L'immédiat après-guerre est une période phare pour les constructeurs britanniques. Forts d'un savoir-faire remarquable en voitures de sport "abordables" et plutôt innovantes, Jaguar, surtout, mais également Aston Martin, MG, Triumph, vont se tailler une part de lion dans le domaine des voitures sportives.
Sur circuit également, les Anglais vont se montrer intraitables. Ainsi, à partir de 1951, Jaguar va entamer une moisson de victoires impressionnantes avec les Type C puis Type D, faisant face à Ferrari, Maserati et surtout Aston Martin. La marque de David Brown cherche à s'imposer en Endurance, en témoigne le projet DB3, récompensé par trois deuxièmes places aux 24 Heures du Mans jusqu'en 1958, et quatre victoires de catégorie.
Cependant, ces deuxièmes places ne suffisent pas à David Brown, qui veut une victoire absolue aux 24 Heures du Mans. C'est ainsi que nait la DBR1, une voiture totalement nouvelle, en 1956, qui profite du nouveau règlement qui n'impose plus de dérivés de voiture de série. Elle reçoit le six cylindres en ligne Lagonda de 2,5 litres, avant de recevoir un moteur plus poussé, le RB6.300 de 3 litres de cylindrée, qui offre 250 chevaux, à partir de 1957.
La DBR1 va rencontrer de nombreux succès en compétition, s'imposant à Spa, au Nürburgring, à Goodwood, et surtout aux 24 Heures du Mans en 1959 avec Roy Salvadori et Carroll Shelby. La seule victoire absolue d'Aston Martin en Sarthe.
C'est donc un modèle légendaire que RM Sotheby's met en vente à l'occasion de sa vente annuelle à Monterey, les 18 et 19 août prochains. La maison de vente américaine propose ici le châssis 1, le premier produit de l'histoire de la marque. Une voiture qui a été alignée dès 1956 en course, avec Reg Parnell et Tony Brooks. Par la suite, ce furent des pilotes comme Roy Salvadori, Carroll Shelby, Moss, Brabham. Cette voiture va néanmoins remporter les 1000 km du Nürburgring en 1959 avec Moss et Fairman à son volant.
Ce châssis #1 est vendu dans un état concours, avec une boîte de vitesses 5 rapports refaite à l'identique. C'est également la dernière évolution du six cylindres qui est installée à bord.
La voiture est estimée à 22,6 millions d'euros. Une somme qui semble tout à fait envisageable, puisque seulement 5 DBR1 ont été produites à l'origine. Si elle dépasse les 22 millions d'euros, elle pourrait devenir la voiture britannique la plus chère de l'histoire, dépassant sa rivale de toujours, la Jaguar Type D.