Serait-ce la vraie saga de cette saison 2017 de Formule 1 ? Entre les deux équipiers de Force India, la tension est désormais plus que palpable. Il faut dire que les deux pilotes des monoplaces roses, le jeune français Esteban Ocon et l'expérimenté mexicain Sergio Pérez ne voient pas la vie de la même couleur, surtout depuis le Grand Prix de Spa-Francorchamps, disputé dimanche dernier.
Le contentieux dure depuis quelques Grand Prix entre les deux pilotes qui assurent cependant continuer à communiquer. Néanmoins, depuis le Grand Prix du Canada, en juin, où Sergio Pérez avait refuser de laisser passer un Esteban Ocon pas forcément plus rapide que lui en piste, la situation semble s'être envenimée.

À Bakou, en Azerbaïdjan, les deux pilotes se sont accrochés, manquant un podium plus que probable. En voulant dépasser son coéquipier, Ocon avait alors touché son coéquipier, et ce dernier avait heurté le mur. Un contact provoquant des soucis techniques pour les deux pilotes. Depuis, la situation semblait un peu plus calme, mais le double incident de Spa Francorchamps va probablement changer la donne.
L'affaire s'est déroulée en deux parties. Au départ, Ocon et Pérez se sont touché, le second serrant le premier contre le mur, alors qu'ils abordaient le Raidillon. Une manœuvre dangereuse, mais qui peut s'expliquer dans l'ambiance du départ, où avoir un œil sur tout n'est pas forcément simple.
La seconde, aux alentours du trentième tour, est plus polémique. Pérez et Ocon s'accrochant de la même façon, au même endroit. Suite à une attaque du Français sur le Mexicain, les deux pilotes se sont accrochés une nouvelle fois. Pérez crevant puis abandonnant, le Français abîmant son aileron.
Une manœuvre qui n'a pas manqué de faire réagir le pilote français après course. Une colère froide pour le jeune normand : "Le premier incident a commencé au départ", raconte Esteban Ocon. "Je l'accepte, même si je pense qu'il m'a vu dans le rétroviseur, nous étions à trois de front. Je l'accepte même s'il m'a tassé dans le mur, mais le deuxième, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? Il m'a fait risquer ma vie, il a risqué la sienne. Il est censé être un pilote professionnel, mais il ne l'a pas montré aujourd'hui. Je lui dirai la vérité. Je n'aurai pas peur de lui, j'irai lui parler. S'il faut que ce soient des mots d'homme, ça en sera."



"Je reste toujours calme, là je suis encore très calme, dans la voiture je ne l’étais pas, pour une fois. Ce qu’il fait, c’est inacceptable, c’est dangereux. À plus de 300 km/h dans la ligne droite, c’est très dangereux, j’aurais pu m’envoler au premier tour et au deuxième. Il va falloir qu’il se calme sinon ça va mal aller pour lui, je pense."
Selon le Français, il était difficile de faire autrement. "Je ne pouvais rien faire, si je freinais je partais en tête-à-queue", explique-t-il. "Je n’avais qu’à rester au même niveau, on aurait pu rester tous les deux sur le carreau, ce qui lui est arrivé la deuxième fois. il ne faudra pas que ça continue par la suite. J’espère que l’équipe va faire quelque chose pour régler ceci. On essaie d’être l’un devant l’autre mutuellement. Il faudra qu’on rediscute pourquoi il s’est arrêté avant moi. Il ne faut pas que ça se reproduise car on perd beaucoup de points pour l’équipe. J’aurais pu faire septième, le maximum possible, c’étaient de gros points. Au final, je limite la casse, je suis neuvième."

Wolff : "N'importe quoi..."
De son côté, Sergio Pérez a pris la responsabilité du premier accident. Pour le seconde, il estime que son équipier a manqué de patience : "Le deuxième incident, je pense qu'Esteban a été trop optimiste car il n'y avait pas la place pour lui et il avait toute la ligne droite pour passer." "Je suis très déçu de moi aujourd'hui. Je pense que c'est la première fois que je fais quelque chose de mal à ce point, pour le premier incident. Mais le deuxième était évitable, il avait toute la ligne droite pour me dépasser."


"Concernant le second incident, j'ai simplement maintenu ma trajectoire, il n'y avait pas de place pour deux voitures", affirme Pérez. "Il y avait un mur, et il y avait ma voiture. Nous allions forcément nous toucher. C'était inutile, car il aurait pu attendre après Eau Rouge pour réaliser la manœuvre très facilement."
Pas de l'avis en tout cas du patron de Mercedes, Toto Wolff, gestionnaire de la carrière d'Esteban Ocon. Selon Wolff, Pérez n'a pas agit correctement : "Ça va trop loin. Au début, après le départ de la course, l’argument qu’il ne l’a pas vu, on peut l’accepter. Mais après, [la manoeuvre] vers la droite, même si la position d’Esteban ne lui faisait rien, parce que soit il l’aurait doublé en ligne droite, [soit après] l’Eau Rouge… n’importe quoi."


Une situation qui a provoqué la colère de la direction de l'équipe Force India, dont le directeur de l'exploitation, Otmar Szafnauer. "À l'avenir, ils n'auront plus cette opportunité [de se battre]", a-t-il lancé. "Nous les avons laissés se battre jusqu'à présent, mais s'ils ne sont pas capables de le faire d'une façon qui ne nuit pas à l'équipe, nous ne les laisserons plus le faire. Si nous restons quatrièmes, cela ne nous aura rien coûté, mais nous perdons quand même des points."
Suspension possible ?
Pour Esteban Ocon, cette décision est la meilleure pour l'avenir de l'équipe : "Je comprends parfaitement le point de vue d'Otmar", réagit Ocon. "Combien de points avons-nous perdu aujourd'hui à cause de ça ? Nous étions très bien placés. C'était une manœuvre stupide, il n'y avait pas besoin de faire ça."

En cas de nouvel accrochage, cela pourrait même aller plus loin. De là à évoquer la suspension de l'un des pilotes ? "Si ça arrive de nouveau, nous devrons nous y résoudre", répond Otmar Szafnauer, directeur des opérations de Force India, à la question de Motorsport.com. "Nous devrions commencer à réfléchir à qui reste dans la voiture.
"Je suis déçu qu'ils n'aient pas pu résoudre ça, et que l'équipe doive maintenant jouer un rôle de grand frère." Avant le Grand Prix d'Italie, qui aura lieu dès le week-end prochain à Monza, Force India organisera une réunion avec Sergio Pérez et Esteban Ocon pour leur expliquer la nouvelle politique mise en place.