Les Zones à faibles émissions (ZFE), qui réservent l'accès à des aires urbaines aux véhicules les moins polluants, se sont multipliées depuis le 1er janvier 2022. On en compte aujourd'hui 11, avant leur introduction prévue dans une trentaine d'agglomérations supplémentaires en 2025. Jugées par certains trop restrictives tant par des automobilistes que par certaines municipalités, certaines ZFE vont cependant être assouplies.
Depuis le mois de mars, le Sénat travaillait sur des solutions pour "renforcer l'acceptabilité" des ZFE et le comité ministériel sur la qualité de l'air en ville a remis un rapport ce lundi, notant une amélioration de la qualité de l'air (NO2) dans plusieurs villes.
Six agglomérations ayant déjà mis en place des ZFE (Grenoble, Montpellier, Nice, Reims, Saint-Étienne et Toulouse) deviennent des "territoires de vigilance" et n'ont plus l'obligation légale de renforcer les mesures déjà en place.
Les cinq autres (Aix-Marseille, Lyon, Paris, Rouen et Strasbourg) restent des "territoires ZFE" et vont devoir maintenir les restrictions prévues pour les prochaines années.
Concrètement, cela signifie que dans les six villes où les mesures sont assouplies, l'interdiction prévue au 1er janvier 2024 de la circulation des véhicules à vignette Crit'Air 3 (diesel de plus de 14 ans et essence de plus de 16 ans, qui représentaient 22% des véhicules en circulation en 2022) ne sera finalement pas mise en place.
Cette interdiction va en revanche rester en place dans les territoires ZFE, au 1er janvier 2025, tout comme la fin de la circulation des véhicules Crit'Air 4 (diesel de plus de 19 ans, 7% des véhicules en circulation en 2022) au 1er janvier 2024. Des dérogations seront néanmoins possibles pour certains usagers de la route, notamment les professionnels.
Le gouvernement assume, des associations s'agacent
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, estime que les Zones à faibles émission ont souffert d'une image négative à tort depuis leur introduction. Il se félicite de leurs effets sur l'environnement.
"Le paradoxe, depuis leur mise en place, c’est qu’elles ont permis une baisse significative de la pollution de l’air, en lien avec l’ensemble des politiques mises en œuvre par le gouvernement et les collectivités locales pour favoriser l’essor des mobilités douces, mais que des exagérations et des fausses informations ont conduit à ce qu'elles soient parfois perçues comme un facteur d’exclusion, en particulier de nos concitoyens les plus modestes", déplore le ministre.
Christophe Béchu estime que les ZFE restent un "dispositif clef pour réduire l’impact déterminant des émissions des véhicules" malgré les mesures annoncées cette semaine.
Selon Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, déclare de son côté que le comité ministériel qui a mené à cet assouplissement a permis de trouver "des solutions concrètes pour favoriser une mise en œuvre juste des ZFE."
Santé Publique France estime que les particules fines sont à l'origine de 47 000 décès prématurés chaque année. Dans ce contexte, l'association Respire, qui milite pour l'amélioration de la qualité de l'air, ne comprend pas l'assouplissement des Zones à faibles émissions.
"Je pense surtout que les mesures annoncées enterrent les ZFE. Ce qui a été annoncé, c'est un renoncement", a estimé Tony Renucci, directeur de l'association, interrogé par franceinfo.
Il estime que l'État n'a "rien compris à l'urgence de la qualité de l'air" et envoie "un message contre-productif qui laisse à penser qu'il n'y a plus besoin de faire d'efforts parce que la situation s'améliore."