En début d'année, une loi contre le gaspillage et visant à favoriser l'économie circulaire a été votée. Comme le rapportent nos confrères du Point, elle comporte également un article visant à obliger l'État, les collectivités territoriales et leurs opérateurs à utiliser des pneus rechapés. Cela concerne les véhicules officiels du gouvernement, mais aussi les véhicules publics utilisés par la police, les mairies et le SAMU.

"Le rechapage est une opération de reconditionnement", explique Cyrille Roget, responsable communication scientifique de Michelin. "Si vous cassez la vitre de votre téléphone portable aujourd'hui, on peut vous la remplacer par une vitre neuve. Le rechapage consiste, quand le pneu est usé et qu'on a utilisé toute la bande de roulement extérieure qui sert aux performances d'adhérence au sol, à la remplacer par une bande neuve. Un pneu rechapé permet de faire 70 % d'économies de matières premières et 30 % d'économies sur les émissions de CO2."

"Concrètement, c'est 35 kilos de CO2 en moins par pneu. La commande publique correspond à environ 200 000 véhicules légers. Si une rotation se fait tous les deux ans et demi, on parle de 320 000 pneus par an, calcule Jean-Baptiste Pieret, PDG de la PME Black Star. Avec la nouvelle loi, on économise donc 11 000 tonnes de CO2 par an, c'est-à-dire l'équivalent de deux tours Eiffel !"

Cette économie de matière première permettra aussi de moins produire de déchets, puisque la gomme qui compose les pneumatiques peut mettre jusqu'à 400 ans à se dégrader entièrement. Le secteur de production des pneumatiques est l'un de ceux qui produit le plus de déchets en France, et c'est pour ça que l'article 60 a été intégré à la loi sur l'économie circulaire.

Et si Michelin est déjà positionné sur le secteur des pneus rechapés, uniquement pour les entreprises et collectivités. Cyrille Roget est conscient des bienfaits de cette loi et envisage même que la marque française leader revienne sur le secteur des pneumatiques rechapés pour particuliers.

"La loi sur l'économie circulaire va aider à promouvoir une solution plus économique et plus environnementale pour les collectivités et les administrations. Le rechapage fait partie intégrante de notre stratégie de l'économie circulaire. On ne peut pas être absent du reconditionnement des pneus tourisme. C'est le marché le plus important", conclut-il.

Une ouverture pour la PME Black Star

Cette loi pourrait également profiter à une autre entreprise française, nommée Black Star, qui est l'un des derniers industriels du rechapage en France, après que de nombreuses petites entreprises ont été contraintes de fermer, concurrencée par des pneumatiques bas de gamme neufs. Ce nouveau marché qui s'ouvre pourrait permettre à l'entreprise créée en 1979, et qui peut fabriquer plus de 300'000 pneus rechapés par an, de se refaire une place dans cette industrie. Il décrit l'activité de son entreprise et la manière dont les pneus sont récupérés auprès d'autres garages et remis en état dans ses ateliers.

"Nous sommes le dernier industriel en France qui fabrique des pneus rechapés pour les véhicules légers de Monsieur et Madame Tout-le-Monde, et également les utilitaires pour les artisans et collectivités", explique Jean-Baptiste Pieret, le nouveau PDG de Black Star.

"Nous recyclons des pneus usés dont la carcasse est restée saine, poursuit Jean-Baptiste Pieret. La bande de roulement et les flancs vont être recyclés pour donner une nouvelle vie au pneumatique, sans altérer ni la sécurité ni l'efficacité. La carcasse ne doit pas être perforée et avoir un minimum de profil, les flancs ne doivent pas être craquelés. Le pneu passe ensuite dans des presses, pour une cuisson de 30 à 50 minutes, jusqu'à 160 degrés."

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