Le lundi 27 mai dernier, Renault s'est dit intéressé par la fusion à 50/50 avec le groupe FCA. Selon des sources proches du dossier, un conseil d'administration se tiendra dès la semaine prochaine, afin de valider la fusion ou non des deux groupes. Il y a de grandes chances pour que Renault fusionne avec FCA. Officiellement, le rapprochement des deux groupes permettrait de mutualiser les investissements colossaux à venir. Vous vous posez certainement beaucoup de questions à propos de ce rapprochement ô combien important pour l'industrie automobile. Nous avons sélectionné cinq interrogations majeures auxquelles nous allons tenter de répondre.

Pourquoi une fusion entre Renault et FCA ?

Il existe plusieurs facteurs qui expliqueraient le rapprochement entre Renault et FCA. Déjà, il faut savoir que depuis l'arrestation de Carlos Ghosn, des tensions se sont créées entre Renault et Nissan. La semaine dernière, Renault a proposé à Nissan de fusionner, mais le constructeur japonais a catégoriquement refusé car son poids est supérieur à celui de Renault. Quelques jours après, nous avons appris via des rumeurs que Renault et FCA seraient en négociation pour un éventuel rapprochement. Il s'avère que cette rumeur est vraie, et qu'à défaut de s'unir à 50/50 avec Nissan, Renault avait déjà prévu un plan B en se tournant vers FCA.

Il faut aussi garder en tête que l'automobile est en pleine mutation. Les constructeurs se jettent sur la voiture électrique, mais cela demande des investissements massifs. La voiture autonome et connectée est aussi un autre pilier, qui nécessite des milliards d'euros d'investissement. Selon FCA, les synergies avec Renault permettraient d'économiser 5 milliards d'euros par an sur des postes clés comme les achats, la production et la R&D.

Enfin, il ne faut pas oublier que Renault est très présent en Europe, en Afrique, en Russie et au Moyen-Orient. FCA quant à lui, est champion en Amérique et en Amérique latine. 

Renault deviendra-t-il le premier constructeur mondial ?

Non, Renault ne deviendra pas le premier constructeur mondial, mais le groupe Renault-FCA pourrait bien se positionner en troisième position (avec 8,7 millions de véhicules produits annuellement), dans le classement des plus grands groupes automobiles derrière Volkswagen (10,8 millions de véhicules) et Toyota (10,5 millions de véhicules). Cependant, si cette fusion inclut l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, alors cette nouvelle entité se placerait loin devant tous ses concurrents avec près de 15 millions véhicules produits par an dans le monde !

Qu'en est-il de l'État français ?

L'État français détient 15 % de Renault, mais la fusion avec FCA diluerait ses parts à 7,5 %. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a salué ce rapprochement. En revanche, le ministre a assuré qu'il fera tout en son pouvoir pour protéger l'intérêt français. Il demande à Renault et à FCA de préserver les emplois et les usines en France, que cette fusion se fasse "dans le cadre de l'alliance Renault-Nissan" et que la gouvernance de cette nouvelle entité soit bien représentée côté français. Enfin, il demande que ce nouveau conglomérat participe à la création d'une filière européenne de batteries (en achetant des batteries européennes et non chinoises). 

Nissan peut-il s'opposer à ce rapprochement ?

Nissan détient 15 % des parts de Renault et n'a pas de droits de vote. Si Renault fusionne avec FCA, Nissan ne détiendra plus que 7,5 % des parts, mais il retrouvera son droit de vote. Tous espèrent que Nissan fera partie du deal, et que FCA entre dans l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Nissan est un acteur important, surtout pour FCA, qui n'a pas pied sur le marché asiatique contrairement au Japonais. Mais il reste une question en suspens, à savoir si Nissan peut s'opposer au rapprochement entre Renault et FCA. La réponse serait positive, si Renault avait entamé les négociations avec FCA avec l'accord de Nissan. Or, l'histoire raconte que Nissan "a été écarté" et "qu'il n'a pas été impliqué dans ce dossier". La pilule est dure à avaler pour Nissan, mais cela montre que Renault n'a visiblement pas besoin de l'approbation de Nissan pour fusionner avec FCA.

Qui pour diriger Renault - FCA ?

Pour le mariage de la décennie, une nouvelle entité serait créée et basée aux Pays-Bas. Cette nouvelle structure serait détenue à 50 % par Renault, et à 50 % par FCA. Mais avant, FCA, dont la capitalisation boursière est supérieure à celle de Renault, doit verser 2,5 milliards de dividendes à ses actionnaires pour être sur le même piédestal que le groupe français. Le nouveau "groupe" serait coté à Milan, Paris et New-York, et il serait supervisé par un conseil d'administration comprenant 11 membres. Même si cela n'a pas encore été déterminé, Renault désignerait 4 membres, de même pour FCA, tandis que Nissan n'aurait le droit qu'à un seul siège. Il se dit que ce conseil serait présidé par John Elkann, et que Jean-Dominique Senard sera nommé directeur général.

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