"Les aides à l'achat devraient accélérer le renouvellement du parc, mais cela ne se fait dans aucun pays". C'est avec ces mots que Luca Del Meo, nouveau PDG de Renault, invité le dimanche 6 décembre de l'émission Omnibus TV en Italie, a voulu expliquer l'inefficacité des incitations pour les voitures telles qu'elles sont conçues aujourd'hui.
L'Europe doit innover
"Ces mesures sont structurellement coûteuses, mais inefficaces parce que les gens gardent les voitures parce qu'elles sont de meilleure qualité", a déclaré le Marchionne de Renault comme il est surnommé chez nos voisins transalpins, confirmant en même temps que ces formules de soutien sont cruciales pour l'industrie automobile afin de compenser les coûts plus élevés de l'électrification.
Selon le dirigeant italien, l'argent devrait être investi en amont de la chaîne pour stimuler la recherche et l'innovation. Diverses études menées par Renault le démontreraient et, de manière plus générale, il est nécessaire d'investir dans l'innovation au niveau européen.
Un problème d'équité sociale
Toujours au sujet des incitations, la question de l'équité des incitations à l'achat a été abordée durant l'interview, en partant du fait qu'en finançant des voitures techniquement beaucoup plus chères (hybrides et électriques), ce sont surtout ceux qui ont de toute façon un pouvoir d'achat plus élevé qui sont aidés.
La solution pratique, selon Luca De Meo, consiste à encourager l'achat de voitures d'occasion, en aidant concrètement les moins fortunés à passer d'une voiture Euro 2 ou 3 à une voiture Euro 6, mais "malheureusement, ce sont des politiques que le régulateur et les pouvoirs publics ont du mal à accepter. Ils se tournent donc toujours vers la nouveauté".
Besoin de plus de bornes de recharge
Pour la voiture électrique, il y a un autre problème qui se pose : celui de l'insuffisance des infrastructures de recharge. "La vérité - explique De Meo - est que, surtout ces derniers mois, le nombre de présentations de voitures électriques par les constructeurs va plus vite que le développement des infrastructures."
Et de rajouter : "Bientôt, nous allons vendre beaucoup de voitures électriques, mais nous ne pourrons pas les recharger. Ce que je demande, c'est une accélération et nous devrons trouver toutes les solutions dans un écosystème, car ce sera un travail d'équipe".
La situation de Renault
Bien entendu, il a également été question du groupe Renault, pour lequel Luca De Meo présentera au début de l'année un nouveau business plan qui suscite pas mal d'inquiétudes en France en raison des licenciements probables. Pour ceux qui parlent italien, l'extrait de l'interview vidéo de De Meo est à retrouver ci-dessous :