La fusion entre PSA et FCA a redonné de l'élan à Alfa Romeo, et son nouveau PDG, Jean-Philippe Imparato, est à la tête d'une équipe déterminée à donner à la firme au Biscione les produits nécessaire pour être compétitif sur un marché de plus en plus complexe, surtout en ce moment avec une situation géopolitique que l'on peut qualifier de "compliquée".

Au cours des six premiers mois de l'année 2022, Alfa Romeo a déjà vendu le même nombre de voitures que pendant toute l'année 2021, et ce − comme l'a souligné Jean-Philippe Imparato lui-même lors de la présentation des résultats du premier semestre 2022 – malgré le fait que la Giulia et le Stelvio ne sont pas encore électrifiés.

Changement de cap

Tout se passe donc comme prévu, Jean-Philippe Imparato ayant pour mission de faire l'état des lieux tous les six mois en indiquant où en est Alfa Romeo sur sa feuille de route établie jusqu'en 2030. Un plan qui connaîtra son tournant en 2027 : passer de l'absence actuelle d'électriques à une gamme uniquement composée de modèles électrifiés.

Alfa Romeo Stelvio MY 2020
Alfa Romeo Giulia 2016

"Je dois trouver mon bonheur dans le catalogue Stellantis", a expliqué Jean-Philippe Imparato, "en prenant la technologie dont j'ai besoin pour les batteries afin de passer de 0 électrique aujourd'hui à ce que nous devons faire d'ici 2027, sans oublier la dimension logicielle".

Plus que jamais, l'union fait la force chez Stellantis. Pour mieux comprendre comment se porte Alfa Romeo et ce qui bout actuellement dans la marmite, à la fin de la conférence de presse organisée par la marque, une réunion a été organisée entre Jean-Philippe Imparato et plusieurs journalistes, une réunion à laquelle nous avons pu participer.

L'Alfa Romeo Tonale prend un bon départ

"En termes de chiffres, j'ai le même nombre de commandes que l'année dernière, malgré une baisse du marché de 15 %. Le mix de régions et de modèles est le même dans pratiquement tous les pays. Il change peu d'un pays à l'autre. Les marchés passent à 80 % d'électrification et, malgré cela, nous maintenons les volumes."

"En ce qui concerne le Tonale, nous avons livré 1300 voitures en juin et, fin juillet, nous avons reçu 12 000 commandes. Sans compter l'hybride rechargeable, dont les commandes commenceront en novembre. D'ici septembre, la version diesel et la version à conduite à droite pour le marché britannique viendront s'ajouter à ces chiffres."

Alfa Romeo Tonale 1.5 hybrid, la prova su strada

"Les ventes mondiales d'Alfa Romeo se décompose comme ceci : 2/3 sont des Stelvio, 1/3 sont des Giulia. C'est important pour moi car on dit que la berline est morte et je ne suis pas d'accord. Cela fait partie de l'ADN d'Alfa Romeo. Vous pouvez compter sur moi pour toujours avoir une Giulia dans la gamme Alfa Romeo."

La production automobile évolue

"L'usine de Cassino a réduit de moitié le coût industriel des voitures. Pomigliano de 20 %. Je n'ai jamais vu de telles chutes en si peu de temps. La marge ne dépend donc pas seulement du prix des voitures, mais aussi de la productivité des usines. La meilleure réponse pour résister à la complexité est la maîtrise des coûts. C'est un point de sécurité pour moi dans un monde qui va vers la récession."

"L'année dernière, nous avions 23 jantes en alliage différentes. Mais vous ne pouvez pas tout gérer efficacement. On les a divisés par deux. Actuellement, à Cassino, ils passent de 4 000 à 1400 configurations différentes en termes de personnalisation. Le défi ? Fabriquer une belle machine avec 1000 'pièces' différentes dans le catalogue en 2025. Je peux dire que, sur le plan industriel, la bouffée d'oxygène que nous avons donné à l'usine est énorme."

Alfa Romeo, PDG Jean Philippe Imparato à Cassino et Pomigliano
Jean Philippe Imparato à l'usine de Cassino

"Bien entendu, nous avons également travaillé avec les fournisseurs de Cassino et de Pomigliano : nous avons demandé à tout le monde : 'Voulons-nous augmenter la production des voitures dans ces usines ? Nous devons accroître la compétitivité car nous sommes en concurrence avec le monde ! Si nous voulons consolider le plan produit et si nous voulons fabriquer les nouvelles voitures en Italie, nous devons être compétitifs'. Mon discours a été rude, mais c'est difficile pour tout le monde, nous et eux. Et cela a donné des résultats."

Le Brennero ne s'appellera pas Brennero

"Brennero, ce ne sera pas le nom de notre prochain SUV car nous réfléchissons aujourd'hui à la stratégie de dénomination. Nous avons beaucoup d'histoire à respecter et à promouvoir. Nous avons le nom de la voiture en tête et ce ne sera pas Brennero, mais ce sera quelque chose de très respectueux envers l'histoire d'Alfa Romeo."

"Je ne mets pas la photo d'une voiture quatre mois avant son lancement. Nous verrons donc la voiture en 2024. Probablement en mars 2024. Mais je reviendrai vers vous en temps voulu. Je ne veux pas donner de photos et d'aperçus à l'avance."

Illustration Alfa Romeo Brennero
Notre rendu de celui qui ne s'appellera donc pas "Brennero"

L'importance des États-Unis

"Le marché américain pèse 22 à 23 000 voitures, il est donc important. Et il est si important pour nous que la nouvelle Alfa Romeo qui arrivera en 2027 sera développée en Amérique. C'est-à-dire que les personnes travaillant sur cette voiture vivront aux États-Unis. Ce qui ne veut pas dire qu'il y sera produit et qu'il s'agira d'un SUV."

"Je veux l'aérodynamisme d'une berline, l'espace d'un SUV et une vraie sportivité. L'architecture ne sera probablement pas celle d'un SUV classique. Nous devons inventer quelque chose. Nous déciderons de l'architecture à la fin de cette année. Il est évident que nous allons vendre cette Alfa dans le monde entier."

L'électrification arrive, et notamment par Maserati

"Nous travaillerons sur les Giulia et Stelvio millésime 2023 et je reviendrai vers vous fin 2022. Il s'agira de modèles qui feront partie des nouveaux produits en 2023. Je ne peux pas aller plus loin. Nous en reparlerons en novembre."

Alfa Romeo Giulia Facelift
L'Alfa Romeo Giulia restylée déjà aperçue

Le profil type du client Tonale

"Aujourd'hui, sur 100 commandes du Tonale, 27 % sont déjà des clients Alfa Romeo et le reste sont de la conquête. Vous ne pouvez cependant pas tirer de conclusions, car vous devez ajouter les flottes. Ce qui est bien, c'est qu'il n'y a pas que les propriétaires de la première génération de Stelvio ou de Giulietta qui viennent, ils viennent de partout, mais il faut rester humble. Faisons notre travail et voyons en décembre où nous en serons."

Alfa Romeo Tonale 1.5 hybrid, la prova su strada
Alfa Romeo Tonale 1.5 hybrid, la prova su strada

La fin de la personnalisation ?

"La sur-personnalisation est-ce terminée ? Probablement oui. À un moment donné, il faut faire un choix en termes de technologie, de performances, etc... La voiture doit se recharger en 20 minutes, elle doit avoir des batteries de 800V. Elle doit faire le 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes. Pour tout cela, il faut faire un choix : je mise sur le plus fonctionnel et sur les spécifications propres à Alfa Romeo : groupe motopropulseur, unité de puissance, autonomie, logiciel. Et dans le logiciel, je fais des choix."

"Quand on voit le nombre d'aides à la conduite inutilisées et que personne ne comprend, je pense qu'elles sont vraiment inutiles. Nous devons rester concentrés sur les éléments fondamentaux : le design, l'unité de puissance, les logiciels qui apportent un réel soutien et pas seulement un 'look cool'. C'est ce que je fais. Alors peut-être que je dois dire 'au lieu de faire cinq packs optionnels, je vais en faire deux'. Je dois faire des choix."

Alfa Romeo Tonale Veloce - Interni
L'intérieur de l'Alfa Romeo Tonale

Les carburants de synthèse, l'avenir ?

"Ce n'est pas un choix que nous avons fait parce que ce n'est pas industriellement viable. Pour moi, les carburants alternatifs peuvent avoir un impact sur un très petit volume de voitures. Nous devons atteindre le bon niveau de performance et d'autonomie électrique en moins de trois ans. Et nous le ferons."

"La législation est claire, le choix a été fait. Nous devons passer à l'électrique. L'ère du thermique est terminée. Nous n'avons plus d'excuses pour protéger les nouvelles générations du réchauffement climatique actuel. La substitution se fera par de l'électrique, puis peut-être par de l'hydrogène vert."

La production en Chine ?

"Nous ne produirons pas en Chine. Aux États-Unis, la décision n'est pas encore prise. Nous ne le décidons pas au niveau de la marque, mais au niveau du comité industriel."

"Le reste ne fait pas partie des décisions que je prends en tant que marque, même si je dois donner mon avis. Si je dois lancer un modèle dans le segment E, je dois comprendre les marchés cibles et je mets les bons gars au travail pour le faire."