La première berline compacte a avoir introduit une mécanique "noble" sous son capot est la Volkswagen Golf 3 VR6. Au début des années 1990, il était encore impensable d'imaginer un 6 cylindres (certes compact), sous le capot d'une voiture de 4 mètres de long. Plus que les performances pures, c'était surtout l'agrément qui était recherché.
Depuis, le segment des compactes a bien évolué, avec des voitures toujours plus grandes et plus puissantes. Alors que certains modèles comme dits généralistes comme la Renault Mégane RS, la Peugeot 308 GTI ou la Volkswagen Golf GTI se contentent de 4 cylindres turbocompressés, d'autres marques dites premium ont adopté des mécaniques plus nobles. On pense à la BMW M2 qui fait confiance à un gros 6 cylindres, et à l'Audi RS3 avec son mythique 5 cylindres en ligne. Seul Mercedes joue le jeu du downsizing en restant cantonné à 4 cylindres sur son A45 AMG.
Mais revenons si vous le voulez bien à l'Audi RS3, et sa mécanique 5 cylindres. Cette architecture a fait les beaux jours du constructeur d'Ingolstadt depuis les années 1980, avec sa fameuse Quattro Sport, redoutable machine à gagner en rallyes, dont le modèle de série est aujourd'hui une vraie rareté.
Galerie: Essai Audi RS3 (2018) : les photos
Ce moteur, fiable, délicieusement sonore et coupleux fera le bonheur des possesseurs d'Audi 100, 200, RS2 et A6 dans les années 1990, une époque où votre serviteur était encore sur les bancs de l'école.
Pourtant, et essentiellement pour des raisons de coûts et de respect de l'environnement, ces mécaniques seront bannies du catalogue des anneaux en 1997, au profit de 4 cylindres ou de V6 moins caractériels.
Fier de son passé glorieux, Audi est revenu à la charge en 2009, avec une toute nouvelle génération de 5 cylindres essence, qui s'est retrouvée sous le capot des RS3, RS Q3 et TT RS.
Depuis, il n'a cessé d'évoluer, pour s'offrir aujourd'hui à nous dans sa dernière définition sous le capot de l'Audi RS3 (2018).
Une voiture, deux possibilités
La première nouveauté que l'on constate sur cette version restylée de l'Audi RS3, c'est désormais le choix offert en matière de carrosseries. On connaissait la Sportback 5 portes, voici désormais la berline 4 portes. Selon la marque aux anneaux, cette version devrait séduire 20% de la clientèle du modèle.
Sans doute un poil plus dynamique et statutaire que la Sportback, la berline bénéfice aussi de subtiles évolutions esthétiques. En se penchant avec attention sur la compacte allemande, on remarque en effet quelques nouveaux éléments de style.
Si les voies ont été élargies de 20 mm, ce qui se ressent d'ailleurs au niveau des passages de roues, on œil de lynx remarquera aussi l'arrivée d'optiques biseautées à l'avant et d'une calandre de type nid d'abeilles plus généreuse – qui intègre différemment le logo Quattro –. Enfin, les prises d'air latérales disposent d'un nouveau dessin. Les modifications de la poupe sont encore plus timides. Si le joli spoiler est spécifique à la berline, on remarque l'arrivée de nouveaux feux à LED, d'un diffuseur modifié et l'on retrouve bien évidemment les deux énormes sorties d'échappement, ce qui laisse augurer d'un bon moment au volant.
Gros poumons
C'est sous le capot que les modifications apportées à l'Audi RS3 sont les plus substantielles. De nombreuses pièces ont été modifiées, et ont permis notamment d'augmenter la puissance de 33 ch, tout en réduisant la masse de la mécanique de 26 kg. Une belle opération qui se solde par une fiche technique particulièrement alléchante, puisque le 5 cylindres Turbo développe désormais 400 ch et 480 Nm de couple. Un véritable record pour la catégorie !
Bien évidemment, le principal intérêt de conserver une grosse mécanique, réside dans l'agrément mécanique qu'elle distille. Un cinq chante largement mieux qu'un quatre, et son agrément à tous les régimes est un vrai bonheur pour celui qui se retrouve derrière le volant. C'est musical, ça reprend bien, et c'est fait pour rouler sur de belles routes, comme dans l'arrière-pays varois où se déroule ce reportage
Une boîte à l'ancienne
Bien évidemment, tout n'est pas parfait. La boîte S-Tronic, à peine modifiée, commence à accuser le poids des années et refuse parfois le rétrogradage. La consommation ? Elle atteint des niveaux très élevés en conduite sportive, avec des moyennes à 17 litres aux 100 km. Une conduite raisonnable se soldant par un 11,5 litres aux 100 km mesuré sur deux jours d'essais.
Du mieux, mais cela manque encore de fantaisie
La principale critique émise à l'encontre de l'Audi RS3, venait de son manque de fantaisie en conduite sportive. Avec un train avant plus léger et de nouveau pneumatiques, la version restylée fait un poil mieux, mais reste tout de même sous-vireuse. Pour s'amuser un peu, il faudra alors désactiver le contrôle de traction pour s'autoriser quelques légères glissades très contrôlées.
La force de cette RS3 est ailleurs. Son système Quattro dernier-cri permet à l'électronique d'envoyer soit 100% du couple sur le train avant ou arrière, voire une répartition équilibrée quand les conditions l'exigent. C'est une redoutable routière, difficile à prendre en défaut, et surtout très sûre.
Quelques améliorations à bord
C'est sans doute à bord que la compacte Audi a le davantage vieilli. Sa planche de bord est désormais datée, même si la firme d'Ingolstadt lui offre le cockpit virtuel de série. C'est à peu près tout à bord où l'on profite d'excellents sièges sport malheureusement optionnels comme de nombreux équipements.
Un mot également de l'habitabilité, qui reste dans la moyenne, avec un espace toutefois suffisant pour les genoux des passagers arrière. En revanche, inutile d'espérer loger un cinquième occupant. En raison de la transmission intégrale, le coffre de la berline se limite à un correct 315 litres.
Notre avis
On achète une Audi RS 3 essentiellement pour l'agrément de haute volée de son 5 cylindres. L'un des derniers mohicans, dont on aurait tort de se priver si l'on aime les belles mécaniques. Acheter une Audi RS3 c'est aussi l'assurance d'une tenue de route redoutable et de posséder une voiture sportive non dénuée d'aspects familiaux.
Dans la case défaut, on cochera le manque de folie au volant, le tarif beaucoup trop élevé (62'900 euros en berline, assorti d'un Malus de 9.353 € ou 9.660 € en Sportback), et la visibilité bien trop réduite vers l'arrière.
Photos : Clément Choulot / Julien Marcos Motor1 France
Points positifs | Points négatifs |
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Délice mécanique | Moins amusante à conduire que la BMW M2 |
Posée sur un rail | Planche de bord datée |
Aspects pratiques pour une sportive | Tarif beaucoup trop élevé |
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Audi RS3 berline (2018)