Cela faisait déjà quelque temps que la France voulait s'emparer du fameux dossier "batterie". Les choses viennent de s'accélérer avec l'officialisation de la création d'une co-entreprise entre le groupe PSA et Total (par l'intermédiaire de sa filiale SAFT). Cette entreprise, baptisée ACC (Automotive Cells Company), aura pour but de produire des batteries pour les véhicules électriques en Europe.

Cette dernière aura pour Directeur Général Yann Vincent, l'actuel Directeur Industriel de PSA. SAFT place son Président, Ghislain Lescuyer comme Président du Conseil d’Administration de la nouvelle co-entreprise.

Carlos Tavares, le Président du Directoire du groupe PSA déclare : "La construction d’un consortium européen de la batterie que nous appelions de nos vœux est aujourd’hui une réalité. Je tiens à saluer l’engagement des équipes Total/Saft et PSA/Opel qui ont permis que ce projet se concrétise. Cette nouvelle étape s’inscrit en cohérence avec notre raison d’être : « offrir aux citoyens une mobilité propre, sûre et abordable » et donne au Groupe PSA un avantage compétitif dans un contexte de développement des ventes de véhicules électriques. ACC fait progresser le Groupe PSA sur le chemin de sa neutralité carbone".

Si les deux parties à l'origine de cette co-entreprise en sont même allées jusqu'à reprendre le terme de "Gigafactory", en référence aux usines du géant américain Tesla, cette usine a aussi pour but de réduire la dépendance à l'Asie qui, aujourd'hui, fabrique la plupart des batteries des voitures électriques en circulation.

La co-entreprise supervise d'ores et déjà le projet pilote à Nersac, qui va servir de rampe de lancement avant la création de deux grandes usines de batteries en Europe. L'une se situera en France, à Douvrin tandis que l'autre s'installera du côté de Kaiserslautern en Allemagne. Le site de Douvrin est symbolique du changement qui s’opère puisque cette usine de la Française de Mécanique, créé en 1969, assemble aujourd’hui des moteurs essence et diesel pour le groupe PSA.

L'entreprise a déjà fixé ses objectifs : "Développer une capacité de production indispensable pour accompagner la croissance de la demande de véhicules électriques sur un marché européen estimé à 400 GWh de batteries à l’horizon 2030, soit 15 fois le marché actuel" et "assurer l’indépendance industrielle de l’Europe tant pour la conception que la fabrication des batteries avec une capacité de 8 GWh dans un premier temps pour atteindre à l’horizon 2030 une capacité cumulée de 48 GWh sur l’ensemble des deux sites. Cela correspondra à la production de 1 million de véhicules électriques par an, soit plus de 10% du marché européen."

Est-ce que ces deux usines seront suffisantes pour réduire la dépendance à l'Asie ? De prime abord pas vraiment, puisque sur les 300 GWh de véhicules électriques estimés en 2030 sur le marché européen, l'ACC vise 48 GWh de batteries à cette date.