En 2018, la Ford Mustang de sixième génération s'est offerte un large restylage et une grosse mise à jour mécanique. Le résultat ? Une GT nettement plus sportive que la première phase s'accordant maintenant avec les standards européens. L'année 2018, c'est aussi les cinquante ans d'un film devenu mythique grâce à une course-poursuite de plus de dix minutes dans les rues de San Francisco entre une Ford Mustang et une Dodge Charger : Bullitt. Comme en 2001 et en 2008, Ford offre une édition spéciale en référence au film à sa Mustang. Pourtant, l'histoire entre la firme américaine et l'acteur et pilote Steve McQueen n'a pas toujours été rose. C'est d'ailleurs en raison d'un désaccord entre Ford et l'acteur que la Mustang verte du film est complètement dénuée de logo.

Essai Ford Mustang Bullitt
Essai Ford Mustang Bullitt

Revenons rapidement sur l'histoire des deux Ford Mustang qui ont servi pour le tournage du film. En janvier 1968, la société de production Warner Bros commande à la firme américaine deux Mustang pour un film de Peter Yates. L'une a servi aux scènes de cascade de la course-poursuite, tandis que la seconde est celle conduite par Steve McQueen dans le reste du film. Elles portent les numéros de série 8R02S125558 et 8R02S125559. La 558 fût mise au rebut mais, à la surprise générale, n'a pas été détruite. Elle a même été retrouvée il y a quelques mois au Mexique. La version 559 a été vendue à un employé de la société de production, un certain Douglas Ross. La voiture fût ensuite cédée en 1970 à Robert et Robbie Kiernan pour la modique somme de 6000 dollars, soit l’équivalent de 37'500 dollars d'aujourd’hui (et plus précisément 30'550 euros).

L'histoire ne s'arrête pas là parce qu'elle est encore plus belle après. Pour Robert et Robbie Kiernan, il est inenvisageable de laisser la voiture dormir dans le garage. De ce fait, ils s'en servent quotidiennement pour leurs déplacements. En 1977, ils reçoivent cependant un courrier d'un certain Steve McQueen. L'acteur souhaite récupérer "sa" Mustang qu'il aimerait "conserver en famille dans son état d'origine plutôt que d'avoir à la faire restaurer". Malheureusement pour l'acteur, Robert Kiernan refuse malgré sa proposition de lui trouver une Mustang similaire. Aujourd'hui, la voiture appartient toujours à la famille Kiernan et c'est Sean, le fils de Robert, qui s'est chargé de la restaurer il y a quelques années et de la remettre sur le devant de la scène récemment, à l'occasion de la présentation de la nouvelle Ford Mustang Bullitt.

1968 en filigrane

Si l'absence de logo était du à un désaccord entre Steve McQueen et Ford, encore aujourd'hui la Mustang Bullitt ne présente toujours pas de logo en référence au modèle originel. Ce n'est pas la seule similitude entre les deux modèles puisque la nouvelle version arbore une teinte verte spécifique dénommée "Dark Highland Green". Il ne s'agit pas spécifiquement de la même teinte que la Mustang de 1968, mais nous nous y approchons sérieusement. L'auto est aussi disponible en noir si vous souhaitez faire une petite entorse à la tradition. Le noir qui est aussi la couleur de la Dodge Charger qui pourchassait la Mustang de Steve McQueen dans le film. On remarque également d'autres petits clins d'œil avec notamment ces jantes noires de 19 pouces qui évoquent le dessin des jantes de style Minilite de l'époque. À noter que la Ford Mustang Bullitt millésime 2018 n'est disponible qu'en version Fastback.

Essai Ford Mustang Bullitt
Essai Ford Mustang Bullitt

À l'intérieur, les références au passé sont moins prononcées. En réalité seuls les sièges en cuir noir (chauffants et ventilés) et le pommeau du levier de vitesses en Bakélite font référence à l'ancien modèle. En option à 1800 euros, vous pourrez opter pour des sièges baquets Recaro. Le bois a laissé place à de l'aluminium brossé, de l'aluminium déjà présent sur la Mustang de 1968 au niveau de la console centrale. On retrouve bien évidemment tous les équipements que nous avions déjà découverts sur cette nouvelle Mustang lors de notre essai qui a eu lieu précédemment. Les matériaux sont bien assemblés et de bonne qualité. La Mustang fait également un bon en avant au niveau des technologies embarquées avec un système d'instrumentation numérique emprunté à la Ford GT et un système d'info-divertissement SYNC 3 dans l'air du temps, mais globalement toujours assez compliqué à utiliser en raison d'une ergonomie peu soignée.

Essai Ford Mustang Bullitt
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Big block

En ouvrant le capot, point de quatre cylindres mais bien un V8. C'est d'ailleurs la seule motorisation retenue par Ford pour la Bullitt, comme son illustre aînée qui était équipée d'un V8 développant 325 chevaux. Le V8 de la nouvelle Mustang nous le connaissons puisqu'il s'agit du 5,0 litres Coyote. Par rapport à la Mustang GT, la puissance de la Bullitt a été augmentée de dix chevaux pour passer de 450 à 460 équidés. Le couple n'évolue pas et reste de 530 Nm. La voiture est uniquement disponible en boîte manuelle à six rapports qui est chargée de distribuer la puissance aux seules roues arrière. Techniquement, pas mal de choses ont évolué par rapport à la première phase, nous vous invitons à consulter notre essai de la Ford Mustang GT pour en découvrir tous les tenants et les aboutissants.

Une américaine à l'accent bien européen

Du côté de la conduite, inutile de vous préciser que les dix chevaux de plus ne se ressentent absolument pas par rapport à une Mustang V8 "classique". Néanmoins, nous retrouvons toutes les caractéristiques nous ayant séduit sur la GT, c'est-à-dire la présence de nouvelles suspensions pilotées MagneRide (en option à 2000 euros) et d'un nouveau système d'amortissement, plus ferme dans l'ensemble, qui permet à la Mustang de moins s'affaisser sur ses appuis. Terminé les effets de flottement de la première phase, place à une GT plus aboutie, qui tient mieux la route. On doit aussi ça à la présence de pneumatiques Michelin Pilot Sport 4 S au grip hallucinant qui remplacent les anciens Pirelli P Zero (ceux-ci sont néanmoins conservés sur la Mustang quatre cylindres). Les barres anti-roulis ont également été élargies pour mieux contenir les mouvements de caisse.

Essai Ford Mustang Bullitt
Essai Ford Mustang Bullitt

Cela donne donc une Mustang un peu plus agile en virage, rivée au sol, et surtout bien plus sécurisante. Les performances sont honorables avec un 0 à 100 km/h abattu en 4,6 secondes et une vitesse maximale de 250 km/h. En revanche, avec 1818 kilos sur la balance, ne vous attendez pas non plus à une ballerine. Malgré des performances et un comportement en net progrès, il s'agit toujours d'une voiture parfaite pour la balade mais qui montrera quelques limites au moment où il faudra vraiment hausser le rythme. Non pas qu'elle sera dépassée, loin de là, mais la direction atone et son agilité relative rappelleront qu'il s'agit bien d'une grosse GT et non d'une supercar. Cela n'empêche pas la voiture d'être joueuse, mais pour cela il faut passer en mode Track via le système de sélection des modes de conduite et penser à bien retirer l'ESP via une pression de plusieurs secondes sur la commande dédiée. Si vous ne le retirez que partiellement, l'ESP interviendra avant même l'entame de la glisse et viendra couper l'injection en sortie de courbe.

Cela n'empêche pas la voiture d'être joueuse, mais pour cela il faut passer en mode Track via le système de sélection des modes de conduite et penser à bien retirer l'ESP via une pression de plusieurs secondes sur la commande dédiée.

En plus des quatre modes de conduite que nous connaissions initialement sur l'ancienne phase (Normal, Sport+, Track et Neige), deux nouveaux modes ont été ajoutés : Drag Strip Mode & MyMode. Le premier permet d'avoir la puissance maximale au moment d'un départ-arrêté et le second permet de configurer chaque élément (réglage de la direction, pression sur l'accélérateur) indépendamment. Parmi les autres nouveautés, nous pouvons citer par exemple le système de valves actives à l'échappement (un échappement qui sonne beaucoup mieux qu'auparavant soit dit en passant) et l'apparition d'un mode "Discret" permettant de calfeutrer les borborygmes du V8 au démarrage pour ne pas déranger son voisinage. La Mustang est également toujours équipée de série du Line Lock (blocage des freins à l'avant et patinage des roues arrière) et de la fonction Launch Control. À noter enfin que pour freiner, la voiture peut compter sur des disques ventilés signés du spécialiste italien Brembo. À l'avant, nous retrouvons des freins de 380 millimètres de diamètre et à six pistons, tandis qu'à l'arrière nous retrouvons des disques de 330 millimètres et à deux pistons.

Essai Ford Mustang Bullitt
Essai Ford Mustang Bullitt
Essai Ford Mustang Bullitt

82 exemplaires pour la France en 2018

Convaincu par cette Ford Mustang Bullitt ? Certainement. Vous souhaitez vous en offrir une ? C'est peut-être encore possible en tenant compte des nouvelles affectations prévues en 2019, les 82 exemplaires prévus pour la France en 2018 ayant tous été vendus. La production de la Ford Mustang Bullitt est limitée sur deux ans, il reste donc encore l'année 2019 à écouler à l'heure où nous écrivons ces lignes. L'auto débute à partir de 54'900 euros. Seules trois options peuvent être ajoutées : la sellerie en cuir Bullitt avec les sièges baquets Recaro (1800 euros), une sirène auto-alimentée (400 euros) et la suspension adaptative MagneRide (2000 euros). C'est 7000 euros de plus qu'une Mustang V8 classique, mais force est de constater que le prix reste toujours avantageux pour une voiture de ce type. En France, il faudra également composer avec un malus écologique de 10'500 euros. Notre version d'essai revient donc à 69'600 euros avec toutes les options et les frais d'immatriculation. Soyons honnêtes, nous avons vu de futurs collectors bien plus onéreux que cette Mustang Bullitt.

 
Points positifs Points négatifs
Un futur collector ESP toujours trop intrusif
Moteur vigoureux Malus assassin
Sonorité démentielle Version trop limitée

Galerie: Essai Ford Mustang Bullitt (2019)

Ford Mustang Bullitt - 5,0 litres 460 chevaux BVM6

Motorisation Essence, huit cylindres en V, 4951 cm³, atmosphérique
Puissance 460 chevaux / 530 Nm
Transmission Boîte manuelle à six rapports
Type de transmission Propulsion
0-100 km/h 4,6 secondes
Poids 1818 kg
Volume de coffre 408 litres
Places 4
Economie de carburant Urbain : 16,6 l/100 km / Extra-urbain : 8,8 l/100 km / Mixte : 12,4 l/100 km
En vente 2018
Prix de base 54'900 €
Prix de la version testée 56'900 €

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