L'Audi RS 4 s'impose comme une petite institution dans l'univers des breaks survitaminés. Depuis l'Audi RS 2 et son affiliation technique certaine à Porsche, – on se souvient notamment de l'inscription Porsche sur les étriers de frein – l'Audi RS 4 a su évoluer avec son temps. Néanmoins, depuis la RS 2, Audi et la firme de Stuttgart n'ont jamais vraiment retravaillé ensemble sur un break sportif. C'était sans compter sur cette nouvelle RS 4, plus que jamais étroitement liée à Porsche grâce à son bloc V6 2,9 litres bi-turbo qu'elle emprunte non pas à la sacrosainte 911 mais à la Panamera et au Cayenne. Avec deux cylindres en moins et deux turbos en plus, les puristes, qui érigent les deux dernières versions de RS 4 au sommet grâce à leur motorisation V8 atmosphérique, vont sûrement être un peu plus réticents face à cette nouvelle RS 4. Pourtant, l'auto a déjà été affublée d'une telle motorisation, en 2000 plus précisément, avec un V6 bi-turbo développant 380 chevaux. En l'espace d'un peu plus de 20 ans, l'Audi RS 4 s'est imposée comme l'une des références dans son segment, aussi confidentiel soit-il. Malgré une nouvelle version gavée de deux turbos et qui stagne à 450 chevaux, comme la précédente génération, cette RS 4 est-elle dans la lignée de ses aînées ?

Prueba Audi RS 4 Avant 2018

Esthétiquement, on a longtemps reproché à Audi une trop mince différence entre un modèle sportif et une version conventionnelle. C'était encore le cas pour la précédente génération de RS 4 qui, hormis ses immenses jantes et ses deux canules d'échappement, pouvait presque passer pour une simple version essence avec un pack esthétique S line. Cette nouvelle RS 4 tranche dans le vif et se distingue clairement par rapport à une A4 ou bien même une S4. C'est bestial, une vraie « gueule » pour vulgariser les choses. Les boucliers avec leurs immenses entrées d'air, les jupes latérales proéminentes ou encore le diffuseur arrière qui englobe deux imposantes sorties d'échappement contribuent à rendre cette RS 4 sauvage. On remarque également de petites entrées d'air aux extrémités des optiques, un détail très sympa, surtout jumelé à l'élargissement de l'auto. Effectivement, les ingénieurs de chez Audi Sport ont du revoir les trains roulants, de ce fait, les voies ont été élargies de huit millimètres à l'avant et de 20 millimètres à l'arrière. La hauteur de caisse a été abaissée de 30 millimètres.

Prueba Audi RS 4 Avant 2018
Prueba Audi RS 4 Avant 2018
Prueba Audi RS 4 Avant 2018
Prueba Audi RS 4 Avant 2018
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À l'intérieur, on se rapproche un peu plus d'un modèle conventionnel. Difficile de tout chambouler cela dit. Notre version d'essai est affublée d'inserts en carbone, de très bonne facture, et de quelques éléments en Alcantara comme le volant, le pommeau du levier de vitesses ou encore les contre-portes. L'assemblage et les matériaux sont excellents, comme toujours chez Audi. Néanmoins il faudra passer par la case option, notamment pour les inserts en carbone (1200 euros) ou encore le Pack Design RS qui comprend, entre autre, les éléments en Alcantara (1810 euros). Heureusement, Audi fournit de série le Virtual Cockpit, le système d'instrumentation digital, qui comprend un mode d'affichage supplémentaire avec le compte-tour au centre, une spécificité des modèles RS et de la R8. N'oublions pas que même si cette RS 4, nous allons le voir, affiche des performances de supercars, elle n'oublie pas pour autant ses occupants. Avec deux vraies places à l'arrière (et une troisième pour les courts trajets en raison de l'encombrement du au tunnel de transmission), deux adultes pourront s'y loger sans problème. Le coffre affiche quant à lui une contenance correcte de 505 litres. Nous vous recommandons vivement de prendre le pack filet de retenu en option (230 euros), au risque que tout le contenu de votre coffre se transforme en joyeux désordre, dans le meilleur des cas.

Prueba Audi RS 4 Avant 2018
Prueba Audi RS 4 Avant 2018
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Prueba Audi RS 4 Avant 2018
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Comme énoncé plus haut, cette Audi RS 4 intègre sous son capot un V6 2,9 litres TFSI développant 450 chevaux. S'il s'agit du même niveau de puissance que l'ancienne RS 4 et son V8 4,2 litres atmosphérique, cette nouvelle mouture se distingue par un couple nettement plus généreux. En effet, l'ancienne version développait 430 Nm à 8250 tr/min, un régal pour les écoutilles, mais la puissance était à aller chercher bien plus haut dans les tours. Avec un rupteur situé à 8500 tr/min, l'ancienne RS 4 ferait presque office de dinosaure dans la conjoncture actuelle. La nouvelle dispose donc de 600 Nm de couple, mais disponible dès 1900 tr/min. De ce fait, les accélérations sont rageuses à bas régime, mais plus linéaires jusqu'à la zone rouge. Le rupteur est quant à lui situé à 6800 tr/min. En termes de performances, l'Audi RS 4 est capable d'accélérer de 0 à 100 km/h en l'espace de 4,1 secondes et d'atteindre la vitesse de pointe de 250 km/h. Audi propose, en option, d'augmenter la vitesse de pointe à 280 km/h moyennant 1800 euros. Honnêtement, il s'agit sans doute de l'option la plus mesquine qui soit pour une voiture de sport. Audi Sport n'est pas la seule marque à blâmer à ce sujet puisque Mercedes-AMG fait pareil.

Les accélérations sont dignes d'une supercar. Nous sommes littéralement scotchés aux sièges et le paysage défile plus rapidement que le mouvement de votre rétine.

Les 450 chevaux sont distribués aux quatre roues via la transmission intégrale quattro. Exit la boîte robotisée S tronic à sept rapports, place à une boîte automatique à convertisseur de couple à huit vitesses. La boîte robotisée à double embrayage ne pouvant pas supporter 600 Nm de couple, les ingénieurs ont du avoir recours à une boîte de vitesses automatique plus classique, mais tout aussi efficace avec des passages de rapports rapides. On regrette cependant la gestion de la boîte parfois assez hasardeuse, notamment à la remise des gaz où elle aura tendance à engager le rapport un peu trop tôt. En termes de châssis, encore une fois il va falloir passer par la case option pour bénéficier de l'ultime RS 4. Dommage quand on débourse d'ores et déjà 92'000 euros en prix de départ, hors malus écologique. Pour 7650 euros, vous pouvez opter pour le Pack Dynamic RS qui inclut la vitesse de pointe relevée à 280 km/h (sinon 1800 euros en option « seule »), la direction à démultiplication variable (1210 euros), la suspension sport à suspensions DRC (2400 euros) ou encore le différentiel arrière quattro Sport (1630 euro). Et encore, avec le Pack Dynamic RS, vous ne bénéficiez pas de l'échappement sport (1500 euros), des jantes allégées de 20 pouces (3620 euros) ou encore du système de freinage en céramique (7300 euros). En bref, comptez pas moins de 125'000 euros pour une RS 4 quasiment optimale, sans compter le malus maximal de 10'500 euros. Il n'y a encore pas si longtemps que ça, Audi proposait une RS 6 avec plus de 600 chevaux à ces tarifs.

Prueba Audi RS 4 Avant 2018
Prueba Audi RS 4 Avant 2018

Rangeons la calculatrice et la fiche technique, et prenons enfin le volant de cette nouvelle RS 4. Grâce à ses différents modes de conduite, la voiture possède plusieurs visages. En mode « Comfort », elle pourrait presque se conduire comme une Audi A4 diesel. Mais cela ne nous intéresse pas. Avec 450 chevaux sous le capot, nous activons d'emblée de mode « Dynamic » qui ouvre les valves à l'échappement, rend la direction plus dure, et autorise la boîte de vitesses à monter plus haut dans les tours. Les accélérations sont dignes d'une supercar. Nous sommes littéralement scotchés aux sièges et le paysage défile plus rapidement que le mouvement de votre rétine. Les premiers virages arrivent, et si les Audi RS sont réputées comme étant de véritables rails sans aucune âme à cause de leur transmission intégrale, cette Audi RS 4 vient briser d'un coup d'un seul cette réputation. Toujours vissée au sol, notre voiture bénéficie du différentiel à l'arrière qui permet de charger ou décharger en couple les roues les plus ou moins motrices. Sauf que cette Audi RS 4 possèderait presque un caractère de propulsion. Alors bien évidemment elle ne se déhanche pas à la manière d'une BMW M3, mais force est de constater qu'elle peut rapidement s'avérer très ludique avec un arrière train pouvant rapidement venir pivoter. Étonnant pour une voiture de 1800 kilos qui ne s'y prête pas forcément à la base. Même débranché, l'ESP et l'électronique veille au grain et sauront vous remettre sur le droit chemin, sauf si vous atteignez les limites de l'adhérence.

Alors on aurait aimé une sonorité moins feutrée et plus métallique, ou encore un réservoir plus grand (malgré un petit appétit avec une consommation relevée de 12,5 l/100 km en usage mixte), mais cette Audi RS 4 est bien née et, surtout, elle nous surprend. Qu'arrive-t-il à Audi Sport ? Après une Audi R8 en propulsion, voici que la RS 4 gomme ses complexes face aux BMW M3 etMercedes-AMG C 63. Cette nouvelle génération progresse dans tous les domaines. Plus efficace, plus agile, plus performante, plus confortable... Elle vient mettre la barre à une hauteur difficilement atteignable. Être aussi amusante tout en étant assez sécurisante, même en conduite dynamique ? Ça doit être la seule sur le marché, surtout avec quatre vraies places et un coffre de 505 litres. Cependant, en regardant le catalogue chez Audi, on remarque qu'en dessous, la firme aux anneaux propose une S4. Avec un V6 non pas bi-turbo mais simplement turbo, elle revendique 354 chevaux. Évidemment les performances sont un peu en deçà de celles d'une RS 4. Mais en y regardant de plus près, et en remarquant surtout l'écart de prix abyssal pour si peu de différences au niveau des performances, certains clients pourraient revoir leurs prétentions à la baisse. Une minorité cela dit puisqu'à ce niveau de prix, rajouter quelques milliers d'euros pour obtenir le saint graal en matière de break sportif devrait parfaitement se justifier auprès de certains clients.

 
Points positifs Points négatifs
Polyvalence à toutes épreuves Tarifs
Moteur volontaire à tous les régimes Liste des options longue comme le bras
Prestations dynamiques Sonorité un peu trop discrète

Galerie: Essai Audi RS 4 Avant (2018)

Audi RS 4

Motorisation Essence TFSI, six cylindres en V, 2894 cm³, bi-turbo
Puissance 450 chevaux / 600 Nm
Transmission Boîte automatique à huit rapports - Tiptronic
Type de transmission Intégrale
0-100 km/h 4,1 secondes
Poids 1790 kg
Volume de coffre 505 à 1510 litres
Places 5
Economie de carburant Urbain : 11,5 l/100 km / Extra-urbain : 7,2 l/100 km / Mixte : 8,8 l/100 km
En vente 2018
Prix de base 92'000 €
Prix de la version testée 126'440 €