Sur quoi porte le travail des équipes de chercheurs des deux groupes automobiles français ? Essentiellement, comme nous allons le voir, sur le véhicule autonome, le véhicule électrique et sur l’expérience utilisateur.

Nouvelles motorisations, véhicule autonome, connectivité… les constructeurs disposent d’équipes de chercheurs qui travaillent en permanence sur l’automobile de demain. Nous sommes allés à la rencontre des deux groupes automobiles français pour mieux comprendre leurs domaines de recherches actuels. Sans surprise, la voiture autonome, dont on attend l’arrivée sur nos routes autour de l’année 2020, occupe largement PSA et Renault. Mais ces derniers mettent aussi tous les deux l’accent sur l’expérience utilisateur.

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Une recherche en réseau

"Les trois principaux axes stratégiques de recherche pour l’Alliance Renault-Nissan sont le véhicule connecté, le véhicule autonome et le véhicule électrique", rappelle d’entrée de jeu Virginie Maillard, directrice recherche et stratégie recherche du groupe Renault. D’autres domaines de recherche sont toutefois également considérés comme la prise en compte des émotions et les préférences des conducteurs ou de leurs passagers ainsi que la personnalisation des véhicules. "Nous pouvons nous appuyer sur une équipe de personnes spécialisées dans l’étude du facteur humain", précise Virginie Maillard. Celle-ci réunit des compétences diverses et variées au point de comprendre, comme nous l’apprend la directrice de recherche et stratégie recherche, un philosophe.

Qui dit recherche dit en outre réseau de recherche. Ce dernier compte des laboratoires partenaires, souvent rattachés à des institutions, des écoles ou des universités, mais également des fournisseurs, parfois des villes et même des concurrents. "Nous sommes impliqués dans seize projets européens pour lesquels on dénombre en moyenne une dizaine de partenaires", note Virgine Maillard. Les fournisseurs ont depuis de nombreuses années déjà vu leur rôle évoluer. Selon Virginie Maillard, le concept Eolab dévoilé au Mondial de l’automobile de Paris en 2014 constitue de ce point de vue un "véritable symbole", celui d’un partage à part égale des coûts et des risques liés.

Dossier recherche PSA et Renault

Les véhicules autonomes en petite série dès 2020

C’est au tournant de la prochaine décennie que les premiers véhicules autonomes doivent faire leur apparition sur les routes. Laurent Taupin, ingénieur en chef véhicule autonome du groupe Renault, nous indique des changements radicaux induits : "Nous désignons par la terminologie eyes off hands off la possibilité pour le conducteur de ne plus tenir le volant et de ne plus regarder la route. Cette rupture pourra intervenir à partir de 2020 chez Renault. Le conducteur, durant les phases de conduite autonome, n’aura plus de devoir de vigilance. Un transfert de responsabilité vers le constructeur automobile sera alors effectif. Plusieurs obstacles d’ordre technologique voire scientifique existent encore avant de parvenir à une conduite autonome complète. La principale limite a trait à la capacité des ordinateurs de gérer des informations multiples et redondantes".

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Les périodes de conduite autonome vont forcément avoir un impact sur l’aménagement de l’habitacle : "Il va s’agir d’augmenter la mise à disposition de contenus, de donner davantage de latitude au conducteur pour se restaurer ou se reposer durant les trajets concernés". Lesquels ne se cantonneront pas forcément aux longs parcours autoroutiers parfois monotones : "Le scénario urbain peut s’avérer très intéressant. Notamment pour les commuters (personnes qui, habitant en banlieue ou dans des zones péri-urbaines, viennent travailler en centre-ville)", note Laurent Taupin.

Si le véhicule 100 % autonome capable d’assurer un trajet d’un point A à un point B en délégation complète de responsabilité n’est pas encore envisageable, essentiellement pour des raisons de coût, l’ingénieur précise que "des petites séries de quelques centaines de véhicules, sans doute basés sur des Espace de nouvelle génération", seront bien opérationnels à la date prévue par le groupe, soit en 2020. Impossible en revanche de connaître les modalités de vente, lesquelles "sont encore en discussion". On sait toutefois que ces voitures devraient être accessibles aussi bien aux particuliers qu’à des flottes.

Dossier recherche PSA et Renault
Dossier recherche PSA et Renault

Vous avez dit expérience ?

Bien entendu, l’introduction progressive de la conduite autonome, même partielle, va bouleverser notre rapport à l’automobile et à la conduite. A tel point que chez les constructeurs on n’hésite pas à envisager qu’un jour peut-être on n’aura plus besoin de savoir conduire. Pour concevoir l’habitacle de demain, PSA a choisi de réunir sur un même plateau, localisé à l’ADN de Vélizy, le centre R&D du groupe français, plus de 230 personnes au sein d’une entité ouverte au mois de juin dernier et dénommée User Experience Cockpit Team (UXCT).

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Ici on travaille de manière transversale et différents métiers sont représentés afin de répondre à l’ensemble des projets du groupe : recherche, concept-cars, avant-projets mais aussi vie série. Lorsque l’on entre dans le vaste open-space qui lui est dédié, on est de suite frappé par l’ambiance qui y règne. L’UXCT est dirigée par Saran Diakité Kaba, responsable Expérience Utilisateur & Interaction Homme Machine chez PSA. Cette dernière ne cache pas que la conception de ce plateau a été inspirée par ce qui se fait dans des entreprises de haute technologie ou dans des start-up. "Nous avons aussi aménagé des petites salles de réunion que nous avons appelées 'wagons' ou encore une salle baptisée 'théâtre'. Les murs des wagons sont entièrement blancs ; il est possible d’écrire et de réécrire dessus à volonté. Nous avons veillé à mettre en place une nouvelle manière de travailler qui laisse la part belle à la créativité", justifie Saran Diakité Kaba qui réserve d’ailleurs une demie journée par semaine à l’enseignement dans une école de design.

 

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C’est d’ailleurs du design que vient la culture de l’expérience utilisateur qui est insufflée sur ce plateau. Ici des sound designers (qui ont par exemple conçu un nouveau son pour le rappel de clignotant de la dernière génération de Citroën C3) côtoient des spécialistes de la voiture autonome ou encore de l’expérience polysensorielle. Dans ce domaine, l’attention porte par exemple sur l’intensité des éclairages, sur la diffusion de fragrances. Il faut savoir que les besoins varient fortement d’une région à l’autre du monde et que chaque choix est opéré en fonction des valeurs propres à chacune des trois marques du groupe. Un peu à l’écart de l’open-space se trouve une autre salle qui abrite des simulateurs. On est invité à monter sur un siège et à porter des lunettes 3D afin de se retrouver à l’arrière d’une voiture dans la position d’un enfant en bas âge. On s’aperçoit alors vite des difficultés que les plus petits peuvent rencontrer à bord d’une voiture, incapables le plus souvent d’atteindre des éléments qui, pour un adulte, semblent pourtant à portée de main.

On le constate à travers les recherches effectuées par les groupes PSA et Renault : l’automobile n’a pas fini d’évoluer. Bien au contraire, sous l’impulsion de la conduite autonome notamment mais aussi d’une nouvelle manière d’envisager le rapport que nous entretenons avec les machines, il y a fort à parier que la voiture telle qu’on l’a connue au XXe siècle ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir.

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