Doucement mais sûrement, Infiniti est en train de se faire sa place en Europe. Après une année 2016 record et des ventes galvanisées par l'arrivée de l'Infiniti Q30, la marque premium de l'Alliance Renault - Nissan continue son petit bonhomme de chemin sur le vieux Continent. Implantée depuis déjà quelques décennies aux États-Unis, Infiniti est encore une jeune marque en Europe, mais entend bien dans les années à venir, tenter de jouer les trouble-fêtes parmi les trois ogres germaniques qui se partagent la part du gâteau du segment premium.
Infiniti n'est pas seul à vouloir s'imposer dans l'univers du haut de gamme, Lexus ou encore DS sont aussi des marques à suivre avec des propositions intéressantes. En attendant, Infiniti vient certainement de faire un joli coup avec cette nouvelle Q60. Loin de devenir le best-seller de la marque en Europe, il s'agit d'un produit de niche chargé principalement de donner de la visibilité à une marque qui en manque encore un peu aujourd'hui. Sans avoir bouleversé les codes, les designers ont sans doute réalisé l'une des plus jolies voitures de la décennie en réussissant à marier subtilement élégance, sportivité et raffinement.
La plus latine des japonaises
Alfonso Albaisa. C'est à lui et ses équipes que nous devons le dessin de la nouvelle Infiniti Q60. Directeur du design au sein de la marque, il a su avec brio redonner de l'élan au constructeur avec une voiture qui ne casse pas les codes mais qui les rassemble. Absolument rien n'est surfait, même pas cette ligne de force très marquée au niveau des flancs qui vient accentuer le caractère de l'auto. Le capot, légèrement bombé à ses extrémités et nervuré, participe à rendre cette face avant à la fois anguleuse et musclée, Coupé oblige, la ligne de toit, fuyante, tombe comme d'un seul trait sur une poupe là aussi subtilement accordée avec, à son extrémité, un petit becquet intégré dans la masse.
L'arrière est à nos yeux encore plus spectaculaire que l'avant. Si la double sortie d'échappement fait son petit effet, c'est plutôt cette ceinture de caisse et cette malle très haute qui donne une impression de robustesse. Les optiques, finement ciselées mordent sur les hanches de l'auto, et le bouclier, pincé à ses deux extrémités lui donnent des airs de super sportive d'une innocente sagesse. Concrètement, pas de gros défauts à nos yeux, nous aurions juste un bémol peut-être au niveau de l'entourage de la surface vitrée cerclée d'un jonc chromé, un peu cheap à notre goût, et le découpage de la vitre de custode arrière un poil torturé en raison de la hauteur de la ceinture de caisse.
Un habitacle aujourd'hui trop juste
Clairement positionné dans l'univers du premium, Infiniti se doit aujourd'hui de se mettre au niveau des références du segment. Malheureusement ce n'est pas encore le cas, la faute à un ensemble encore trop axé sur le marché US avec des matériaux de bonne qualité certes, mais qui se rapproche davantage de la dernière Ford Mustang plutôt que de la dernière Audi A5. Globalement, peu de choses changent par rapport à une Infiniti Q50, on retrouve toujours ces deux écrans tactiles plutôt intuitifs et ergonomiques, quelques touches physiques sur les côtés, et une instrumentation physique classique plus vraiment au goût du jour.
Si l'Infiniti Q60 était encore moins onéreuse que ses concurrentes, passons, mais ce n'est pas vraiment le cas. Là où une Audi A5 Coupé 2,0 litres TFSI 190 chevaux débute à partir de 40'370 € et la BMW la Série 4 Coupé à 42.750 € avec le modèle 420i et son bloc 2,0 litres de 184 chevaux, la Q60, certes plus pourvue en équidés, démarre à partir de 44'390 € sous son premier niveau de finition baptisé Premium. C'est pratiquement autant qu'une Mercedes Classe C 250 Coupé équipée du même moteur que la Q60, à savoir un quatre cylindres 2,0 litres de 211 chevaux, mais jumelé à une nouvelle boîte automatique à neuf rapports. Difficile donc pour la Q60 de se faire une place parmi ces trois constructeurs qui proposent, pour la majorité, une voiture moins onéreuse, mieux finie et plus technologique.
À défaut d'être sportive...
Celle-ci est rudement confortable ! Clairement, pour la sportivité, malgré ses lignes dynamiques, il faudra sans doute passer un niveau au-dessus avec la version 3,0t animée par un V6 maison délivrant 405 chevaux. Notre modèle d'essai, partenariat entre l'Alliance Renault - Nissan et Daimler oblige, est équipé du moteur quatre cylindres 2,0 litres de 211 chevaux de chez Mercedes. Un bloc connu et reconnu, surtout quand il est associé à la boîte automatique à sept rapports, douce et confortable, mais en aucun cas sportive.
La fiche technique le démontre d'elle-même, le 0 à 100 km/h est abattu en 7,3 secondes, correct mais loin d'être envoûtant. Pour les sensations nous repasseront, le modèle V6 saura sûrement nous contenter à l'occasion d'un prochain essai. Cependant, cette version quatre cylindres est tout de même très intéressante puisqu'elle s'avère très sérieuse dans à peu près tous les domaines. L'amortissement, clairement typé confort est convenable, le train avant est excellent, et le train arrière plutôt sage pour une propulsion.
La sportivité ? Ce n'est pas son créneau. Elle laisse ça à son homologue équipé d'un V6 et de quatre roues motrices.
Notre modèle d'essai était équipé de la direction Steer by Wire (option à 1000 € ou de série sur les versions Sport), qui a pour particularité de se passer de lien mécanique entre le volant et les roues. Tout cela est remplacé par des capteurs et des moteurs électriques afin d'ajuster son degré de fermeté et son ratio de démultiplication. Cela nous donne une direction là aussi clairement orientée confort mais avec plus de consistance par rapport à la dernière Infiniti Q50 essayée. Par contre au niveau du feeling et de la remontée d'informations, nous repasserons...
Bénéficiant d'une voiture avec la finition Premium Tech, nous n'avions pas non plus l'intégralité des éléments propices à une conduite dynamique, notamment au niveau du freinage. Manquant un peu de mordant, les finitions Sport et Sport Tech permettent en revanche de recevoir un système de freinage majoré avec des disques de 355 mm avec étriers quatre pistons à l'avant et de 350 mm à l'arrière avec étriers deux pistons.
Conclusion
Elle aurait mérité d'être un peu plus épicée cette Infiniti Q60. Terriblement belle, élégante, homogène, confortable, elle a tout pour être l'une des meilleures de son segment, seuls quelques défauts viennent ternir l'ensemble. Parfaite pour une utilisation quotidienne, elle saura en prime respecter un tant soit peu votre porte-monnaie puisque la consommation reste largement maîtrisée.
Nous avons relevé des données aux alentours de 9,2 l/100 km en usage mixte, plutôt correct, nul doute qu'en la ménageant un peu plus on peut aisément passer sous la barre des 8,0 l/100 km. Le poids joue également, la voiture s'avère étonnamment plus légère avec notre finition Premium Tech (1753 kilos) plutôt orientée confort, par rapport au modèle Sport Tech (1775 kilos), orienté dynamique. Un comble, mais qui restera néanmoins difficilement perceptible par la clientèle.
Photos : Yann Lethuillier / Motor1.com
Points positifs | Points négatifs |
Design proche de la perfection | Absence de palettes |
Confort | Intérieur un peu désuet |
Comportement très sain | Poids conséquent |
Galerie: Essai Infiniti Q60 2.0t
Infiniti Q60 Coupé II 2.0t 211 chevaux Premium Tech