Stellantis pourrait à terme ne plus produire de voitures en Chine, selon la tournure que prennent ses négociations avec ses partenaires locaux, a averti lundi son directeur général Carlos Tavares au Mondial de l'automobile.

Le groupe franco-italo-américain a déjà mis fin à la coentreprise qui produisait ses SUV Jeep en Chine, faute d'avoir réussi à y prendre une part majoritaire. Stellantis discute actuellement avec son partenaire Dongfeng du futur de Peugeot et Citroën sur le premier marché mondial, où le groupe n'a jamais réussi à percer, alors que Volkswagen y a vendu plus de 3 millions de voitures en 2021.

Une stratégie à revoir de fond en comble ?

"Notre stratégie d'actifs légers anticipe sur l'éventualité de tensions géopolitiques", a indiqué Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, lors d'une table-ronde avec des journalistes.

"Ça fait plusieurs fois qu'on se fait éjecter d'un pays quand des sanctions occidentales sont imposées (...) Est-ce qu'on a la certitude que la stabilité des relations entre la Chine et le monde est garantie ?", a-t-il lancé, quelques mois après la montée des tensions entre la République populaire et Taïwan.

Jeep, qui est en cours d'électrification, devait être une des principales pistes de développement en Chine pour le groupe aux quatorze marques, qui y vise 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2030.

"Nous continuons à vendre de manière très rentable des véhicules Jeep et Alfa Romeo fabriqués hors de Chine", a indiqué Carlos Tavares, n'excluant pas la possibilité que Peugeot et Citroën ne prennent aussi la porte. "Si on va au bout de notre stratégie, nous n'avons pas besoin d'usines en Chine. Dans un monde où le contexte se tend, nous n'avons pas besoin d'y créer des vulnérabilités", a souligné le dirigeant.

Des différences de traitement

Le Mondial de l'automobile s'est ouvert lundi à Paris en l'absence de nombreux constructeurs allemands ou japonais, mais avec de nombreux groupes asiatiques aux côtés des Français. Des marques chinoises comme Ora et BYD ou vietnamiennes comme VinFast cherchent à percer en Europe avec des voitures électriques aux tarifs avantageux.

"Il y a devant les constructeurs chinois un tapis rouge en Europe, et ce n'est pas comme ça que nous sommes reçus en Chine", a accusé Carlos Tavares. "Les taxes à l'importation des véhicules en provenance de Chine devraient être symétriques à celles qui sont appliquées aux véhicules occidentaux en Chine", a-t-il ajouté.

"On est dans un monde qui se fragmente, les États cherchant à établir des bulles", a analysé Carlos Tavares. "Si on pense que dans quelque temps ces bulles vont se refermer, il faudra que l'on vende en Europe les véhicules fabriqués en Europe. On va s'adapter", a-t-il poursuivi. (avec AFP)