Mercredi 15 mars, Libération a annoncé avoir eu accès à un document à l'origine de l'enquête en cours contre Renault. Selon le quotidien, le constructeur aurait trompé ses clients en truquant certains de ses moteurs diesel, ce que réfute Renault.
Qu'est-ce qui est reproché à Renault ?
Selon le quotidien Libération, qui se serait procuré le document de 39 pages rédigé par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) à l'origine de l'enquête, Renault aurait truqué certains de ses moteurs diesel dans le cadre de l'homologation de ces derniers. Une méthode qui toucherait certaines Clio IV et Captur, ainsi que d'autres modèles de la marque comme le Kadjar.

Renault a immédiatement répliqué, mercredi 15 mars : "Aucun de ses services n’a enfreint les règles, européennes ou nationales, relatives à l’homologation des véhicules. Les véhicules Renault ne sont pas équipés de logiciels de fraude aux dispositifs de dépollution." Néanmoins, le Tribunal de grande instance de Paris a ouvert une enquête. Trois juges d'instruction sont sur l'affaire.
Quelles conséquences pour le client ?
L'enquête est toujours en cours et pour le moment, c'est l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP), qui a déjà enquêté sur l'affaire du Médiator, qui a été saisi. Toujours selon Libération, près de 900'000 véhicules ont pu être commercialisés grâce à ce système, ce qui représente 16,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Si l'on se réfère à l'affaire Volkswagen, Renault devrait procéder à un rappel de tous les véhicules concernés afin de les remettre aux normes. À la charge du constructeur, probablement.
Est-ce la même affaire que Volkswagen ?
Pas vraiment. Le DieselGate a été dénoncé par l'administration américaine, en 2015. Cette affaire Renault, si elle est avérée, fait suite à ce scandale. En effet, suite à ces annonces, Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, avait demandé des enquêtes sur les émissions de nombreuses voitures. Il a été remarqué des écarts importants entre les données et les mesures faites lors de l'enquête. Depuis, le ministère de l'Économie a demandé l'ouverture d'une enquête judiciaire en janvier. C'est donc l'État, actionnaire de Renault, qui est à l'origine de cette enquête.
L'autre différence porte sur le fonctionnement de la hiérarchie de Renault, si condamnation il devait y avoir. En effet, contrairement à Volkswagen, il n'y a pas de délégation de pouvoirs chez Renault. Carlos Ghosn, président, devrait donc porter l'entière responsabilité de toute condamnation. D'autant que la direction, toujours selon Libération, semblait au fait de cet éventuel truquage. L'enquête est toujours en cours, "à charge ou à décharge", selon une source proche de l'enquête.
Si les faits sont avérés que risque Renault ?
Beaucoup moins que Volkswagen et ses 11 millions de voitures touchées. La facture s'est élevée à plus de 20 milliards pour le constructeur allemand, tandis que "seulement" 900'000 voitures semblent touchées pour Renault. Libération évoque une amende à 3,5 milliards d'euros, soit 10% du chiffre d'affaires de la marque. Néanmoins, Renault n'a pas provisionné une éventuelle affaire de ce genre. Questionné en février par Libération justement sur une éventuelle caisse de secours, Carlos Ghosn avait répondu : "Pour quelles raisons ? Nous ne savons pas ce qui nous est reproché."
Un scandale de cet ordre peut-il avoir un effet sur les ventes de la marque ?
Difficile à dire. Le DieselGate pour Volkswagen a été un coup dur financier pour la marque, qui doit encore faire face à plusieurs procès. De plus, énormément engagé en sport automobile, le groupe a arrêté subitement les efforts financiers sur ses programmes sportifs. Ainsi, Audi ne vient plus au Mans, et Volkswagen a arrêté du jour au lendemain sa campagne victorieuse en WRC.
Néanmoins, côté ventes, le groupe Volkswagen n'a jamais été aussi performant. C'est plombé par le DieselGate que le groupe allemand est devenu n°1 mondial. Doit-on s'attendre à une autre réaction de la part du marché européen ? Cela serait problématique pour le losange, qui a actuellement le vent en poupe. Dans tous les cas, une affaire de ce genre reste mauvaise pour l'image d'un constructeur.
Source : Libération, Renault.