Nous vous rapportions ce matin qu'une première perquisition avait eu lieu en France dans l'affaire Carlos Ghosn, alors que la justice japonaise a demandé aux instances françaises de chercher d'éventuelles correspondances entre l'ex-PDG et un ancien cadre dirigeant de Nissan. Malgré l'accumulation de dossiers et d'accusations, ses avocats ont décidé de répliquer et d'adresser une plainte auprès du groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire initiée par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.
C'est le Journal du Dimanche qui s'est procuré le texte intégral rédigé par François Zimeray et Jessica Finelle, chargés de la défense de l'ancien magnat. Les deux avocats cherchent à dénoncer la persécution subie par Ghosn et, d'après ce texte, "sa privation de liberté par les autorités japonaises". Emprisonné en fin d'année dernière, il était ressorti de prison avant d'y retourner début avril, suite à une nouvelle inculpation pour détournement d'argent. Fin avril, il avait été libéré sous caution, et les avocats dénoncent une fausse liberté, selon eux.
"Depuis le jour de sa première arrestation, théâtralisée publiquement par le parquet japonais dans le seul but de l'humilier, Monsieur Ghosn n'a jamais retrouvé la liberté de se défendre équitablement", ont expliqué Mes Zimeray et Finelle dans cette plainte. "En sorte que la situation actuelle est un continuum de l'incarcération commencée le 19 novembre et dont les abus, dénoncés dans la saisine, n'ont pas cessé."
"Il en va notamment de sa 'remise en liberté' sous caution le 25 avril 2019, assimilable à une assignation à résidence marquée par des contacts très limités avec l'extérieur et par l'interdiction de communiquer avec son épouse, nullement justifiée en droit, traduisant l'intention des autorités japonaises de continuer à isoler et à détruire psychologiquement le suspect pour affaiblir sa capacité à se défendre de manière effective."
Les avocats veulent que Carlos Ghosn retrouve le droit de parler à son épouse Carole, qu'il n'ait plus d'obligation de résider à une adresse approuvée, qu'il ait le droit de se déplacer dans le pays sans autorisation, et que la surveillance de son appartement, mise en place de manière permanente, soit retirée. Enfin, ils souhaitent que l'historique de ses appels téléphoniques, des pages internet consultées et des personnes rencontrées, qui est pour l'instant suivi par la justice japonaise, ne soit plus obligatoire.