En début d'année, nous vous rapportions la volonté de l'État français de faire fusionner Renault et Nissan, afin de former une seule entité et non un groupe, comme c'est le cas actuellement. Lors des derniers mois, le sujet a été abordé et débattu à de nombreuses reprises entre les parties impliquées. Des tensions sont même nées puisque Renault a clairement avoué une volonté de rapprochement avec Nissan, tandis que l'inverse n'est toujours pas d'actualité, le constructeur japonais refusant d'envisager une fusion.

"On a beaucoup évoqué ces jours-ci cette question de fusion, en faisant en quelque sorte un petit peu peur à tout le monde", a déclaré Jean-Dominique Senard, président de Renault, sur France Inter. "La réalité est plus simple que cela. Chaque entreprise dans le monde, quelle que soit son activité, (...) doit réfléchir au meilleur moyen de se renforcer et, notamment lorsqu'il s’agit d’une alliance, vérifier comment on peut l’optimiser."

Et d'ajouter que l'ampleur prise par la possibilité d'une fusion et par les discussions à ce sujet a été un peu exagérée : "Ces discussions autour d’une fusion capitalistique (...) ont été ressorties récemment un peu de façon dramatique. Je pense que ce n’était pas nécessaire. Je pense que c’est le devoir de toute entreprise de réfléchir à son avenir. Je pense que, dans la suite des événements, tant Renault, que Nissan, que Mitsubishi réfléchiront à ce sujet dans la sérénité."

Nissan a d'autres priorités et dénonce une pression extérieure

Le gouvernement continue de presser l'alliance à réfléchir à une fusion, estimant que la stagnation de la situation ne faisait que nuire à Renault-Nissan, comme l'a expliqué Bruno Le Maire, ministre de l'Économie. Cependant, Jean-Dominique Senard a tenu à exprimer la volonté de Renault de respecter les souhaits de Nissan, et confirmé une nouvelle fois qu'il n'y aurait "pas d’évolution dans l’avenir, quelle qu’elle soit, sans ce respect-là".

Keiko Ihara, une administratrice indépendante qui supervise une possible restructuration de la gouvernance de Nissan, a assuré qu'une fusion n'était pas du tout envisagé du côté japonais : "Nous n'avons pas le temps de ressentir la pression qui semble venir de l'extérieur. Si un nouvel administrateur souhaite faire du rapprochement des deux groupes un sujet de discussion, nous ne sommes pas au courant."

Elle préside aussi un conseil provisoire qui devra créer un conseil de nomination externe, qui sera chargé de remanier très largement l'organigramme de Nissan ainsi que son conseil d'administration. La structure de celui-ci sera revue en profondeur, passant de huit à 11 sièges, tandis que le mode de nomination de ses dirigeants et leur rémunération seront également modifiés. De tels changements laissent pour le moment peu de place à la réflexion au sujet d'une fusion à venir. Il se dit aussi que Fiat Chrysler Automobiles serait en discussion avec l'alliance pour l'intégrer. Si cela venait à se faire, elle deviendrait la plus grosse force industrielle et commerciale du marché de l'automobile.

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