Elle ne paraît pas si loin l’époque où Jaguar avait choqué les puristes en présentant la X-Type Estate. Non contente de reprendre une plateforme de Ford Mondeo, la petite Jaguar se déclinait pour la première fois en break… et en diesel. Imaginez les deux en même temps. Shocking !

Depuis les motorisations diesel ont fait leur chemin dans l’esprit de la clientèle Jaguar, et les breaks sont devenus désirables avec leur allure sportive. Sauf que depuis quelques années, ce sont les SUV qui font recette. En 2016, la firme de Coventry sort le F-Pace, son premier véhicule baroudeur chic. Et ce n’est que le début. La gamme s’est étoffée, allant même jusqu’à proposer l’un des premiers SUV électrique du marché, le I-Pace. Entre temps, fin 2017, c’est le plus petit E-Pace qui s’est présenté. Un modèle qui permet de rattraper le retard de la marque sur un segment des SUV compact premium déjà bien bouché. C’est d’ailleurs pour réduire les coûts et les délais de développement que cet E-Pace hérite de la plateforme de son cousin Range Rover Evoque. Suffisant pour être au niveau ? Nous l’avons essayé en version diesel 180 chevaux, transmission intégrale et boîte automatique.

Essai Jaguar E-Pace D180

Bébé Jaguar

Le constructeur britannique ne cache pas le fait que cet E-Pace soit un « bébé Jaguar ». La preuve avec cette lumière qui est projetée au sol quand on déverrouille l’auto, sous les rétroviseurs, qui présente une scène digne du Roi Lion, un paysage de savane avec un jaguar suivi de son petit. On imagine le F-Pace et le E-Pace.

Pour en revenir aux dimensions de l’auto, alors que le F-Pace affiche 4,74 de long, donc même positionnement que les Volvo XC60 et autres Porsche Macan, le nouvel E-Pace ne mesure que 4,41 m. C’est 1 cm de moins qu’un Volvo XC40 ou qu’un Mercedes GLA, et 3 cm de moins qu’un Peugeot 3008. En revanche, le E-Pace affiche sa position surélevée avec 1,65 m de haut, contrairement à d’autres qui n’ont que les attributs de baroudeur. Il faut dire que notre modèle d’essai est équipé d’une vraie transmission intégrale, quand d’autres s’en passent, purement et simplement.

Essai Jaguar E-Pace D180
Essai Jaguar E-Pace D180
Essai Jaguar E-Pace D180

Esthétiquement, le E-Pace s’intègre parfaitement bien à la gamme Jaguar en adoptant l’identité visuelle des autres modèles, reconnaissable à ses virgules lumineuses dans les phares avant. Le physique est racé, félin, Jaguar oblige. La calandre noire brillant provient de notre pack design extérieur R-Dynamic.

Les ailes sont marquées, ce qui donne de la musculature à l’ensemble. En revanche, l’arrière semble moins travaillé dans le dessin, avec une poupe taillée à la serpe, droite, qui tranche avec les galbes du reste de l’auto. Certains aimeront l’intégration des feux que l’on dirait repris directement de la F-Type. D’autres s’arrêteront sur le côté un peu vulgaire, un peu "cheap" du bouclier avec "diffuseur" intégrant deux sorties d’échappement… C’est pas la partie la plus réussie du E-Pace.

Essai Jaguar E-Pace D180
Essai Jaguar E-Pace D180 AWD BVA

Pourquoi pas d’Apple CarPlay ?

À l’intérieur, le bon se mêle au moins bon. Quand on a du cuir sur l’ensemble de la planche de bord et de la suédine qui ressemble beaucoup à de l’Alcantara sur l’ensemble du ciel de toit, pourquoi mettre autant de plastiques durs sur la console centrale ? Ou quand on a un large écran d’infodivertissement central de 10 pouces comme ça, pourquoi ne pas proposer l’Apple CarPlay ou l’Android Auto ? D’autant que le système proposé par Jaguar pour faire le lien entre son smartphone et l’écran est une véritable engeance… Incompréhensible. Par ailleurs notre version d'essai n'est pas équipée de "virtual cockpit" face au conducteur, un écran qui remplacerait les compteurs analogiques, mais de compteurs "classiques". Pour autant, c'est disponible sur le E-Pace.

Essai Jaguar E-Pace D180

On a débuté par les aspects négatifs. Mais le tableau n’est pas aussi noir que ça non plus. La finition, outre ces trop nombreux plastiques, est quand même flatteuse, au moins dans notre finition R-Dynamic. Les sièges en cuir noir, rehaussés de surpiqûres rouges, sont très accueillants et réglables à volonté. La position de conduite est agréable, et à l’arrière, deux passagers seront à leur aise. D’autant que le dossier est inclinable. La place du milieu est un peu juste.

Dernier petit mot sur le coffre qui, avec ses 577 litres de capacité, banquette en place. C’est 17 litres de plus qu’un XC40, de même longueur. Mais bien en deçà d’un Peugeot 3008 par exemple, avec 520 litres.

Essai Jaguar E-Pace D180
Essai Jaguar E-Pace D180

Petit mais costaud

Quand on reprend une base qui a déjà quelques années au compteur, celle du Range Rover Evoque, il ne faut pas s’étonner d’hériter de quelques cadeaux empoisonnés. En l’occurence, le poids de l’auto : plus d’1,8 tonne. Et on le ressent rapidement au volant, ce qui est plutôt dommage car le bloc 4 cylindres de 180 ch se montre plutôt agréable et souple. Une puissance suffisante pour l’E-Pace même s’il faut le cravacher quand a besoin de puissance. Ce qui s’accompagne d’un bruit de diesel peu agréable. Quand au poids il joue également sur la prise de roulis dans les virages.

Et puisque l’on en est à pointer du doigt les mauvais côtés, notons que la direction est peu précise, collante, presque "chewingumeuse", que les suspensions sont raides et dégradent le confort, et que l’angle de braquage est un peu juste pour un véhicule compacte.

Mais en conduite coulée, le bloc de 180 ch se montre particulièrement discret, très bien insonorisé, à tel point que dans les bas régimes, on se demanderait presque s’il n’y a pas un petit moteur électrique pour l’aider. On dirait de l’hybride. La boîte de vitesses   En revanche, les redémarrages du Stop and Start, qui s’accompagnent systématiquement d’une secousse, sont très désagréables.

Essai Jaguar E-Pace D180

Conclusion

Que Jaguar rejoigne le segment convoité des SUV compacts et veuille sa part du gâteau, on le comprend très bien. Mais le faire en reprenant une base vieillissante, pour des questions de coûts et de temps de développement évidents, lui joue des tours. Son physique fait mouche et joue pour lui, ça ne fait aucun doute. Sa présentation intérieure flatteuse, malgré quelques touches de plastique, l’inscrit également clairement dans l’univers premium. Mais c’est l’équilibre instable entre ce qui se fait de mieux et des choses beaucoup moins bien, que ce soit au niveau de la conduite comme de la présentation ou de certaines technologies qui coûtent des points à cet E-Pace. Dommage.

D’autant que le prix ne joue pas particulièrement en sa faveur non plus : notre Jaguar E-Pace R-Dynamic First Edition, avec "seulement" 900 euros d’options, est facturé 63’700 €.

Points positifs Points négatifs
Présentation intérieure premium Confort sec
Look Jaguar                Moteur pas toujours très discret
Espace intérieur Système d'infodivertissement
 

 

 

 

Galerie: Essai Jaguar E-Pace D180 AWD BVA

Jaguar E-Pace

Motorisation 4 cylindres, diesel
Puissance 180 chevaux à 4000 tr/min
Couple maximum 430 Nm à 1750 tr/min
Transmission Automatique à 9 rapports
Type de transmission Transmission intégrale
0-100 km/h 9,3 secondes
Vitesse maximum 205 km/h
Prix de base 35'700 €
Prix de la version testée 64'593 €
Émissions 147 g/km de CO2 (malus 1873 €)
Economie de carburant Urbaine : 6,5 l/100 km - Extra-urbaine : 5,1 l/100 km - Mixte : 5,6 l/100 km
Longueur 4,40 mètres
Largeur 1,90 mètres
Hauteur 1,65 mètres
Poids 1843 kilos
Volume de coffre 577 à 1234 litres
Places 5 personnes