Comme la majorité des automobilistes aujourd'hui, vous utilisez régulièrement, pour ne pas dire quotidiennement, des applications ou des services d'aides à la conduite. Waze et Coyote trustent assez largement les premières places des applications les plus utilisées, et pour cause.

Grâce à une communauté bien établie, le signalement d'un danger sur la route, d'un ralentissement, d'un accident ou encore d'un contrôle radar ne prend parfois que quelques secondes. Cependant, certains services posent problème en matière de sécurité routière, notamment le signalement des contrôles radar. Ainsi, le signalement de certains contrôles routiers jugés sensibles devait être interdit au 1er novembre.

Pour rappel, Coyote contestait un article non encore appliqué du Code de la route (loi du 24 décembre 2019) qui prévoit l’interdiction totale, à l’occasion de certains contrôles routiers, "de rediffuser les messages et indications émis par les utilisateurs de ce service", même si ces indications n’avaient pas de rapport avec le contrôle. Cette mesure avait été prise par le législateur après les attentats de 2015. À la base, l’idée était de rendre invisibles certains contrôles sur tous les axes routiers pour permettre aux forces de l’ordre de mieux traquer les personnes en fuite, et sans les alerter.

Les Sages avaient été saisis d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) par le Conseil d'Etat en septembre, suite à une requête du fabricant de systèmes d'aide à la conduite et à la navigation Coyote System.

Cette interdiction, sous le contrôle des préfets, ne valait que sur les routes départementales. En vertu d'une disposition de l'Union européenne, les préfets ne pouvaient en effet pas empêcher les échanges entre automobilistes sur les autoroutes et les routes nationales. Toujours à l'exception des contrôles impliquant l'interception des véhicules par les forces de l'ordre.

Lors d'une audience du Conseil constitutionnel délocalisée à Bourges le 16 novembre, les avocats de Coyote System avaient reproché à ces dispositions "de porter atteinte à la liberté d'expression et de communication", "une atteinte qui ne serait ni nécessaire, ni adaptée, ni proportionnée à l'objectif poursuivi par le législateur".

Dans sa décision, le Conseil constitutionnel a rappelé l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme". "Ce droit implique la liberté d'accéder à ces services et de s'y exprimer", note-t-il dans un communiqué.

L'interdiction de communiquer certaines informations en temps réel peut toutefois être appliquée par les préfets dans le cas de contrôles routiers impliquant l'interception des véhicules, ont rappelé les Sages. Ce blocage peut donc être prononcé temporairement par les préfets pour des contrôles d'alcoolémie et de stupéfiants, à certains contrôles d'identité, fouilles de véhicules et bagages, à des recherches pour des crimes ou délits punis d'au moins trois ans d'emprisonnement ou à la recherche de personnes en fuite.

"Cette interdiction ne s'applique qu'à ces contrôles limitativement énumérés, au nombre desquels ne figurent pas les contrôles de vitesse", précise le Conseil constitutionnel.

La société Coyote a salué cette décision qui permet aux automobilistes de "continuer de s'informer en temps réel des dangers de la route". Son directeur  général Benoit Lambert, cité dans un communiqué, y voit "une reconnaissance officielle supplémentaire de la contribution de nos outils à la sécurité routière". (avec AFP)

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