La Commission européenne souhaite interdire la vente de tout modèle équipé d'un moteur thermique, essence, diesel ou hybride d'ici à 2035.
Mais selon plusieurs spécialistes du secteur, cette stratégie est aujourd'hui beaucoup trop agressive et brutale. Certains − comme Luca de Meo, le patron de Renault − affirment même que cette mesure pourrait avoir un impact négatif sur l'environnement.
Plusieurs défis sont encore à relever
Lors du sommet "Future of the Car" organisé par le Financial Times, Luca de Meo a expliqué "qu'un passage trop rapide à la voiture électrique n'est probablement pas la solution pour sauver la planète". Selon le dirigeant italien, "concentrer tout l'investissement sur la voiture électrique couperait les investissements concernant les motorisations thermiques, des moteurs thermiques qui pourraient devenir de moins en moins polluants en continuant d'investir dans leur développement".
"La première chose que je veux dire, c'est que Renault est évidemment très engagé en ce qui concerne la voiture électrique", a déclaré Luca de Meo. "Nous avons commencé très tôt, et nous continuons à croire que les voitures électriques, et peut-être hydrogènes, peuvent être une bonne solution pour certaines applications. Mais si vous regardez les chiffres, il est évident que les ventes de moteurs thermiques n'ont pas encore atteint leur apogée. Il y a des défis à relever, d'un point de vue sociétal, financier et écologique, qui doivent aussi être pris en compte."
Des craintes partagées
Luca De Meo n'est pas le premier dirigeant à exprimer ses craintes concernant une transition trop rapide vers les véhicules électriques. Récemment, Herbert Diess, le PDG du groupe Volkswagen, a déclaré qu'il était probablement trop tôt pour que l'industrie passe entièrement à l'électrique. Dans un discours prononcé lors du même sommet, il a déclaré que la demande existe, mais que l'infrastructure nécessaire à la fabrication et à l'exploitation des voitures électriques n'est pas encore prête.
Oliver Zipse, le PDG du groupe BMW, n'est pas non plus partisan d'une interdiction trop rapide des moteurs thermiques. Selon lui, stopper les ventes de modèles thermiques trop tôt nuirait à BMW, mais aussi aux autres constructeurs automobiles allemands et n'aiderait "ni le climat ni personne".
L'autre problème souligné par Luca de Meo, c'est l'équilibre des prix entre un modèle thermique et un modèle électrique. D'ici 2025, un même modèle, qu'il soit essence, diesel ou électrique, devait s'afficher au même prix avec la démocratisation de l'électrique. Mais selon le dirigeant de la firme au losange, l'inflation des matières premières pourrait rebattre les cartes.