Elle devait être l'une des stars du Salon de Genève, elle aura finalement rebroussé chemin au dernier moment pour se laisser approcher, en petit comité, au sein d'un studio photo proche de Paris.

Elle, c'est la nouvelle DS 9, vaisseau amiral de la marque premium française et tous les superlatifs que vous voulez pour décrire cette grande berline comme étant le nouveau fleuron du groupe PSA. En quelques mots, la DS 9, c'est 4,93 mètres de long, une voiture qui repose sur la plateforme EMP2 rallongée, c'est une motorisation hybride de 360 chevaux et quatre roues motrices comme porte-étendard et c'est surtout une voiture à vocation mondiale, vendue en Chine, en Europe ou encore en Russie, et peut-être même un jour aux États-Unis.

Des codes esthétiques plus propices aux berlines ?

Esthétiquement, vous vous ferez votre propre avis évidemment, mais de notre côté nous avons été au final plutôt séduits par le design. Pourtant, nous ne sommes pas particulièrement friands des DS 3 Crossback et DS 7 Crossback, surchargées en chrome au niveau de la face avant, mais concernant la DS 9, l'ensemble est plutôt bien intégré.

Même le jonc chromé qui parcourt le capot ne nous a pas vraiment gêné. La couleur grise du modèle présent estompe peut-être sa présence, à voir sur une couleur plus sombre peut-être. On remarque également quelques détails plutôt amusants comme ces cornets qui font office de feux de position latéraux et rappellent les clignotants de la DS d'antan. Autre similitude, les sabres chromés qui s'étendent des optiques arrière jusqu'aux ailes arrière qui rappellent, eux aussi mais de manière moins évidente, la Citroën DS et son pare-choc.

DS 9 (2020)
DS 9 (2020)

Présidentiable ?

Nous ouvrons la porte et nous constatons déjà quelques différences avec la Peugeot 508. Une Peugeot 508 qu'elle reprend évidemment pour base même si DS tente au maximum de relativiser à ce sujet. Contrairement à la sochalienne, la DS 9 possède, par exemple, un encadrement au niveau de ses vitres. La voiture étant plus longue que la 508, DS justifie ce choix pour une question de rigidité. Avec un empattement de 2,90 mètres, il y a évidemment de la place à l'intérieur, beaucoup de place.

Nous commençons avec la partie arrière, où siègera certainement sous peu le Président de la république. Il s'agira certainement d'une option ou bien d'une spécificité à certaines finitions, mais nous avons le droit aux sièges chauffants et massants, des ports USB et un accoudoir central avec quelques rangements. Une fois rétracté, celui-ci se transforme en dossier pour une éventuelle troisième place centrale, peu confortable évidemment mais, une fois n'est pas coutume, peu rognée au niveau des jambes par le tunnel de transmission.

DS bénéficie certainement des meilleurs selliers de l'industrie automobile, donc évidemment, avec de beaux matériaux, le résultat ne peut être qu'exceptionnel. Nous avons récemment eu une Bentley à notre disposition et force est de constater que, malgré l'écart de prix conséquent entre ces deux modèles, la DS 9 n'a rien à envier en matière de sellerie par rapport au monde du luxe. Pour la petite histoire, les cuirs sont issus de bovins élevés en plein air, du côté de la Bavière, là où il n'y a pas de clôtures pour éviter d'abîmer la peau des bêtes.

DS 9 (2020)
DS 9 (2020)

Aux places avant, la version "Opéra" du modèle à notre disposition avait le droit à du cuir étendu sur l'ensemble de la planche de bord, à un pavillon en Alcantara ou encore à de petites perles au niveau des surpiqûres. L'ensemble nous a paru moins chargé qu'à bord d'un DS 3 Crossback, plus ergonomique également. Pré-série oblige, les assemblages n'étaient pas forcément au niveau que l'on peut attendre d'une berline premium. Espérons que les versions de série seront mieux finies. Nous avons toujours une petite réticence concernant le système d'info-divertissement du groupe PSA, de plus en plus fluide et de plus en plus ergonomique, mais toujours pas au niveau des systèmes embarqués des premium allemands, à commencer par Audi ou Mercedes.

Sans compromis ?

La DS 9 est, mine de rien, une voiture sans vraiment de compromis. Comment s'en rendre compte ? Par de simples détails comme, par exemple, la présence de quatre poignées de maintien pour les quatre passagers, chose devenue rare sur les voitures modernes. Cela représente quelques centaines de milliers d'euros en termes d'économie d'échelle de ne pas en mettre sur une voiture, une économie certainement non négligeable, mais DS a certainement jugé que c'était encore utile. Et effectivement, ça l'est.

Les motorisations

Concernant les motorisations, la version E-Tense qui nous intéresse le plus propose un bloc 1,6 litre turbo essence PureTech associé à une motorisation électrique cumulant 225 chevaux. La voiture est capable de parcourir entre 40 et 50 kilomètres (WLTP) en mode zéro émission grâce à une batterie de 11,9 kWh. La motorisation électrique, intégrée à la boîte de vitesses automatique à huit rapports, atteint une puissance maximale de 80 kW (110 chevaux) et 320 Nm. Le chargeur embarqué de 7,4 kW permet de recharger la batterie en 1h30 sur une borne de recharge domestique ou publique avec le câble livré de série.

C'est pour l'instant la seule motorisation qui sera proposée en version hybride, mais deux autres motorisation E-Tense de 250 chevaux avec deux roues motrices et une autre de 360 chevaux avec quatre roues motrices vont arriver prochainement. Du côté des motorisations thermiques, DS annonce que la DS 9 sera proposée avec un moteur essence PureTech de 225 chevaux associé à une boîte automatique à huit rapports.

DS 9 (2020)
DS 9 (2020)

Les aides à la conduite

En termes de technologies, la DS 9 embarque évidemment de nombreuses aides à la conduite, des aides que nous connaissons déjà d'ailleurs sur le DS 7 Crossback. La DS 9 est équipée du "Drive Assist" permettant d'avoir accès à un système de conduite autonome de niveau 2 grâce à l'aide au maintien dans la ligne ou encore le régulateur de vitesse adaptatif. Il y a également la vision de nuit, le "DS Park Pilot" permettant à la voiture de se garer seule ou encore le détecteur de fatigue.

La voiture est aussi pourvue de la suspension pilotée avec la technologie "DS Active Scan Suspension" qui, grâce à une caméra qui scanne la route, les capteurs d’assiette, les accéléromètres et les détecteurs des trains roulants enregistrent tous les mouvements et les transmettent au système qui prépare chacune des roues afin de renforcer la sécurité, l’agrément et d’offrir un confort annoncé comme "sans pareil".

La DS 9 et après ?

Pour le moment, DS n'a pas encore dévoilé les prix de sa nouvelle grande berline. Nous savons simplement qu'elle sera produite en Chine et bien évidemment vendue en France. Sa commercialisation interviendra à l'occasion du deuxième semestre 2020.

DS Automobiles semble d'une manière générale assez "libre" au sein du groupe PSA. L'enveloppe donnée par Carlos Tavares pour développer une gamme complète semble assez généreuse pour permettre aux équipes de la marque de travailler en toute quiétude. Cela peut paraître presque étonnant venant de Carlos Tavares, réputé comme étant assez intransigeant vis-à-vis de la rentabilité. Toujours selon la marque, DS est aujourd'hui une marque rentable et gagne de l'argent, grâce notamment à des marges plutôt conséquentes sur ses voitures.

Encore faut-il que les chiffres de ventes suivent allez-vous nous dire. Pour qu'une marque soit forte à l'internationale, elle doit d'abord être forte dans son pays natal. C'est le cas de DS pour l'instant qui, même si la marque se refuse d'avancer des chiffres et ses objectifs, a réalisé une bonne année 2019 en France avec 26'845 immatriculations (+ 11,8 % par rapport à 2018). L'année 2020 débute plutôt bien avec 6064 immatriculations (+ 75,7 %) depuis le début de l'année. Le cas de la Chine inquiète un peu plus, d'autant que le groupe PSA a beaucoup misé sur ce marché. Le temps nous dira s'ils ont eu raison ou tort, mais dans tous les cas d'autres eldorados pourront peut-être aussi s'ouvrir à l'avenir.

En tout cas, c'est bien courageux de lancer une marque automobile par les temps qui courent et par les incertitudes qui planent au dessus de l'industrie automobile, en espérant que DS aura suffisamment de temps pour devenir la marque qu'elle veut être.

Galerie: Premières impressions - DS 9 (2020)