1926 - Voici seulement trois ans que les 24 Heures du Mans existent, et déjà, la course mancelle, qui se veut le laboratoire pour les technologies automobiles, rencontre un vrai succès. Auprès du public, mais surtout des marques. Déjà, Lorraine-Dietrich, Peugeot, Bentley, Corre La Licorne s'intéressent de près à cette course. En cette année, le combat s'annonce rude entre Lorraine-Dietrich, avec ses B3-6, et Bentley, avec ses modèles Speed et Sports. Lorraine-Dietrich fait figure de favorite, tandis que Bentley, vainqueur en 1924, veut aussi rééditer l'exploit.

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Premier défi, celui du départ. Outre le départ type Le Mans, qui demande au pilote de courir vers la voiture en traversant la piste, ils doivent démarrer la voiture sans aide extérieure (sans manivelle ou mécanicien) et surtout, recapoter l'auto. En effet, le règlement impose aux pilotes de parcourir les 20 premiers tours capotés. De fait, la course peut se jouer dès le départ, et Lorraine prend un avantage certain, avec un système plus évident que celui des Bentley.

Le Mans 1926

En revanche, une marque se joue de tout le monde, Peugeot. La firme de Sochaux est arrivée avec une auto surprenante, avec des feux rétractables. Au Mans, si vous cassez une pièce de carrosserie : feux, pare-brise… vous êtes éliminé. Aussi, ce système permet de limiter les risques, mais pas tous. Ainsi, la Peugeot, pourtant bien en tête, est disqualifiée au 83e tour, suite à une rupture de montant de pare-brise. L'autre voiture au lion abandonne sur la rupture de son moteur sans soupape.

Fin de course difficile

Dès lors, les Lorraine prennent l'avantage sur les Bentley, et Sammy Davis, sur la voiture anglaise #7, tente de reprendre la tête de course. Avec une victoire, l'honneur est sauf après les abandons des autres Bentley, mais à 20 minutes de la fin de course, le duel s'intensifie. Au point qu'avant d'aborder le virage de Mulsanne, Sammy Davis tente de retarder son freinage pour reprendre la Lorraine de Bloch et Rossignol. Sauf que les freins ne répondent plus.

Le Mans 1926

Davis tente de s'engager dans l'épingle, mais la voiture s'enfonce dans le sable. À 20 minutes de l'arrivée, la course est perdue. La suite va rester dans les mémoires des concurrents britanniques. Le pilote de Lorraine s'arrête alors pour s'assurer que Davis n'est pas blessé. Chose faite, il repart alors, tandis que le public, pourtant acquis à la cause de Lorraine, jette une pelle pour désensabler sa Bentley. Sous les hourras du public, Davis se démène pour libérer sa voiture de l'emprise minérale. En vain.

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Il doit alors rentrer aux stands à pieds. Quelle ne fut pas sa surprise, lorsque, arrivé aux stands, son équipe ne demande pas de ses nouvelles, n'étant pas inquiétée de son absence. A l'époque, la radio n'existe pas, et il est difficile de donner des nouvelles de l'autre bout du circuit. Il apprend de son équipe que le pilote de la Lorraine-Dietrich s'est immédiatement arrêté aux stands Bentley pour donner des nouvelles du pilote et rassurer de son état. L'homme avait pourtant une victoire à assurer !

Le Mans 1926
Le Mans 1926
Le Mans 1926

Journaliste reconnu en Angleterre, Davies fera un article complet sur l'épisode, concluant sobrement que les "pilotes de Lorraine-Dietrich sont les meilleurs adversaires que l'on aurait pu espérer". En Angleterre, cela ne s'est pas oublié, et la légende du Mans se mettait déjà en marche.