L'UE a durci les règles pour mesurer les émissions de CO2 des hybrides rechargeables afin qu'elles correspondent davantage aux situations de conduite réelle, alors que les calculs actuels font la part belle au mode électrique du véhicule.

"Des études montrent des écarts significatifs entre les émissions des hybrides rechargeables en conduite réelle, et celles calculées avec la méthodologie actuelle", a expliqué à l'AFP une porte-parole de la Commission européenne. Un comité d'experts représentant les Vingt-Sept a révisé mardi la réglementation encadrant la certification de ces mesures, "pour garantir qu'elles représentent mieux l'usage réel".

Un nouveau mode de calcul

Le nouveau mode de calcul devrait relever nettement le niveau d'émissions pour certains modèles, au risque de priver constructeurs et acheteurs des aides et subventions dont bénéficient les véhicules dits "propres".

Un éventuel coup dur pour le secteur, alors que les hybrides légères (essence et diesel) connaissent une croissance fulgurante, au point de représenter au premier trimestre 2022 un quart du marché européen, contre 20 % début 2021 (563 000 véhicules, +5,3 % sur un an), selon l'Association des constructeurs européens (ACEA).

La modification concerne notamment la part de la conduite électrique utilisée pour calculer les émissions de CO2 d'un véhicule, par rapport à la part de la conduite essence/diesel. À partir de 2025, cette part de l'électrique sera réduite, et après 2027, le calcul s'alignera sur l'usage réel, sur la base des données collectées à partir des compteurs de consommation de carburant embarqués.

"Pendant des années, les émissions des hybrides rechargeables étaient basées sur des conditions de conduite irréalistes", a observé Anna Krajinska, de l'association Transport&Environment, dénonçant les subventions publiques soutenant ces "faux véhicules électriques".

Des consommations trois fois supérieures à celles annoncées

Selon l'ONG International Council on Clean Transportation (ICCT), les voitures hybrides rechargeables particulières émettent "en condition" réelle trois fois plus de CO2 et consomment trois fois plus de carburant qu'officiellement déclaré.

"Ce mythe de +véhicules à faibles émissions+ est révolu", a salué Anna Krajinska, fustigeant des hybrides "mal conçues, avec de petites batteries, des moteurs électriques faibles, de gros moteurs à combustion et généralement aucune capacité de charge rapide".

Pour nombre d'experts, l'hybride rechargeable cumule les inconvénients des moteurs thermiques (pollution de l'air) et ceux des moteurs électriques (poids et prix élevés à cause des deux motorisations).

Quand elles ne sont pas régulièrement rechargées, ces voitures souffrent d'une consommation très élevée. Mais pour certains conducteurs qui cumulent longues distances sur autoroutes et usage urbain, l'hybride rechargeable reste vu comme une option alternative au diesel, tombé en disgrâce depuis le scandale des moteurs truqués de Volkswagen. (avec AFP)

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