Un an après la fusion entre PSA et FCA, Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, s'exprime sur le présent et l'avenir du groupe, ainsi que sur le monde de l'automobile en général.
Les stratégies, les difficultés dues à la pandémie, la pénurie de semi-conducteurs et les choix politiques pas toujours (ou presque jamais) en ligne avec les besoins réels de l'industrie, mais aussi les plans pour l'avenir, ses relations avec John Elkann et son style de vie personnel, Carlos Tavares s'est confié dans les colonnes de nos confrères italiens du Corriere della Sera.
Une bonne première année pour Stellantis
Le PDG de Stellantis se dit satisfait du chemin parcouru jusqu'à présent, surtout si l'on considère tous les défis que le groupe a dû relever depuis les premiers jours de sa création.
En premier lieu, il y a bien évidemment eu la pandémie, suivie de la pénurie des semi-conducteurs et des matières premières, sans oublier la politique d'électrification que Carlos Tavares juge parfois trop stricts. Selon le dirigeant portugais, le groupe est bien sorti de la crise et peut travailler avec un certain optimisme sur le plan industriel dont la stratégie sera présentée au mois de mars prochain.
Aller de l'avant avec la "stratégie de la valeur"
Carlos Tavares défend également ce qu'il appelle la "stratégie de la valeur", c'est-à-dire le fait de s'être concentré et de continuer à se concentrer à l'avenir sur la qualité des produits plutôt que sur leur quantité, même si cela implique une légère augmentation des prix. C'est une stratégie que Carlos Tavares a déjà employé en 2014 chez PSA en faisant monter Peugeot en gamme.
Une démarche qui a porté ses fruits au regard de l'évolution des ventes du groupe PSA. Néanmoins, pour le patron de Stellantis, le risque, c'est que les voitures électriques deviennent inaccessibles pour la classe moyenne : "En réduisant nos coûts, nous pouvons travailler sur les prix, mais nous ne pouvons pas faire grand-chose sur les technologies, notamment celles liées aux voitures électriques qui sont 50 % plus chères que les voitures thermiques."
L'électrification massive ? Une erreur de l'UE
Carlos Tavares ne cache pas que les objectifs fixés par l'Union européenne en matière de décarbonisation, qui conduiront Peugeot, Opel et Fiat à ne vendre que des voitures électriques d'ici 2030, sont des choix dictés par des politiques qui ne respectent pas le calendrier l'industriel. Carlos Tavares se dit néanmoins prêt à "jouer" avec les cartes qui lui sont distribuées et donc à tirer le meilleur des "facteurs qui lui sont donnés, ou imposés".
Toutefois, il réaffirme que des méthodes moins coûteuses et plus rapides pourraient être utilisées pour réduire les émissions de CO2. Selon lui, celles choisies ne permettent pas aux constructeurs de prendre le temps de développer et de réfléchir aux bonnes solutions.
Le risque de perdre la classe moyenne
L'approche européenne, selon Carlos Tavares, est trop risquée, car elle consiste à concentrer les efforts industriels sur la limitation des coûts élevés de production des voitures électriques, qui, comme il l'a dit, sont 50 % plus élevés par rapport à ceux des voitures thermiques.
Cela signifie que la productivité devrait être augmentée d'environ 10 % par an, contre 2 à 3 % actuellement. Les résultats pourraient être catastrophiques, certains constructeurs ne pourraient pas suivre le rythme, tandis qu'une partie de la clientèle n'aura tout simplement plus les moyens d'acheter une voiture neuve. Le résultat de cette politique, selon Carlos Tavares, sera visible d'ici quelques années, lorsque les impacts sociaux et environnementaux de cette électrification massive seront connus.