Ce lundi, le Groupe Renault a annoncé la cession de 100 % des parts qu'il détenait dans Renault Russie à la ville de Moscou, et de sa participation de 67,69 % dans AvtoVAZ au NAMI (Institut central de recherche et de développement des automobiles et des moteurs).
Renault a toutefois précisé qu'il garderait l'option de racheter ses parts pendant six ans. Cette annonce intervient alors que le marché automobile russe s'est effondré de près de 80 % en avril.
"Le Conseil d'administration de Renault Group a approuvé à l'unanimité la signature des accords pour céder 100 % des parts de Renault Group dans Renault Russie à la ville de Moscou et sa participation de 67,69 % dans AvtoVAZ à NAMI (l'Institut central de recherche et de développement des automobiles et des moteurs)", a indiqué Renault dans un communiqué, sans confirmer aucun montant.
Fin avril, la Russie a déclaré que Renault transférerait sa participation de 68 % dans AvtoVAZ, le premier constructeur automobile du pays, à un institut de recherche automobile pour un rouble symbolique. Le groupe au losange a toujours refusé de commenter ce scénario. "L'accord prévoit une option de rachat par Renault Group de sa participation dans AvtoVAZ, exerçable à certaines périodes au cours des 6 prochaines années", ajoute-t-il.
"Aujourd'hui, nous avons pris une décision difficile mais nécessaire ; et nous faisons un choix responsable envers nos 45 000 salariés en Russie, tout en préservant la performance du Groupe et notre aptitude à revenir dans le pays à l'avenir, dans un contexte différent", déclare le directeur général de Renault, Luca de Meo, dans le communiqué.
AvtoVAZ s'est dit dès fin mars prêt à poursuivre seul son chemin après la décision de Renault de suspendre ses activités en Russie, alors que les autorités russes se penchaient sur l'avenir de son usine moscovite. Constructeur occidental le plus exposé au marché russe, Renault avait déclaré envisager de passer une charge de 2,2 milliards d'euros au premier semestre pour déprécier ses actifs en Russie.
Cette annonce intervient alors que les ventes de voitures neuves ont continué de s'écrouler en Russie en avril, fondant de 78,5 % sur un an, sous l'effet d'une forte inflation et des lourdes sanctions occidentales contre Moscou pour son offensive en Ukraine.
Au mois d'avril, 32 706 véhicules légers neufs ont été vendus, selon les chiffres publiés par l'Association of European Businesses (AEB), qui regroupe les industriels du secteur. Par rapport à mars, premier mois de l'effondrement, il s'agit d'une baisse de 40 %. Face à cette situation sans précédent, l'AEB a cessé de commenter les chiffres publiés tous les mois.
Les pays occidentaux ont imposé de lourdes sanctions à ce secteur, bannissant notamment les exportations de pièces détachées vers la Russie. De nombreux producteurs ont annoncé en outre l'arrêt de la vente de composants ou de voitures à la Russie, à l'instar d'Audi, Honda, Jaguar ou Porsche. D'autres ont annoncé l'arrêt de la production, comme Renault, BMW, Ford, Hyundai, Mercedes, Volkswagen ou Volvo.
L'inflation et l'instabilité du rouble ont également réduit les possibilités pour les Russes d'acheter des produits importés, à fortiori des voitures. Le premier producteur de voitures en Russie, AvtoVAZ (groupe Renault-Nissan), a envoyé ses employés en congés payés pour trois semaines en avril, arrêtant la majeure partie de sa production.
Les sanctions annoncées sonnent le glas des investissements massifs effectués par les grands constructeurs automobiles mondiaux en Russie en période de croissance, dans les années 2000. En mai, la Russie a publié une liste d'une centaine de catégories de marchandises dont l'importation sans l'accord des détenteurs de la propriété intellectuelle est autorisée afin de contourner les restrictions. Parmi ces produits, l'on trouve notamment les grandes marques automobiles et les pièces détachées. (avec AFP et Reuters)