Au début des années 1970, la sécurité automobile n’était pas encore ce qu’on pourrait appeler un sujet majeur, ni même mineur. Ne parlons pas de structures déformables, ni même de normes sur les éléments de sécurité, il n’en existait pas.
La Ford Pinto est née en plein dans cette période. L’auto apparait dans la gamme Ford pour contrer l’arrivée des voitures japonaises et européennes, plus économiques, moins encombrantes que les énormes productions américaines. En sort, le 11 septembre 1970, une petite voiture plutôt charismatique, la Ford Pinto. L’auto est même un succès. Entre 1970 et 1980, il s’en vend plus de 3 millions d’exemplaires.
Pinto Memo
L’auto a un sérieux problème de conception. Comme dit précédemment, les voitures de l’époque font fi des normes de sécurité. La Pinto, justement, voit son réservoir d’essence placé juste derrière les pare-chocs arrière. De plus, la voiture n’est pas très rigide au niveau de sa carrosserie, et la structure peut, même en cas de choc à 30 km/h, se déformer et empêcher l’ouverture des portières. Le combo fatal, en cas de choc par l’arrière.


Si les ingénieurs de Ford ont bien remarqué la faiblesse de la voiture avant la commercialisation, les dirigeants du constructeur de Dearborn, sous la pression économique, décidaient de passer outre. Le couperet est rapidement tombé. Très vite, on se rend compte que la Ford Pinto peut exploser en cas de choc par l’arrière. Surtout, les occupants restent coincés dans la voiture.
Le cynisme va plus loin. Dans une note, surnommée depuis le Pinto Memo, qui évalue statistiquement le nombre de morts que la Pinto pourrait causer, le constructeur calcule le prix entre un coûteux rappel des Ford Pinto et le paiement des dégâts causés par la Pinto et d’éventuels procès. Une étude qui explique que le constructeur de Dearborn préfère ne pas lancer de campagnes de rappels.
"Barbecue à quatre place"
En 1977, c’est le quatrième pouvoir aux États-Unis, les médias, capable de faire tomber un président des États-Unis, qui vient changer la donne. Le journaliste Mark Dowie, dans son enquête, révèle la dangerosité de la voiture. Un article qui fait grand bruit aux États-Unis, et repris dans tous les médias. Pire, le fameux document Pinto Memo fuite également. C’est de cette affaire que le voiture est surnommée tristement "The Barbecue that seats four", le barbecue à quatre places…
À cela s’ajoute la mort, en 1978, de trois jeunes filles dans l’Indiana, brûlées dans une Ford Pinto de 1973. Le grand jury de l’État américain décide d’intenter un procès à Ford.


Le scandale est réel, et Ford procède au rappel d’1,5 millions de Pinto. Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Les victimes de la Ford Pinto se comptent en plusieurs centaines. Ce qui débouche sur de nombreux procès, et des centaines de millions de dollars d’amendes pour Ford.
Modifiée entretemps, la Ford Pinto terminera sa carrière en 1980, mais restera dans les esprits comme une voiture dangereuse. Même la culture populaire s’est emparée de ce scandale, à l’image du film satyrique Top Secret.
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