Ce jeudi, l'Assemblée nationale a provoqué un tollé en votant en faveur de l'huile de palme dans la liste des biocarburants, et ce sans débat. Alors que l'exclusion de l'huile de palme était fixée au 1er janvier 2020, les députés avaient décidé d'un report à 2026 afin d'aider un site de Total, la bioraffinerie de La Mède, qui produit du carburant à base d'huile de palme et embauche 250 personnes.
Une décision lourde de conséquences par rapport à l'intérêt représenté par un seul site de production du géant pétrolier, et qui a été rapidement dénoncée par les écologistes, mais aussi par la majorité, accusée de céder au lobbyisme de Total, qui possédait jusqu'ici un avantage fiscal en utilisant de l'huile de palme.dans la création de biocarburants, comme le Superéthanol. Le rapporteur général, Joël Giraud (LREM), avait regretté un "vote en catimini. On ne peut pas revenir par la fenêtre quand on a été bouté par le porte", avait-il asséné. Face à ce vent de contestation, le Premier ministre Édouard Philippe avait demandé un vote en deuxième lecture, et celui-ci a été effectué ce vendredi soir.
Le résultat est sans appel, puisque 58 députés ont voté pour exclure l'huile de palme de la liste, tandis que deux seulement ont choisi l'inverse. Parmi eux, Roland Lescure, député LREM et président de la Commission des affaires économiques, a jugé que le gouvernement avait demandé à Total de faire de grosses dépenses pour transformer le site de La Mède en bioraffinerie, et que celles-ci étaient aujourd'hui devenues inutiles.
Mais du côté des opposants, l'association France Nature Environnement a jugé que Total faisait pression en utilisant un "chantage à l'emploi" pour cette "usine dont la légalité est débattue en justice suite à une plainte". L'organisme a rappelé que l'huile de palme constitue un "désastre environnemental. Chaque jour, des milliers d’hectares sont brûlés pour faire pousser ces palmiers déforestant une grande partie de l’Asie du Sud-Est et de l’Afrique."