À première vue, quand nous regardons attentivement le catalogue de la gamme Toyota, on se demande clairement ce que vient faire une sportive "pure et dure" dans l'âme au milieu de toutes ces voitures hybrides et respectueuses de l'environnement. Pourtant, la Toyota GT86 n'a rien d'une étrangère dans la gamme. Elle fait référence au coupé Corolla Levin (nom de code AE86) des années 80. Elle s’inspire également de deux autres icônes de la marque nipponne : la Toyota S800 et la 2000 GT. Cette dernière est notamment connue pour avoir transporté James Bond en 1967.
Mais la référence au chiffre 86 ne s'arrête pas là. Le code interne du projet était 086A. Ce nombre fait aussi référence au rapport carré alésage-course de 86 mm x 86 mm du moteur à plat, une géométrie idéale qui reste fidèle à la tradition des moteurs sportifs 2,0 litres du constructeur. Le quatre cylindres en ligne de la Celica et de la MR partage avec la Toyota GT86 le rapport carré de 86 millimètres. Et jusqu’au diamètre intérieur des sorties d’échappement chromées de la GT86, qui mesure exactement 86 millimètres.
Léger repoudrage
Ce restylage est avant tout cosmétique. Il a pour but d'apporter un peu d'air frais à une voiture qui vieillit plutôt bien, aux lignes quasi intemporelles. Quoi qu'il en soit, la Toyota GT86 restylée reçoit de nouveaux projecteurs full LED avec clignotants intégrés, une signature lumineuse différente pour les optiques arrière, des boucliers revus et de nouvelles jantes en alliage.
Vous l'aurez donc compris, les changements ne sont pas drastiques par rapport à l'ancienne version et c'est tant mieux, car concrètement la GT86 est plutôt une belle voiture, aux lignes à la fois acérées et anguleuses. On aurait presque tendance à lui trouver des airs d'anglaise, mais uniquement dans le style. Nous le verrons un peu plus loin dans cet essai, mais la Toyota GT86 est bel et bien une japonaise, avec tout ce qu'il y a de bon... et de moins bon.



Un habitacle taillé pour six !
Un coupé sportif avec six places ? Pas vraiment. La Toyota GT86 bénéficie de quatre places, mais concrètement les deux à l'arrière ne serviront pas à grand chose hormis pour dépanner à l'occasion d'un trajet de courte distance. Pour obtenir les quatre places supplémentaires, en plus des deux à l'avant, il faut rabattre les sièges à l'arrière pour augmenter drastiquement le volume du coffre qui est à l'origine de 243 litres. De ce fait, vous pourrez y loger... quatre pneus pour la piste !


Fabuleux n'est-ce pas ? Bien plus que les retouches faites au niveau de l'habitacle pour ce restylage. Certes, la version précédente ne brillait pas par ses finitions et Toyota a fait un réel effort avec des assemblages plus soignés et des matériaux de meilleur qualité. Le résultat reste néanmoins assez mitigé. Fort heureusement, on oublie assez rapidement ces quelques détails, l'intérêt de cette voiture est tout autre. Le juge de paix ? L'asphalte !
Mais il faut toutefois quelques prédispositions à l'intérieur si l'on souhaite un tantinet jouir de ses vocations de sportive. Ça tombe bien, Toyota y a intégré quelques éléments spécifiques avec ces sièges semi-baquets au maintien convenable, un volant de pus petit diamètre, une boîte de vitesses à faible débattement (mais au levier un peu trop long), ou encore un ordinateur de bord équipé de fonctions spécifiques pour la piste comme l’accéléromètre, un chronomètre ou encore la puissance dégagée en temps réel.



Plus joueuse, tu meurs
La Toyota GT86, en quelques chiffres, c'est un moteur Boxer de quatre cylindres à plat, de 2,0 litres de cylindrée, développant 200 chevaux à 7400 tr/min et 205 Nm de 6400 à 6500 tr/min. Inutile de vous préciser qu'en voyant ces chiffres, nous nous doutons bien qu'il s'agit bien d'un bloc atmosphérique. Le 0 à 100 km/h est annoncé en 7,6 secondes et la vitesse maximale à 226 km/h. Concrètement, au vu de la fiche technique, ça ne nous fait pas vraiment penser à une sportive contemporaine. Ça tombe bien, elle ne se veut pas contemporaine mais plutôt "à l'ancienne", dans le sens où les sensations priment sur les performances.
Donc ce n'est pas une voiture pour avaler les longues lignes droites à la vitesse de la lumière ? Tant mieux, les sportives actuelles en font leur spécialité. La petite Toyota mise plutôt sur le plaisir de conduite. Avec ses 4,24 mètres de longue, son empattement plutôt long pour sa taille (2,57 mètres), son centre de gravité très bas et son poids contenu grâce à l'ajout massif de composants en aluminium (1240 kilos), la GT86 est une voiture amusante, très amusante, surtout avec toute la puissance envoyée aux seules roues arrière.
Concrètement, en termes d'accélérations, elle n'impressionne pas malgré quelques sensations à basse vitesse. La dureté des commandes contribuent à ce ressenti. Elle va se révéler bien plus drôle en virage, là où sans même forcer, le train arrière va rapidement décrocher, sans surprise et de manière très progressive afin de vous embarquer sur une longue, très longue glissade si vous savez tenir en dérive une petite propulsion. C'est très amusant, on se prend très rapidement au jeu et chaque virage devient un exutoire.
Il s'agit très certainement de l'une des dernières voitures qui se conduit encore "à l'ancienne", haut dans les tours et avec une attention toute particulière.
L'amortissement est particulièrement bien réglé, pas trop ferme à faible allure, il contient admirablement bien les mouvements de caisse à vive allure. Ils ont d'ailleurs été légèrement revus pour dynamiser la voiture. Le choix des gommes est quant à lui plus discutable. Toyota a reconduit les "Primacy" de chez Michelin, ça manque de grip latéral malheureusement, mais ça contribue aussi au plaisir de conduite. C'est donc dans l'esprit de la voiture, mais ceux qui rechercheront les performances s'hâteront de les changer. La direction est précise sans être ultra incisive, c'est suffisant pour placer la voiture sur ses appuis et la faire danser assez facilement avec un léger contre-braquage savamment maîtrisé pour la faire changer de cap.
Concernant le freinage, c'est plutôt convaincant même si l'allonge de la pédale s'agrandit une fois les freins bien chauds. C'est en tout cas largement suffisant pour stopper les quatre zones de contact avec la route. En revanche, ceux-ci sont assez bruyants. En effet, même si son précédent utilisateur a sûrement dû faire un peu de circuit avec, après vérification, les freins n'étaient pas du tout rincés mais le bruit donnait l'impression d'avoir une voiture sans plaquettes !



La Toyota GT86 se conduit dans les tours, autant vous dire donc qu'en dessous de 4000 tr/min il ne se passe pas grand chose. Ce n'est pas le grand frisson, surtout au niveau de l'échappement où le bloc Boxer commence à donner de la voix très tardivement. Ça participe au manque de caractère de l'auto et à ce supplément d'âme que l'on ne retrouve pas vraiment. C'est une sportive assez neutre au final, comme la plupart des sportives japonaises contemporaines. Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une voiture plaisir et très plaisante du moment où on arrive à l'exploiter pleinement.
Conclusion
Elle est très sympa cette Toyota GT86 et son restylage participe à tout ça. Mais il lui manque toujours ce petit supplément d'âme et surtout un moteur moderne. Certes, celui-ci peut être caractérisé par les puristes comme "un vrai moteur comme nous n'en faisons plus", mais désolé de vous le dire, d'autres constructeurs ont trouvé une meilleure recette tout en gardant cet aspect sans renier ces vocations.
Alors on ira peut-être lorgner du côté du nouveau bloc 1,8 litre de la nouvelle Toyota Yaris GRMN, un quatre cylindres qui a l'air plus communicatif qui plus est. Mais Toyota aura-t-il le temps de l'incorporer à une voiture déjà vieillissante ? Ce serait une bonne idée, et cela éviterait de débourser les 7000 euros de malus écologique demandé depuis l'instauration des nouveaux barèmes. Disponible à partir de 32'490 euros, rajoutez quelques options, plus le malus, et nous arrivons à plus de 40'000 euros. C'est bien trop cher au cumulé et c'est bien dommage car cette petite GT86 aurait mérité une bien meilleure carrière en Europe.
Photos : Yann Lethuillier / Motor1.com
Points positifs | Points négatifs |
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Comportement joueur | Caractère du moteur |
Débattements de la boîte | Sonorité à l'échappement |
Direction précise | Facture finale |
Galerie: Essai Toyota GT86 (2017)
Toyota GT86 - 2,0 litres 200 chevaux