Renault et Fiat Chrysler Automobiles ont annoncé officiellement ce lundi 27 mai un rapprochement effectué en vue d'une fusion entre les deux groupes. Dans les heures qui ont suivi, et comme nous vous le rapportions, Renault a confirmé son intérêt politique et financier pour une telle manœuvre. Si cela se fait, le nouveau groupe formé deviendra la troisième puissance économique dans le monde de l'automobile.

En effet, une telle alliance incorporerait les marques Abarth, Alfa Romeo, Alpine, Chrysler, Dacia, Fiat, Jeep, Lada, Maserati, Renault et Renault Samsung Motors, et potentiellement Infiniti, Mitsubishi et Nissan si une fusion se fait au sein de l'alliance Renault-Nissan. Mais pour le moment, le constructeur japonais s'y oppose fermement via ses administrateurs. Si cela se produisait, l'alliance Renault-FCA-Nissan serait de loin le plus gros mastodonte du secteur automobile.

S'il peut paraître incongru de voir des marques comme Chrysler, Jeep, Dacia et Renault faire partie du même groupe, il est erroné de penser que c'est la première fois que de tels rapprochement se font. En remontant dans l'arbre généalogique de la gamme Renault, on trouve en effet un étonnant Jeep Cherokee, datant des années 80, qui avait même droit à une apparition sur les photos de famille de la marque. Pourquoi ? Tout simplement parce que le moteur diesel du Losange à l'époque avait été utilisé dans le 4x4 américain !

Jeep Cherokee XJ
Jeep Cherokee XJ

Dans les années 60, Renault avait un accord avec AMC, qui s'était étendu avec le rachat de la moitié du capital de la marque américaine dans la décennie suivante. C'est via AMC - alors propriétaire de la marque Jeep - que les Renault 5, Renault 9 et Renault 11 étaient vendues aux États-Unis (ces deux dernières étant respectivement baptisées Alliance et Encore outre-Atlantique). Suite à la faillite de son partenaire, Renault prend les choses en main et s'investit dans la création du modèle suivant de Jeep, afin de participer au sauvetage de la marque malgré la chute d'AMC.

Jeep Cherokee powered by Renault

Le projet XJ débouche sur une nouvelle version du Cherokee, qui prend le relais après pratiquement dix ans de commercialisation pour la première série du 4x4, nommée SJ. Ce Cherokee, appelé aussi Wagoneer dans sa version 5 portes, sort en 1984 et restera commercialisé 16 ans, jusqu'en 2000. C'est un an plus tard, en 1985, qu'il débarque en France, où la seule appellation Cherokee est utilisée pour les deux versions. C'est Renault qui se charge de le distribuer dans l'Hexagone et en Belgique, mais refuse de le distribuer avec les mêmes motorisations que celles vendues en Amérique.

Jeep Cherokee XJ

Le V6 3.8 litres Chevrolet de 111 chevaux passe à la trappe et Renault décide d'utiliser son propre moteur 2.1 litres, turbo diesel, qui développe seulement 85 chevaux, et préfère assurer le coup en gardant aussi le 4 cylindres en ligne AMC de 2.5 litres développant 106 chevaux. Les deux affichent le même couple (132 Nm) mais c'est le diesel qui sera largement plébiscité par le public, le 2.5 litres se cantonnant à des ventes marginales. En 1987, le rachat d'AMC, et donc de Jeep, par Chrysler n'empêche pas Renault de rester importateur du Cherokee en France, en Belgique, et désormais en Espagne et en Italie. Le 'Jeep Cherokee powered by Renault' conserve aussi sa place au catalogue.

La gamme des moteurs subit une importante refonte au pays de l'Oncle Sam puisque le 2.8 litres est remplacé par un moteur à 6 cylindres en ligne de 4.0 litres et 175 chevaux qui est un succès total. Le diesel Renault, importé aux États-Unis, disparaît du catalogue là-bas et restera au programme en Europe jusqu'en 1993. Le contrat d'importation n'est pas renouvelé et le Cherokee perd en même temps sa motorisation française, troquée contre un bloc VM Motori turbo diesel de 2.5 litres et 115 chevaux. Il faudra donc attendre potentiellement 25 ans pour que le lien entre Renault et Jeep soit de nouveau établi, via la fameuse alliance discutée en ce moment.

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