Être invité à essayer une Audi Sport est toujours quelque chose d’enthousiasmant. Surtout quand il s’agit de l’une des dernières voitures aux Anneaux marquée du "S" fonctionnant encore à essence. S4, S5, S6, S7, SQ5, SQ7, autant de modèles qui ont viré leur cuti ces derniers mois au profit du grand méchant diesel. Une manière pourtant bien pratique pour la firme d’Ingolstadt de creuser l’écart entre versions S et RS. Et de faire venir, n’en déplaise aux puristes, ou à ceux qui ont toujours rêver de rouler en "S", plus de clients. Une clientèle de gros rouleurs notamment, à qui la pédale de droite peut parfois démanger.
Sauf que "S" n’est pas encore complètement synonyme de diesel. Le SQ2 embarque un 2.0 TFSI de 300 ch. La future S3 restera à l’essence aussi. Et puis à l’autre bout de la gamme, tout en haut, au sommet, la limousine A8 devient S8 avec le "s" de "sans-plomb". Pourquoi aller sur les petites routes sinueuses de l’arrière-pays de Barcelone pour tester le paquebot aux Anneaux ? Vous allez vite comprendre.

Quatre vraies sorties d’échappement
Commençons par ce qui fâche les amoureux d’Audi depuis quelques temps : les fausses sorties d’échappement. Et bien justement, là où on s’attendait à de nouveaux artifices chromés, nous avons été surpris de voir que les deux doubles canules n’avaient rien d’artificiel et étaient bien reliées aux tubulures. C’est un détail, mais quand même.
De manière générale, cette Audi S8 se fait très discrète esthétiquement. Si tant est qu’une A8 puisse être discrète avec ses presque 5,20 mètres de long. Un monogramme "S8" sur la calandre, une lame et des ouïes chromées à l’avant, des jantes de 20 pouces (21 en option) et bien sûr des rétroviseurs chromés.


Sobriété et confort
Même sobriété, même si toute relative, à l’intérieur avec seulement quelques détails qui viennent rappeler qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle A8. Un logo "S" sur le volant, discret, presque trop, qui aurait pu ajouter un "8" pour personnaliser un peu la chose. Heureusement que les garnitures en fibre de carbone sont là pour rehausser le tout, apportant juste ce qu’il faut d’évocation sportive à cette limousine qui reste avant tout un magnifique salon roulant.

D’ailleurs cette Audi S8 se teste aussi de l’arrière, ce que nous avons fait sur la première cinquantaine de kilomètres de l’essai. Si notre modèle n’est pas équipé des sièges individuels à l’arrière mais d’une banquette, donc pas inclinable ni massante, le vaisseau amiral d’Audi offre quand même un excellent confort pour s’y lover et ne pas voir les kilomètres défiler. Quelques petites attentions participent à cette expérience : le moelleux des coussins sur les appuie-têtes, la tablette amovible intégrée à l’accoudoir central permettant de gérer les rideaux latéraux et arrière, la sono, ou même l’éclairage d’ambiance, voire la lumière du plafonnier à technologie Matrix LED qui permet de gérer la taille et la direction du faisceau lumineux… Le luxe, rien de plus.

"Deux voitures en une"
Et puisque l’on est à l’arrière de cette nouvelle Audi S8, restons-y pour introduire la grosse nouveauté du modèle : la suspension active prédictive. Ou comment transformer cette grosse berline hyper technologique en simple tapis volant. De série sur le modèle, la technologie permet aux suspensions de monter ou descendre chaque roue individuellement sur une plage de 85 mm grâce à des actionneurs électromécaniques. Couplé à une caméra qui détecte les irrégularités de la route, ce système permet d’effacer un dos-d’âne qui viendrait vous barrer le chemin. Pour cela, il faut que vous vous présentiez bien en face de l’obstacle, à une certaine vitesse, évidemment pas trop rapidement. Les conditions ne sont pas toujours réunies, mais quand ça fonctionne, c’est proprement bluffant. Il se crée même un décalage entre votre cerveau qui a bien anticipé le dos-d’âne à venir, et le fait de ne même pas le sentir quand vous passez dessus et ne sentez pas le moindre mouvement de la voiture.

Ce système de suspension pneumatique prédictive sert également à corriger l’assiette de la voiture en virage pour la garder la plus droite possible, ainsi quand vous accélérez ou vous freinez. Et, raffinement supplémentaire, la voiture se lève de 50 mm quand vous ouvrez la portière, pour vous aider à monter ou descendre plus facilement.
En passant à l’avant, il est vrai que le mode Comfort + fait des miracles de douceur. Mais il ne faudrait pas oublier que sous le capot, on retrouve le V8 4.0 TFSI bi-turbo qui officie sur les RS 6 Avant et RS 7. Et qu’on a ici 571 chevaux et 800 Nm de couple. Et qu’on a quand même envie d’écraser la pédale de droite. Sans surprise, on va vite… très vite. 3,8 secondes de 0 à 100 km/h. De quoi effacer une partie des 2,3 tonnes de la bête. Et puis pour effacer une partie des 5,18 mètres de long et 3 mètres d’empattement, il y a les 4 roues directrices qui font passer cette limousine pour plus petite qu’elle n’est. Malgré son gabarit, elle ne fait qu’une bouchée des petites routes sinueuses qui font le tour de l’impressionnant massif montagneux de Montserrat. Pour cela, le mode Dynamic est tout indiqué, permettant de raffermir les suspensions. La voiture enroule les virages avec une facilité déconcertante. Quant à la poussée, si elle est puissante, elle souffre toujours un peu des temps de latence de la boîte Tiptronic à 8 rapports, sauf à jouer des palettes derrière le volant.
Notre essai de cette Audi S8 étant un peu court pour juger des consommations, nos accélérations et relances répétées ne jouant pas en sa faveur, il ne faut pas oublier que le V8 peut également compter sur la technologie Mild Hybrid, qui tend à se généraliser chez Audi, et qui permet en théorie, grâce à la batterie 48 V de baisser la consommation jusqu’à 0,8 l/100 km.

Conclusion
Un rail en ligne droite, un tapis volant sur les irrégularités de la route, un paquebot capable d’accélérations puissantes et une limousine grand luxe, l’Audi S8 a su nous montrer une certaine polyvalence malgré des éléments jouant contre elle, comme le poids et le gabarit. Sans être réellement sportive, elle reste très rapide quelles que soient les circonstances. De quoi aussi laisser de la place à une future S8 Plus, si Audi décide de suivre l'exemple de la génération précédente. Et toujours à défaut de RS 8. Sans avoir encore le tarif exact pour notre marché français, la nouvelle Audi S8 devrait se situer entre 155 et 200'000 euros.

Galerie: Essai Audi S8 (2019)
Audi S8 (2019)