de bonnes choses à signaler, à l'image de la position de conduite agréable et de la dotation fournie en matière d'équipements de confort (climatisation automatique, sellerie cuir, sièges chauffants à réglages électriques, système Bluetooth ou encore toit ouvrant électrique sur un modèle en finition haute). Le Pajero reçoit par ailleurs une caméra de recul ainsi qu'un régulateur de vitesse. Il fait en revanche l'impasse sur des dispositifs modernes tels que le freinage automatique d'urgence, la lecture des panneaux de signalisation ou encore l'aide au maintien dans la voie.

Essai Mitsubishi Pajero
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La version longue du Pajero est spacieuse, avec notamment beaucoup d'espace aux jambes pour les passagers installés à l'arrière. Le coffre se montre logeable avec un volume variant de 663 à 1790 litres selon la configuration choisie. La porte de malle à ouverture latérale n'est en revanche pas très pratique.

Le roi du franchissement

S'il excelle avant tout sur terrain difficile, le Pajero est aussi un compagnon agréable sur route, tant qu'on maintient une conduite calme. On l'apprécie d'abord pour son confort, son insonorisation somme toute correcte et la souplesse de son moteur diesel. Très coupleux et présent dès les bas-régimes, le 3,2 litres de 190 ch et 440 Nm de couple déplace les 2,4 tonnes de l'engin sans peine. Il se montre en plus relativement bien éduqué, même s'il émet un petit grognement agricole en phase d'accélération. La boîte de vitesses automatique le seconde avec beaucoup de douceur et suffisamment de réactivité. Elle participe grandement à la sensation de quiétude que l'on ressent au volant, sensation que l'on doit aussi à la position de conduite en hauteur et à la belle luminosité de l'habitacle. On finit par se dire que l'on pourrait rouler paisiblement pendant des heures, quels que soient l'état du bitume ou les conditions météorologiques... mais toujours en maintenant une allure paisible, par contre. Car dans le cas contraire, on ne peut que déplorer le manque de précision du train avant, le caractère flou de la direction et une tendance au roulis plus agaçante que réellement dangereuse.

Ces quelques défauts ne sont dans le fond pas anormaux – ni vraiment gênants – sur un engin avant tout conçu pour le franchissement. Et dans ce domaine-là, le Pajero fait toujours figure de référence.

Essai Mitsubishi Pajero

Comme on pouvait s'y attendre, les pistes caillouteuses que nous avons empruntées ne l'ont guère effrayé. Certes, on se doute bien qu'un engin équipé d'une transmission intégrale enclenchable, d'une boîte courte et d'un différentiel arrière autobloquant ne va pas s'avouer facilement vaincu. Mais quand même, on reste toujours surpris de voir avec quelle aisance le Pajero grimpe à peu près partout. Bien aidé par son moteur diesel généreux en couple, il passe là où beaucoup de SUV trépasseraient. Comprenez qu'il n'a peur ni de la boue ni de la caillasse, qu'il se joue des ornières, qu'il gravit sans sourciller des pentes fortement inclinées, bref qu'il avale à peu près toutes les difficultés qui se présentent à lui. Et toujours avec une grande facilité.

Conclusion

En dépit de son âge, le Pajero a encore de belles qualités à faire valoir. Très attachant, ce franchisseur hors-pair est un compagnon idéal pour ceux qui sont amenés à s'aventurer régulièrement hors des sentiers battus. Sur route, il se montre globalement agréable, même si son comportement pataud et sa direction un peu floue n'incitent pas à hausser le rythme.

Certains lui reprocheront toutefois un vrai manque de modernité sur certains points (équipements et dessin de la planche de bord, notamment). Et dans le fond, ils n'auront pas tout à fait tort. Mais selon nous, ce côté "dinosaure" fait justement tout le sel de ce modèle. Le vrai problème du Pajero, c'est son niveau élevé d'émissions de CO2 qui entraîne un terrible malus de 10'500 euros. Et, dans une moindre mesure, sa consommation, qui tourne autour des 10 litres en usage normal, mais qui s'envole rapidement dans certaines conditions.

Un petit mot pour terminer sur les prix. Avec un ticket d'entrée fixé à 41'390 euros en version courte et à 44'490 euros en version longue (hors malus), le Pajero n'est pas vraiment donné. Cela est d'autant plus vrai qu'un Land Cruiser de conception plus moderne et lui aussi redoutable baroudeur affiche des tarifs légèrement inférieurs (à partir de 37'400 euros pour le trois portes diesel de 177 ch en boîte manuelle 6). En revanche, le Toyota est lui aussi pénalisé par le malus maximal de 10'500 euros. Eh oui, ce dernier touche à peu près tous les modèles un peu rustiques dans l'âme. Tous, sauf les pick-up qui y échappent assez miraculeusement. Mais pour combien de temps ?

 
Points positifs Point négatifs
Look toujours aussi sympathique Soumis au malus maximal
Vrai 4x4 Consommation parfois excessive
Confort Comportement routier perfectible

 

 

Galerie: Essai Mitsubishi Pajero : nos photos

Mitsubishi Pajero 5 portes 3,2 litres Turbo Diesel BVA

Motorisation Diesel, quatre-cylindres en ligne turbo, 3200 cm³
Puissance 190 ch / 441 Nm
Transmission BVA cinq rapports
Type de transmission 4x4
0-100 km/h 11,1 secondes
Vitesse de pointe 180 km/h
Poids 2375 kilos
Volume de coffre 215 dm³
Places 7
Economie de carburant Urbain : 10,5 l/100 km / Extra-urbain : 8,6 l/100 km / Mixte : 9,3 l/100 km
Prix de base 44'490 euros