"L'homme n'est rien d'autre que la série de ses actes." Dans l'Encyclopédie, l'homme est ainsi défini : ce sont ses actes qui le font. Aussi, comment doit-on considérer Gordon Murray, l'ingénieur en charge des F1 McLaren et de la McLaren F1, de la Caparo des années 2000 et tout dernièrement, de cet étrange camion ? Probablement de génie moustachu, si ce n'est plus.
D'aspect extérieur, ce Global Vehicule Trust OX n'a rien de bien intéressant au programme. Ce sont les idées qu'il renferme qui valent le détour. Ce petit camion est, en fait, un projet de véhicule plus moderne, à destination des pays émergents. L'idée, c'est de remplacer les autos exsangues de ces marchés par ce genre de camions, polyvalents, peu chers, faciles à entretenir, et solides comme tout.
C'est ainsi que le cahier des charges est arrivé sur le bureau de Gordon Murray. Pour faire simple, il est l'homme de tous les défis en Formule 1, Murray a fait gagner Brabbham et McLaren, avant de dessiner l'une des autos de route les plus extraordinaires de l'histoire, la McLaren F1. Pour le Sud-Africain, le défi est de taille. Faire des autos chères, il sait, mais des autos bon marché et pratique, qu'en est-il ?


Simplicité efficace
Il faut croire que les bonnes idées ne sont pas seulement dues à l'argent. Ainsi, l'homme a pensé à réaliser une voiture "Ikea". Entièrement démontable, et ne demandant que trois personnes et douze heures de travail pour être assemblée. L'idée d'une voiture en kit n'est évidemment pas nouvelle, mais dans le cas de ce camion, elle vient à point. Outre le fait de baisser les prix, il permet un transport facile des véhicules depuis la Grande-Bretagne vers l'Afrique, par exemple. Six camions démontés peuvent ainsi être transportés dans un container.


Sur route, le camion est aussi efficace. D'une part, l'on reconnait la patte de Gordon Murray, avec ce poste de conduite central. Ainsi pas besoin de s'inquiéter d'une version à conduite à droite ou à gauche. Soit de l'argent encore économisé pour l'étude et la production de pièces. Sous le capot, on retrouve un moteur diesel 2,2 litres de 100 chevaux, qui entraîne les roues avant. Le châssis lui-même est extrêmement simple, puisqu'en acier soudé, tandis que la carrosserie est en fibre de verre et en contreplaqué.
Sur route, le camion peut transporter jusqu'à 13 personnes, et embarquer par exemple, trois palettes standard, dans sa partie arrière, ou même deux tonnes de cargaison ! Comble de l'efficacité, les assises arrières peuvent être démontées et utilisées comme planches pour désembourber le XO. Bien sûr, côté style ce n'est pas ça : tout a été fait pour rendre le véhicule pratique. Tout est taillé à la serpe : pas d'arrondis, le pare-brise est divisé en trois pour des questions de rigidité... Mais le résultat est là, le véhicule semble bien réalisé, et presque attachant !


Pour Gordon Murray, il s'agit "sans aucun doute de l'un des projets les plus intéressants et les plus difficiles" qu'il a entrepris dans sa carrière longue de 45 ans. Étudier une faisabilité économique et pratique, voilà, selon lui "un voyage fascinant et stimulant du concept au prototype". Reste désormais à faire entrer en production ce véhicule. Là, c'est désormais le travail de Sir Torquil Norman, le président de GVT. Et probablement qu'il lui reste du chemin à parcourir.