On dit généralement que les art cars ont vu le jour en 1975 , lorsque Hervé Poulain — qui fait aujourd'hui le bonheur de la maison Artcurial — prit le départ des 24 Heures du Mans au volant d'une BMW repeinte par Alexander Calder. Mais en réalité, les choses sont sans doute plus complexes qu'il n'y paraît.

Dès la fin des années 50, une Citroën DS 19 de couleur bleue pouvait déjà revendiquer légitimement ce statut. Sa carrosserie avait en effet reçu un traitement artistique, œuvre du maître Pablo Picasso !

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L'histoire commence en 1958, lorsque un jeune journaliste mexicain répondant au nom de Manuel Mejido décide de rencontrer le peintre espagnol pour lancer sa carrière. La tâche s'annonce néanmoins compliquée, compte tenue de la défiance de Picasso à l'endroit des journalistes.

Pour parvenir à ses fins, Manuel Mejido décide de ruser. Il prétend être un représentant du Centre Républicain Espagnol du Mexique, une entité ayant accueilli des réfugiés politiques pendant la guerre civile. Pablo Picasso, fervent défenseur de la cause républicaine, accepte ainsi de recevoir le journaliste dans sa résidence La Californie, à Antibes.

Accompagné de trois personnes, Manuel Mejido se rend sur place au volant d'une DS bleue qu'il emprunte à un ami. Lors de l'entrevue, Pablo Picasso s'éclipse quelques heures. Puis il réapparaît et invite ses convives à découvrir "Les guirlandes de la paix", une peinture qu'il vient de réaliser sur la carrosserie de la DS. L'œuvre est composée de fleurs, d'arbres et d'une famille. À la demande du journaliste (que l'on voit sur la photo aux côtés de la voiture), elle est signée par Picasso, au niveau d'un passage de roue.

Citroën DS Picasso

De retour à Paris, Manuel Mejido rachète la DS à son ami l'équivalent de 1000 dollars et la revend à une galerie d'art française 6000 dollars. Depuis, la voiture a disparu des écrans radars.

L'authenticité de la photo a été certifiée par des spécialistes du peintre espagnol. Aujourd'hui, le journaliste mexicain pense que cette DS est toujours de ce monde, peut-être entre les mains d'un collectionneur privé.

Source : Citroën