Déjà presque 30 ans que ça dure. Ça a commencé en 1988 avec l’Audi 200 (D1), première limousine équipée d’un V8. Ça a continué avec les générations suivantes, désormais nommées A8. Une structure en aluminium pour la D2 en 1994, des phares LED de jour en 2002 (D3) et les feux Matrix LED en 2010 sur la D4. À chaque nouvelle génération, l’Audi A8 inaugure de nouvelles technologies que l’on retrouve par la suite rapidement sur des modèles plus abordables. Une manière pour l’A8 de réaffirmer l’attachement de la marque aux Anneaux à l’innovation, mais aussi d’imposer son vaisseau amiral sur un segment féru de nouvelles technologies, les nouvelles Mercedes Classe S et BMW Série 7 en font aussi la démonstration à chaque fois.

En cette fin 2017, c’est la nouvelle Audi A8 millésime 2018, la D5, qui se présente à nous. Et pas question de déroger à la règle. Une grosse berline. Imposante. Confortable. Ultra technologique. Connectée. Plus dynamique que jamais. Et qui s’apprécie aussi bien au volant qu’à l’arrière. Pour en faire l’expérience, quoi de mieux que la région de Monaco pour goûter à la fois aux joies d’être conduit par un chauffeur dans les rues de la Principauté, et de voir ce qu’elle a dynamiquement sous le capot sur les routes de l’arrière pays niçois.

Essai Audi A8 (2018)

 

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Le nouveau style Audi

À chaque nouvelle génération d’Audi, de l’A8 a fortiori, on se dit que les designers de la firme d’Ingolstadt ne pourront pas agrandir ni élargir la calandre sur les prochains modèles. C’est bien mal les connaître. Et Marc Lichte, arrivé fin 2013, a réussi à étirer encore un peu celle de la nouvelle génération sur le modèle du concept Prologue de 2014. Une bouche béante, très agressive, que les nouveaux phares, à Matrix LED sur notre version d’essai, viennent épouser par leur forme biseautée.

De profil cette nouvelle A8 arrive à s’affiner visuellement, notamment grâce à ces arches de roues plus grandes qu’auparavant. Malgré une longueur qui prend quelques centimètres par rapport à la précédente génération, 3,7 cm de plus pour atteindre 5,17 mètres. L’empattement reste identique ou presque, à 2,99 m, mais passe à 3,12 m sur l’A8 L qui mesure elle 5,30 m. Quand même.

Essai Audi A8 (2018)
Essai Audi A8 (2018)

Enfin la poupe, c’est peut-être là que la différence est la plus marquée sur cette nouvelle Audi A8. Qui, faut-il le rappeler, inaugure le style de toutes les futures Audi qui débarqueront dans les prochains mois, les prochaines années. Là encore pour affiner le look, les designers ont joué sur l’horizontalité, avec un jonc chromé sur toute la largeur, surmonté d’une fine bande lumineuse. Les sorties d’échappement n’étant plus franchement en odeur de sainteté, l’A8 aussi cède à la mode des fausses sorties, évoquées par des joncs sur le bouclier.

Dernier petit mot sur les feux arrière qui optent pour la technologie Matrix OLED, permettant d’offrir une signature lumineuse inédite, de s’adapter à la luminosité ambiante et surtout, même si ça ne sert à rien, une cinématique d’éclairage quand on ouvre la voiture, avec la bande lumineuse qui s’anime… Gadget, mais ça en jette !

Essai Audi A8 (2018)

Limousine 2.0

Il y a au moins autant de choses à dire sur l’intérieur que sur l’extérieur. Si ce n’est plus, tant il y a de nouveautés. Et d’écrans ! « Classique mais moderne ». Audi ne le cache pas, ce n’est pas la révolution. En revanche, le constructeur allemand reste le roi de la finition exemplaire avec des matériaux luxueux, des agencements parfaits, des couleurs sobres et chaudes, notamment grâce à l’éclairage d’ambiance très discret par sa finesse mais omniprésent, qui peut diffuser 30 couleurs différentes… Deux détails sympas, ces grilles d’aération sur le haut du tableau de bord qui disparaissent quand on ne les utilise pas, et cette bande de noir laqué horizontale dans laquelle pourrait presque s’évanouir l’écran central de 10,1 pouces. Pourquoi "presque" ? Parce que les traces de doigts trahissent sa position ! Et c’est le seul gros défaut que l’on aura trouvé à cet écrin luxueux.

Essai Audi A8 2018
Essai Audi A8 2018

Passons tout de suite aux écrans. Face au conducteur, le premier, le Virtual Cockpit de 12,3 pouces, désormais connu, si ce n’est qu’il est pour la première fois en HD avec une résolution de 1920 x 720 pixels. Il permet de tout afficher, tout voir, d’autant qu’il est surmonté d’un affichage tête-haute.

La console centrale fait disparaître tous les boutons ou presque, et même la molette centrale de la précédente génération, pour laisser place à deux écrans. Le principal, de 10,1 pouces, contrôle la navigation, les médias et autres fonctions du véhicule. Le second, juste en dessous, de 8,6 pouces, s’attache au fonctions de confort de la voiture. Climatisation, sièges chauffants, ventilés ou massants, tout se contrôle d’ici. Avec cette fonction étonnante pour les deux écrans : un retour tactile haptique, c’est-à-dire comme une sensation de clic sur l’écran, un léger retour de force. À l’usage, même si tout est assez intuitif notamment grâce à quelques raccourcis, il faut passer du temps pour découvrir toutes les fonctions, savoir où chacune d’elle se cache. Et quand on est au volant, ce n’est pas toujours facile de savoir où cliquer en gardant les yeux sur la route…

Un tour à l’arrière de cette A8 s’impose évidemment car pour beaucoup, c’est de là que s’appréciera le confort de cette nouvelle grande berline. La place dévolue aux jambes ne paraît pas immense pour une auto d’un tel gabarit. En revanche dans l’A8L, c’est royal. Mais pour l’A8 "normale", une astuce permet au passager arrière droit d’avancer de l’accoudoir central le siège avant droit pour lui laisser de la place. Trois écrans équipent notre Audi A8 : deux tablettes fixées sur les sièges avant, qui peuvent se décrocher, et qui permettent d’avoir accès à toutes les fonctions de l’auto, un concentré des deux écrans avant. Et bien sûr de regarder la TV. Et puis il y a ce dernier petit écran sur l’accoudoir central, que l’on peut aussi décrocher, qui lui aussi permet de tout contrôler, de la radio à la TV, de remonter les stores pour occulter les vitres, de gérer le massage de votre siège, l’inclinaison de celui-ci… C’est le grand luxe, mais finalement rien non plus que nous n’ayons déjà vu ou essayé chez BMW ou Mercedes. Si ce n’est, dès 2018 sur l’A8 L, une nouvelle fonction de massage et chauffage des pieds… Et si c’était ça le comble du luxe ?

Essai Audi A8 2018
Essai Audi A8 2018

Dynamisme à toute épreuve !

On resterait bien à l’arrière mais il est temps de prendre le volant de notre Audi A8 55 TFSI. Non pas pour 5.5 litres, mais pour V6 3.0 turbo  de 340 chevaux. Vous ne voyez pas le rapport ? Nous non plus. Mais c’est pourtant la nouvelle nomenclature d’Audi, il va falloir s’y faire. On vous conseille juste de relire l’explication sur ce lien car ça arrive bientôt sur toute la gamme, dès l’A1 !

Dès les premiers tours de roues, cette nouvelle A8 distille un confort remarquable. Un tapis volant qui se joue des dos d’âne, filtrent les moindres irrégularités de la chaussée… Merci les suspensions pneumatiques adaptatives ! Et comme le V6 se fait particulièrement discret, pour ne pas dire inexistant, à l’oreille, le confort s’en trouve magnifié. Le gabarit imposant donne quand même quelques sueurs froides mais même là Audi a trouvé une parade pour que nos jantes Sport de 20 pouces avant et arrière ne souffrent pas au premier trottoir. Grâce aux innombrables caméras, et à votre écran central, vous pouvez vérifier tout ce qui se passe autour de la voiture. Mais pas seulement avec une vue d’en haut comme ce que l’on trouve désormais chez de nombreux constructeurs. Avec une vue 3D de la voiture ! Elle est reconstituée en temps réel ans son environnement ! Bluffant. Vraiment. Les étroites sorties de parkings seront une formalité !

Essai Audi A8 (2018)

Avec un petit temps de latence entre l’appui de la pédale d’accélérateur et la réaction du moteur, du turbo surtout, la nouvelle A8 se montre surtout bluffante de dynamisme. Sur les petites routes de montagne de l’arrière pays niçois, cette limousine se joue des virages. On choisit le mode de conduite « Dynamique », le moteur répond à la moindre sollicitation du pied droit faisant presque oublier les plus de deux tonnes de l’engin, et l’A8 enroule les virages à vive allure. Les lois de la physique étant ce qu’elles sont, difficiles d’effacer certains mouvements de caisse inhérents au gabarit de l’auto. Le quattro assure une motricité sans failles. Les quatre roues directrices font quant à elles des miracles ! Baptisé Direction Dynamique intégrale, ce système réduit le rayon de braquage, du coup plus court que celui d’une A4 (!), et permet d’enrouler les virages.

Il faut aussi évoquer le nouveau système d’hybridation légère de cette A8 qui opte pour un système  48V pour alimenter tous les éléments technologiques en énergie. Et c’est de série sur toutes les versions. Et si on parle d’hybridation, c’est qu’il permet également à la voiture de couper le moteur dans certaines phases de roulage, et de le relancer. Sans oublier la récupération d’énergie au freinage. Le bénéfice sur les consommations serait de 0,7 l/100 km en moyenne. Nous n’avons pas pu le vérifier.

Un petit mot pour terminer sur la conduite autonome, car cette Audi A8 avec la batterie de capteurs, de radars, de caméras, offre un niveau de conduite autonome de Niveau 3. C’est à dire plus avancé que les législations. Donc le jour où ce sera possible, l’A8 sera déjà prête, et pourra rouler seule jusqu’à 60 km/h. Et c’est la première à atteindre un tel niveau. En attendant, il y a déjà une batterie impressionnante d’aides à la conduite permettant de rouler en semi-autonome. Mais là encore, rien que la concurrence ne fasse pas déjà. Et par rapport aux Mercedes Classe S et Tesla Model S et Model X, il y a même un peu de retard dans le sens où même si la voiture peut suivre toute seule les lignes du sol sur autoroute, et tourner seule, c’est à vous de faire « l’effort » de changer de file quand vous voulez doubler. La bonne nouvelle, c’est que pour éviter trop d’intrusions de ces technologies d’assistance, plus ou moins confortables selon les conditions de circulation, il est possible de choisir parmi plusieurs profils d’assistances, et de les déconnecter.

Essai Audi A8 (2018)

Conclusion

Véritable vitrine technologique et démonstration de ce que les ingénieurs d’Ingolstadt sont capables de faire, cette nouvelle Audi A8 offre des prestations dignes de son rang de limousine premium. Mais à l’envie de rouler dans une voiture qui sait tout faire ou presque, il faut aussi avoir quelques prédispositions « geeks » pour apprécier tout ce qu’il est possible de paramétrer et surtout maitriser son utilisation complète. Ou alors il suffit de se laisser faire puisque l’A8 sait aussi conduire seule. Même si elle n’en a théoriquement pas encore le droit.

Reste que pour pouvoir bénéficier des dernières technologies, il vous faudra quand même débourser à partir de 92’600 € avec le V6 3.0 diesel (A8 50 TDI), et 97’900 € en essence. Notre modèle d’essai, lui, avec la finition Avus Extended (Pack alcantara, les sièges ventilés et massants, les touches de commande haptiques, ou encore le Pack Assistance Route qui inclue l'assistance à l'évitement d'urgence, au changement de direction, au franchissement de ligne avec freinage d'urgence, la reconnaissance des panneaux de signalisation, la conduite adaptative notamment en embouteillage et sur chaussée étroite…), va plutôt chercher dans les 117'600 € !

Après pour le choix entre une Classe S de Mercedes, une BMW Série ou cette nouvelle A8, chacune a ses qualités et ses défauts. Son style aussi. Mais en dynamisme et présentation intérieure, c’est sans doute la limousine aux Anneaux qui vient reprendre la tête !

Photos : Mael Pilven / Motor1.com - Audi

 

 

Points positifs Points négatifs
Confort de limousine Temps de latence à l'accélération                       
Technologie embarquée / Présentation intérieure Léger roulis
Dynamisme avec les 4 roues directrices Trop d'assistances à la conduite ?
 

Galerie: Essai Audi A8 (2018)

Audi A8 55 - V6 3.0 TFSI 340 chevaux Tiptronic

Motorisation Essence TFSI, 6 cylindres en V, 2995 cm³, turbo, injection directe
Puissance 340 chevaux / 500 Nm
0-100 km/h 5,6 secondes
Vitesse de pointe 250 km/h
Transmission Boîte automatique à huit rapports - Tiptronic
Type de transmission Intégrale - quattro
Poids 1920 kg
Volume de coffre 505 litres
Places 5
Economie de carburant Urbain : 10,2 l/100 km / Extra-urbain : 6,3 l/100 km / Mixte : 7,6 l/100 km
En vente 2017
Prix de base 92'600 €
Prix de la version testée 124'350 €