Après être déjà allés à la rencontre de Nathalie Arthaud, de Jean Lassalle et d’un membre de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon, c’est au tour de Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France – par ailleurs président de la communauté d’agglomération Val d’Yerres Val de Seine et député de l’Essonne – de répondre à nos questions.

 

Motor1 : L'État est actuellement actionnaire de Renault. Quelle serait votre politique en matière d'actionnariat à l'égard des groupes automobiles français ? On a par ailleurs vu Michel Sapin faire un appel du pied à Tesla pour installer une usine en France. Etes-vous favorable à l'installation de nouvelles usines automobiles en France, notamment de la part de constructeurs étrangers et, si oui, comment les convaincre pour cela ?

Nicolas Dupont-Aignan : Si l’État actionnaire a son mot à dire sur la stratégie de l’entreprise, il doit inciter les groupes à investir et à se développer en France. Je veux rendre le prix de la carte grise déductible des impôts pour les véhicules fabriqués en France. Il faut informer les acheteurs de la part du "fabriqué en France" dans notre production de véhicules. Le fabriqué en France est une priorité nationale, je veux réorienter les 20 milliards du CICE (Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi – ndlr) vers des baisses de charges patronales pour les entreprises exposées à la concurrence internationale, notamment dans le secteur automobile. Je propose de créer un fonds d’aide à la relocalisation doté de 10 milliards d’euros qui attribuerait des aides à l’investissement en échange d’une implantation de nature à rééquilibrer nos territoires (zones rurales). Le secteur public doit être aussi mobilisé, je veux que 75 % de la commande publique aille pour des produits fabriqués en France et au moins 50 % à des PME françaises. Enfin je propose de baisser de moitié le taux de l’Impôt sur les Sociétés (IS) pour les bénéfices réinvestis sur le sol français et de déduire 100 % de l’ISF pour des investissements dans des PME produisant principalement en France. Toutes ces mesures s'inscrivent dans une stratégie globale au service de la production et de la création d'emplois en France.

"Je veux rendre le prix de la carte grise déductible des impôts pour les véhicules fabriqués en France"

Les revenus des patrons des deux groupes automobiles français font régulièrement la une de l'actualité. Quelle est votre position à cet égard ? Etes-vous favorable à leur plafonnement ?

Dans les entreprises publiques, je suis pour un salaire maximum. Je l’ai évalué à 35 fois le Smic. Dans les entreprises privées, je suis pour une tranche d’imposition nettement supérieure.

Seriez-vous favorable à la mise en place d'une politique protectionniste au niveau européen pour freiner les importations d'automobiles extra-communautaires ?

Nous devons protéger de manière ciblée les secteurs soumis à une concurrence déloyale de la part des pays et des entreprises étrangères, mais cette protection doit être associée à une politique d'incitation favorisant le fabriqué en France.

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Bien que le secteur automobile assure encore de très nombreux emplois en France, estimez-vous qu'il est encore un secteur d'avenir ? Quelle serait en outre votre politique pour accompagner un changement de l'usage de l'automobile (passage de la possession au partage, de la notion de circulation à celle de mobilité, etc.) ?

Oui, l'automobile a un avenir. Les Français sont attachés à leur indépendance, à la liberté de mouvement ; la voiture en est le moyen et le symbole, notamment dans les zones rurales. De nouvelles pratiques apparaissent, notamment la location partagée ou le covoiturage. Nous devons soutenir ces nouvelles pratiques mais surtout investir massivement dans l'innovation. Par exemple, nous pourrions investir dans les routes solaires. Le groupe français Colas a développé le premier  tronçon de chaussée au monde. À l’heure actuelle, les coûts demeurent élevés mais les bonds technologiques pourraient permettre une baisse spectaculaire du prix de cette énergie.

Êtes-vous favorable au développement du véhicule électrique et si oui comment entendez-vous le promouvoir (mesures fiscales supplémentaires, développement des infrastructures, etc.) ?

Je propose de remplacer en dix ans les 10 millions de véhicules les plus énergivores par le biais d’un nouveau bonus-malus favorable aux véhicules électriques et peu polluants. Pour accompagner cette tendance, il faut accélérer la mise en place de bornes de recharge rapide pour les voitures électriques et établir un objectif d’une borne de recharge pour les 11 000 stations-service à la fin du quinquennat.

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Selon vous, quelle place l'automobile doit-elle occuper dans les grandes agglomérations ? Et comment l'organiser, la réguler ? 

Contre la politique anti-voitures mise en œuvre dans les métropoles, nous devons mieux réguler le trafic. De nombreuses solutions existent. Nous devons accélérer la mise en place des tests anti-pollution en conditions réelles et mettre les technologies numériques au service d’une meilleure gestion du trafic pour l’analyse des pics de circulation, la fluidification du trafic à l’aide d’informations sur la circulation, la gestion des feux tricolores, etc.

Une enquête a récemment montré que les "bus Macron" ont permis à des personnes qui n'en auraient pas eu les moyens sinon de se déplacer ou de voyager. Y êtes-vous favorable ? Comment permettre d'assurer un service public égal pour tous, notamment en terme de durée ou de conditions de transport ? 

Nous devons poursuivre le développement des réseaux de transport en commun en encourageant les intercommunalités à privilégier les transports propres comme le GNL (gaz naturel liquéfié – ndlr), l’électrique… mais aussi développer le ferroutage.

Êtes-vous favorable à la politique de sécurité routière telle qu'elle est actuellement menée ? Quelles sont vos propositions en la matière ? 

Je veux sortir de la logique répressive qui a guidé la politique du dernier gouvernement socialiste. Les enjeux environnementaux et technologiques peuvent être un formidable levier pour l’emploi et l’amélioration du cadre de vie des Français. Je suis le candidat de la fin du matraquage fiscal des Français et je veux porter dans cette élection une vision à long terme de l’avenir de notre pays. Accompagnons les progrès technologiques qui permettront demain de réduire les accidents de la route et de sauver notre environnement plutôt que d’en demander toujours plus aux Français qui paient pour les erreurs de leurs gouvernants. Concernant les radars mobiles, j’ai fermement pris position contre leur privatisation et je soutiens par ailleurs la pétition lancée par 40 millions d'automobilistes contre ce racket organisé par l'État contre les conducteurs. Pour soulager la pression sur les automobilistes, j’instaurerai un sursis dans le permis à points, en créant une franchise d’infraction pour les excès de vitesse inférieurs à 10 km/h : le point est retiré et l’amende payée seulement si une deuxième infraction est constatée dans le trimestre suivant la première infraction. À l’inverse, je durcirai les peines pour les multirécidivistes et les chauffards conduisant sous l’emprise de substances illicites.

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Le véhicule autonome, ou semi-autonome dans un premier temps, deviendra une réalité au tournant des années 2020. Quelles adaptations de la législation suggérez-vous ? 

L'État et les grands groupes doivent investir dans les véhicules autonomes qui permettront d’améliorer la sécurité et le confort des automobilistes.

À propos des automobiles anciennes, doit-on les considérer pour tout ou partie comme faisant partie du patrimoine ? Si oui, selon quel(s) critère(s) ? Quelles seraient, compte tenu des contraintes environnementales d'aujourd'hui, vos solutions pour les préserver ?

Les automobiles anciennes sont partie intégrante de notre patrimoine historique. Je propose une déduction fiscale pour les possesseurs d'une ou plusieurs voitures anciennes comparable au dispositif Malraux pour le patrimoine immobilier (ce dispositif concerne les opérations de restauration et de réhabilitation de certains immeubles situés – ndlr).

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