Cinq ans. Il aura fallu cinq ans pour que la nouvelle Alpine A110 ne voie le jour. Entre le premier coup de crayon et ce jour historique où elle s’offre à nous pour la première fois. Mais ça valait le coup d’attendre. Ça valait le coup de trépigner d’impatience, de douter, parfois d’arrêter d’espérer. Mais quel résultat !

Le nom Alpine a été trouvé par Jean Rédélé, le fondateur de la marque en 1955, et symbolise le plaisir de conduire sur les routes de montagne. D’ailleurs, la philosophie de la marque se résume en trois mots : compacité, légèreté et agilité. En ressuscitant la marque, le défi entamé par Carlos Tavares, désormais chez PSA, puis poursuivit par Carlos Ghosn, était de taille. Des loupés avec le partenariat Caterham. Une date de sortie sans arrêt repoussée. Les premiers essais devaient d’ailleurs avoir lieu en septembre dernier. D’où ce trépignement à l'idée de s’installer dans son baquet. C’est désormais chose faite. 22 ans après la fin de production de l’A610, le rendez-vous était donné dans le Lubéron, entre petites routes aux accotements enneigés et circuit du Grand Sambuc, pour une journée entière à son volant. Non sans appréhensions, tant le pari est risqué !

Essai Alpine A110 (2018)

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Néo-rétro

Dès le premier le regard, la nouvelle Alpine A110 vous ensorcelle. Un savant mélange de néo-rétro qui nous replonge immédiatement dans les années 60. Elle est encore plus belle en vraie qu’en photo. Son format compact, sa largeur, ses muscles, ses galbes, elle s’admire comme son aînée du même nom sous tous les angles. Et en même temps, elle est en tous points, rétroviseurs exclus, fidèle au concept Vision la préfigurant. Un coup de maître des designers qui ont du composer avec un cahier des charges des plus compliqués : renaissance d’une marque + évocation des modèles anciens + conserver la philosophie de la marque + nom mythique = casse-tête.

Essai Alpine A110
Essai Alpine A110

La nouvelle A110 réinterprète les codes de son aînée, sans jamais lui manquer de respect : on retrouve les optiques rondes à l’avant ainsi que que ce capot qui se termine en forme de V. Le monogramme est lui aussi toujours là. De profil, ce sont les portières creusées qui évoquent le passé, tandis qu’à l’arrière, la forme de la vitre incurvée aux extrémités rappelle la poupe de l’A110 d’époque. Sans oublier évidemment la pureté de la ligne. Pas d’aileron, pas de fioritures. 4,18 mètres de long de finesse, 1,79 mètre de largeur de muscles, et 1,25 mètre de haut pour faire corps avec la machine.

Ces premiers exemplaires mis à disposition par Alpine sont des modèles de pré-série, 50 comme l’indique la plaque numérotée à l’intérieur, qui sont conformes à l’édition de lancement "Première Édition". Notre voiture arbore le magnifique Bleu Alpine. Blanc et noir sont également au programme. Les jantes spécifiques de 18 pouces en aluminium font également partie de la dotation de série tout comme les inserts tricolores, en bleu-blanc-rouge, sur les montants arrière. L’Alpine A110 est une voiture Française, et fière de l’être !

Essai Alpine A110

Cockpit tourné vers le conduc… le pilote !

Évacuons tout de suite les critiques que l’on a pu entendre ici et là à la présentation de l’Alpine A110 au salon de Genève 2017. Oui il y a quelques plastiques à l’intérieur. Oui les commandes de climatisations sont reprises d’un Captur ou même du Trafic SpaceClass qui est venu nous chercher à l’aéroport. Pareil pour les komodos. Et alors ? Ça ne choque pas plus que les lèvre-vitres d'une Mercedes Classe A dans une Aston Martin ?

L’Alpine A110 est une auto tournée vers son conducteur. Dire que la finition est le dernier de ses soucis serait faux. Mais ce n’est pas la priorité. Pour autant, le style intérieur est très plaisant, définitivement tourné vers la sportivité. Du cuir matelassé sur les contreforts de portes, des surpiqûres qui courent dans tout l’habitacle qui rappellent la teinte de carrosserie, des touches d’aluminium avec une rangée de contacteurs du plus bel effet, un volant avec de la microfibre, façon Alcantara, des touches de fibre de carbone ça et là… Sans oublier les formidables baquets signés Sabelt, aussi beaux à voir qu’enveloppants et qu’étudiés pour gagner le moindre micro-gramme.

Essai Alpine A110 (2018)
Essai Alpine A110 (2018)
Essai Alpine A110 (2018)

Une chasse au poids qui a également impliqué Focal, le spécialiste audio à qui Alpine a confié le soin de développer un système pour cette A110. Allégé au maximum (chaque woofer à été rabaissé à 470 grammes au lieu de plus d’un kilo), une membrane en lin de Normandie, une petite touche Made in France qu’il est bon de souligner, et 80 watts largement suffisants puisque de toute façon, on a quand même une légère préférence pour la sonorité de l’échappement central ! Un dernier petit mot sur le coffre. Sur les coffres. Un à l’avant de 100 litres. Un à l’arrière de 96 litres. Tous les deux petits, mais suffisants pour emmener le strict minimum lors d’un petit week-end à deux. Il faudra voyager léger. Mais n’est-ce pas là la philosophie même de l’Alpine ?

Essai Alpine A110 (2018)

Un sourire. Figé.

Une assise basse, proche du sol, et au centre de la voiture. Voilà qui augure du meilleur. Si les baquets sont seulement réglables en profondeur, ils sont compensés par le volant qui se règle en hauteur. Et la position de conduite est parfaite. Les dimensions réduites de l’auto sont vite adoptées. Et une seule envie nous vient alors : voir ce qu’elle a dans dans le ventre !

1103 kilos, c’est le poids de cette A110 "Première Édition", contre 1080 kilos pour la future version "Pure". Le quatre cylindres 1,8 litre TCe de 252 chevaux est lui directement collé dans le dos du pilote et de son passager. Au centre, en position longitudinale. Une combinaison poids/puissance qui fait des miracles sur la berlinette qui pousse très fort. Il faut dire que notre impatience à prendre la route à son bord nous a poussé à appuyer sur le bouton rouge accroché au volant. En mode "Sport", la réponse sous le pied droit est immédiate. Le compteur digital s’emballe et s’approche de la zone rouge. Il affiche plus de 6000 tr/min quand le rapport supérieur de la boîte DCT7, réalisée avec l’Allemand Getrag, se décide à passer, accompagné d’un bruit de détonation à l’échappement et d’une décharge de puissance qui vous pousse dans le dos. Jouissif. Et nous ne sommes que sur route !

Essai Alpine A110 (2018)
Essai Alpine A110

On arrive très vite à des vitesses inavouables qui ne feraient pas rire la maréchaussée. À moins que votre sourire ne soit communicatif ? Mais rassurez-vous, cette Alpine A110 sait aussi se montrer très docile. Pour ne pas dire sage. Le mode "Normal" calme ses ardeurs. La boîte de vitesses est plus confortable, et l’on cruise à 90 km/h en 7ème vitesse à 1950 tr/min. La direction est douce, les suspensions à double triangulation sont un peu fermes. Pas trop non plus. Un dépassement en vue ? On tire la palette de gauche pour tomber les rapports, et c’est reparti pour un tour de manège. On prend du plaisir, même à des vitesses légales.

Essai Alpine A110
Essai Alpine A110 (2018)

Et puis il y a la piste. Quelques tours nous attendaient sur le circuit du Grand Sambuc, un tracé très exigeant, avec des dévers, des virages aveugles… Mode "Sport" enclenché, l’ESP continue de veiller au grain, surtout sur notre piste légèrement détrempée. Très vite, l’A110 nous fait une démonstration de son agilité et de son équilibre naturel. La direction permet de l’inscrire exactement où votre regard se pose. La voiture remonte les informations à son pilote pour ne jamais le piéger. La boîte de vitesses en mode manuel se montre réactive. Quant aux freins, particulièrement sollicités sur notre circuit, ils se sont montrés performants. Le mode "Track" laisse lui plus de liberté avec un ESP plus permissif, et permet de davantage jouer avec l’arrière de la voiture.

Essai Alpine A110 (2018)

Conclusion

Pour une première prise en main, cette nouvelle Alpine A110 nous a régalé. Aussi bien par sa plastique que par le plaisir qu’elle distille à son volant. Qu’on aille s’amuser sur piste ou qu’on décide de larguer au premier rond-point ou enchaînement de virages celui qui vous colle d’un peu trop près à l’arrière. Et elle paraît facile à utiliser au quotidien.

Une formidable sportive tournée vers le plaisir. Et pas besoin d’être un pilote pour en ressentir les sensations. Un magnifique hommage à la première A110 ! Reste maintenant à évoquer la question du prix. 58’500 euros pour l’Alpine A110 "Première Édition". En soi ce n'est pas donné. Mais on a presque envie de dire que pour tout ce qu'elle représente, son patrimoine, la renaissance de la marque, et surtout pour le bonheur qu’elle nous a procuré tout au long de la journée à son volant, le prix est (presque) accessoire. Et puis c'est une voiture sportive française, et qui le revendique, soyons-en fiers !

De toute façon, toutes les A110 "Première Édition", 1955 exemplaires, en référence à l'année de naissance d'Alpine, ont été achetées. En cinq jours (48h pour les modèles alloués à l'Europe). Et deux années de production dans l'usine de Dieppe sont déjà assurées. Elles arriveront sur les routes dès le premier trimestre 2018. Il faudra maintenant attendre les versions "Pure" et "Légende" qui n'ont même pas encore été officiellement présentées, pour confirmer l'enthousiasme. 

Photos : Mael Pilven / Motor1.com - Alpine

 
Points positifs Points négatifs
Design néo-rétro très réussi Deux coffres très petits       
Châssis agile, moteur performant, sonorité Détails de finition à l'intérieur
Sensations, même sur route Trop d'attente pour les livraisons               

Galerie: Essai Alpine A110 Première Édition (2018)

Alpine A110 "Première Édition" - 1,8 litre TCe 252 chevaux EDC7

Motorisation Essence, 4 cylindres à plat, 1,8 litre turbo, 16 soupapes
Puissance 252 chevaux / 320 Nm
Transmission Boîte automatique à double embrayage à 7 rapports
Type de transmission Propulsion
0-100 km/h 4,5 secondes
Vitesse de pointe 250 km/h
Poids 1080 kilos (1103 kg en Première Édition)
Volume de coffre 100 litres à l'avant / 96 litres à l'arrière
Places 2
Economie de carburant Consommation mixte : 6,1 litres/100 km (donnée constructeur)
En vente 2017
Prix de la version testée 58'600 €

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