"On est des gens simples, on fait des voitures simples." La phrase de Laurent Renard résume d'un coup d'un seul, l'esprit de Secma. Pour ceux qui ne connaissent pas, Secma, ou Société d'études et de construction de mécanique automobile, est une histoire de passionnés du Nord. Celle d'abord d'un père, Daniel, qui, dans les années 1970 a lancé son aventure à Douai, construisant des petits véhicules, avec ou sans permis. Depuis, il a rejoint Aniche, en même temps que son activité prenait de l'ampleur, et son fils, Laurent, participe à l'aventure depuis 17 ans, travaillant sur le développement des autos, des projets. Désormais, la marque Secma compte trois modèles : la F16, la F16 Turbo et le Fun Buggy, présentés à Rétromobile, en février dernier.
Bonne bouille
D'un premier abord, la Secma Fun Buggy annonce la couleur de son caractère : une auto avant tout créée pour le plaisir. Le style se rapproche d'un buggy de la Baja californienne : aspect trapu, haute sur pattes, petits feux ronds à l'avant, roues avec garde-boues. Une bouille sympathique, qui donne des envies de plage ou de balades en montagne l'été. Chez Secma, on vous l'a dit, on aime faire les choses simplement. L'auto reprend en effet la base d'une voiture qui a fait ses preuves depuis 2008, la Secma F16. Elle en reprend donc logiquement la structure, comme en témoignent les deux prises d'air sur les flancs arrière, tout en s'éloignant radicalement de cette dernière côté style.
En témoigne la carrosserie, d'un bleu sombre du plus bel effet, "le même que celui des Courage des années 2000", sourit Daniel Renard, le président de Secma. Sans oublier les touches d'orange mettant en avant l'aspect loisir. Un pare-buffle à l'avant ainsi que des pneus Michelin tout-terrain viennent ajouter une dernière touche baroudeuse à cette petite Secma.



À bord, c'est aussi simple que d'extérieur, pour ne pas dire spartiate ! On ne vous demande que de conduire, pas plus : pas d'autoradio, un compteur central très Citroën des années 1990, un volant trois branches avec un marquage en haut du cerceau et cadre en métal, un levier de vitesses, un pédalier légèrement décalé sur la droite par rapport à la position de conduite, quelques commandes pour les feux et l'essuie-glace, et voici le tour de propriétaire fait. Les assises, qui maintiennent bien le dos, elles, sont directement fixées à la coque, tandis que le volant n'est pas réglable. Pourtant, il est facile de trouver sa position de conduite : le pédalier est réglable via une manette sous le volant.
Côté matériaux, on reconnaît tout de suite l'origine de certaines pièces, à l'image du compteur de vitesses ou du levier de vitesses, d'origine PSA. La planche de bord, moulée d'une pièce, est en plastique dur. Tout comme l'ensemble de l'habitacle. Une question de simplicité pour l'entretien : sous les fauteuils et près du pédalier, des trous permettent de laisser s'écouler l'eau. Vous l'aurez compris, il est possible de laver votre voiture au jet d'eau, intérieur comme extérieur. Si les premières livraisons doivent arriver d'ici deux mois, le modèle essayé était le premier prototype de la Fun Buggy. Une version qui se présentait dans son plus simple appareil. Essayée en cette fin d'hiver dans le Nord, inutile de vous dire qu'il fallait être couvert, en l'absence des portes, néanmoins disponibles en option.
"Pas n'importe quelle France !"
Côté structure, on reprend une formule qui a très bien marché sur les très amusantes F16 et F16 Turbo : un gros moteur en position centrale arrière, en l'occurrence, le bloc quatre cylindres Renault 1.6 litre atmosphérique de 105 chevaux, associé à une boîte de vitesses cinq vitesses qui fournit la puissance aux roues arrière.
Une petite fierté pour Daniel Renard : "Renault ne vend pas souvent ses moteurs. D'autant que je suis très ravi d'une autre chose : nos voitures sont 100% françaises. Nous faisons presque tout chez nous, ici, que ce soit le châssis, les pièces de carrosserie en plastique, le faisceau électrique. C'est une question de fiabilité, d'indépendance, et surtout, de pouvoir nous assurer notre liberté pour alléger nos voitures."





L'homme de 69 ans ne s'en cache pas, il est un des fidèles de la philosophie de Colin Champman, le créateur de Lotus : "Light is right" ou "La légèreté est la vérité". Pour preuve, l'ensemble de la voiture, avec son châssis tubulaire en acier sur lequel repose une coque en plastique et une carrosserie en ABS thermoformé, pèse un peu moins de 570 kg. Une légèreté qui sous-entend beaucoup de choses : des suspensions plus souples, moins d'usure sur les éléments mécaniques, un moteur plus disponible et donc, des consommations en baisse.
L'ensemble promet une pointe de vitesse à 180 km/h, un 0 à 100 km/h en moins de six secondes, le respect des normes Euro VI, tout en se limitant à une puissance fiscale de 6 CV et des consommations annoncées (en conduite normale) à 5,9 litres en cycle mixte.
Efficace simplicité
Cela dit, si cette Fun Buggy s'offre une ligne d'enfer, les gens simples vous le diront : "L'habit ne fait pas le moine." Aussi, l'occasion lui est maintenant donnée de faire ses preuves dans la campagne d'Aniche. La prise en main de la voiture a été courte, mais assez pour en comprendre les fondamentaux.
D'une part, le moteur quatre cylindres 1,6 litre de 105 chevaux se montre plein d'entrain. Il faut dire que les 105 chevaux de puissance, ainsi que le couple de 148 Nm suffisent plus que largement à transformer cette petite auto en véritable diable sur ressort. Les accélérations sont époustouflantes et passé la lourdeur logique de la direction à l'arrêt, cette dernière se montre précise et réactive, et surtout très bavarde.


C'est l'essence même du ludisme de cette voiture : on vit avec. Le bruit du moteur, placé dans votre dos, les vibrations de ce dernier, la moindre secousse vous fait voir la route autrement : avec le sourire. Des sensations rehaussées par un comportement joueur, doublé d'une agilité enivrante. Rien ne vient perturber vos promenades. Pas de sonneries pour l'ESP, l'ABS ou l'antipatinage. Dans cette Secma, ces acronymes sont des gros mots. Ici, on fait confiance à la physique, et au savoir-faire du pilote. Il faut donc savoir enfoncer sa pédale de frein, utiliser son volant et sans jamais se mettre la pression. Comme ses sœurs F16 et F16 Turbo, la Fun Buggy vous met à l'aise. Même à petite vitesse, on ne s'ennuie pas au volant de la voiture.
Une voiture plus légère ne subit pas autant les lois de la physique : on freine plus fort, on accélère mieux, et on passe plus vite partout. CQFD.
Le poids, contenu, ajoute à cela un autre avantage : jamais le moteur n'est en difficulté. Il en devient presque brusque à l'accélération, et il ne faut pas abuser de la pédale de droite en sortie de rond-point, sous peine de se faire surprendre ! Enfin côté confort, rien à redire : les fauteuils vous maintiennent bien, et la voiture est loin d'être une planche de bois. Encore une fois, la légèreté a du bon : pas besoin que les quatre suspensions indépendantes ne reçoivent de réglages.




Évidemment, le froid ambiant vous rappelle à la réalité, mais on se prend à s'imaginer à rouler l'été, sur une petite départementale sinueuse, les cheveux au vent. Et pourquoi pas, donc, sur les chemins de terre, puisqu'elle y semble destinée ? L'avantage d'un début de printemps, outre le froid, est de rendre la terre boueuse, un cauchemar pour toute propulsion qui se respecte.
Pas pour la Fun Buggy qui, calée en deuxième, semble passer partout : "Y a pas de secrets", s'amuse Laurent Renard, "elle est légère, elle passe partout sans problèmes". Il faut dire que les pneus Michelin Cross Climate font un sacré travail. Montés sur les jantes 16 pouces, ils accrochent à la terre et ne sont que très rarement mis en défaut. De quoi donc partir à l'aventure à la plage comme à la montagne, à condition d'accepter les petites concessions du confort pour le plaisir. Un mal pour un bien, croyez-le !
Conclusion
Radicale dans sa conception, spartiate dans son utilisation, la Secma Fun Buggy revisite l'automobile et redonne l'envie de se glisser derrière un volant. Joueuse, pleine de bonnes intentions, elle se montre une vraie compagne de jeu, avec comme plateau, toutes les routes de France et d'Europe. Un jouet raisonnable et déraisonnable, véritable usine à bananes sur les visages. D'autant que son prix, 19'800 euros dans sa version de base, le rend encore plus attirant.
Il faudra néanmoins ajouter quelques options pour le rendre plus utilisable au quotidien : 700 euros pour installer le toit seul, ou 1690 euros pour y ajouter les portières, sans oublier le porte-bagages à 275 euros. Pas de quoi pour autant rendre la voiture inabordable, au contraire de certains constructeurs d'Outre-Rhin, quelques fois coutumiers du fait. Un vrai concentré de plaisir pour adultes, sympathique, utilisable au quotidien, et une alternative aux sportives. Incontournable, en tout cas, pour qui veut vivre la route, et pas seulement la supporter.
Photos : Guillaume Nédélec / Motor1.com
Points positifs | Points négatifs |
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Un vrai concentré de plaisir ! | La direction lourde lors des manœuvres |
Les capacités de franchissement surprenantes ! | Le côté spartiate de l'auto |
Le moteur rageur et disponible à tous les régimes | Pas très discrète tout de même |
Galerie: 2017 - Secma Fun Buggy
Secma Fun Buggy