Comme nous vous le rapportions hier, le Conseil d'administration de Renault n'avait pas été capable de prendre une décision mardi au sujet de la proposition de fusion formulée par Fiat, et devait se réunir de nouveau ce mercredi 5 juin en fin de journée pour en discuter. Un communiqué paru au début de la nuit a confirmé qu'aucune décision n'avait été prise "en raison du souhait exprimé par les représentants de l’Etat français de reporter le vote à un Conseil ultérieur".

En effet, l'État est premier actionnaire de Renault et malgré un avis positif au sujet de la fusion, il voulait prendre en compte un maximum de facteurs pour décider de l'avenir de ce potentiel nouveau géant du secteur automobile, comme l'avait expliqué Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances : "Prenons le temps, pour faire les choses bien. C'est une opération de grande ampleur. Depuis le début, FCA a mis une pression énorme sur le timing et a essayé de nous pousser à prendre ou à laisser. Nous avons clairement indiqué que nous ne serions pas soumis à une telle pression", avait-il déclaré, appelant le Losange à ne pas tomber dans la "précipitation".

Une prudence qui n'a visiblement pas été du goût de Fiat Chrysler Automobiles, qui a annoncé dans la nuit le retrait de son offre de fusion. Le Conseil d'administration de FCA, présidé par John Elkann, s'est en effet réuni après le nouveau report de décision de Renault et a annulé "avec effet immédiat" sa proposition de fusion initialement formulée auprès du Groupe Renault, visiblement inquiet de la prudence du camp français.

"FCA reste fermement convaincu du raisonnement évident d'une proposition qui a été largement appréciée depuis qu'elle a été soumise, et dont la structure et les termes ont été clairement étudiés pour offrir des bénéfices substantiels à toutes les parties", a déclaré FCA dans un communiqué. "Cependant, il est devenu clair que les conditions politiques en France n'existent pas actuellement pour permettre d'y parvenir de manière réussie."

L'équation comprenait également la présence de Nissan, qui ne voulait pas entendre parler d'une fusion avec Renault, et que l'État français ne voulait pas froisser en se tournant rapidement vers Fiat Chrysler Automobiles. Le constructeur japonais s'était montré ouvert à laisser une place à FCA autour de Renault, sans que cela ne vienne affecter l'alliance Renault-Nissan, montée il y a 20 ans. De son côté, le cabinet de Bruno Le Maire a déclaré qu'il était "difficile de comprendre pourquoi FCA avait décidé de se rétracter maintenant de manière si précipitée."

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