Notre voyage à travers la vallée "enchantée" de la belle mécanique avait commencé à Modène, avec la visite de l'usine Maserati de Via Ciro Menotti, qui a récemment vu la toute dernière GranTurismo sortir de la chaîne de production.
Aujourd'hui nous vous emmenons 20 km plus au sud, vers San Cesario sul Panaro, une petite ville de 6000 âmes qui abrite l'un des noms les plus vénérés de l'Olympe de l'automobile : Pagani. Ici, nous avons non seulement eu l'occasion de voir de plus près le processus qui a donné naissance à la Zonda et à la Huayra, mais aussi de parler à Horacio Pagani, le fondateur de la société qui, après 20 ans d'existence, se prépare à une importante révolution.
Anniversaire spécial
Au bon endroit au bon moment. C'est ce qu'on pourrait dire des débuts de constructeur de Pagani avec la Zonda qui ont eu lieu en 1999 au Salon de l'automobile de Genève. Et la supercar, propulsée par un V12 atmosphérique, n'aurait pas pu mieux vieillir. Au contraire même, elle est aujourd'hui plus jeune que jamais, car les clients continuent de la plébisciter, réclamant des versions spéciales, obligeant le constructeur à la mettre à jour en permanence.
La rencontre de Pagani avec Dieter Zetsche, actuel grand patron de Daimler, pour la fourniture des moteurs V12, est particulière et presque comique : "Il était ingénieur chez Mercedes-Benz, et quand je lui ai montré l'illustration et les photos du modèle Zonda, il m'a dit que c'était une voiture intemporelle."
Et Horacio Pagani de rajouter : "Je lui ai alors dit que c'était mieux ainsi, parce qu'à l'époque je n'avais plus d'argent et qu'il me faudrait beaucoup de temps pour fabriquer la voiture". Il aura fallu en effet six années de plus jusqu'à la présentation au Salon de l'automobile de Genève.
Une philosophie qui embrasse l'art et la science
"Les clients d'aujourd'hui, du moins les clients de Pagani, sont extrêmement exigeants. Une machine est faite de dix mille composants, en considérant le moteur comme une pièce unique. Si chacun de ces composants a été longuement étudié, ils doivent aussi générer des émotions. Même un bras de suspension, qui est un composant purement technique, pour nous c'est un objet qui doit vous transmettre quelque chose, qui doit vous donner une émotion".
Futur zéro émission
Fait plutôt intéressant à propos de la future supercar à zéro émission, c'est que jusqu'à présent, pas même un seul concessionnaire ni client de Pagani n'a réclamé de voiture électrique ou hybride. Ce qui montre bien l'importance de la mécanique chez le constructeur italien. Le projet de la C10, la voiture qui suivra la Zonda, sera achevé en 2022 et mettra en circulation le nouveau moteur V12 Pagani, qui sera conforme jusqu'en 2025 ou 2026 aux réglementations les plus strictes, y compris celles de la Californie. Et la suite ?
"En 2024, nous lancerons une version de cette C10 entièrement électrique. C'est un projet sur lequel nous travaillons depuis un an et demi et nous y croyons. Le fait que personne ne nous l'ai demandé, rend la chose beaucoup plus intéressante, pour ne pas dire beaucoup plus difficile !"